Mon beau miroir

© KAREL DUERINCKX

On fait dire aux défilés bien des choses. Prenez l’homme de l’hiver 20-21, qui s’est pavané sur les podiums de Milan et Paris ces dernières semaines. Ayant rangé au placard ses hoodies et pantalons streetwear, il arborait son statut de mâle, affublé d’un costume, ce basique signant son retour. Mais rien de macho pour autant. Le dandy d’aujourd’hui mise sur la fluidité des matières, le glam’ et une certaine féminité. Il n’en aura pas fallu plus pour que d’aucuns voient dans ce come-back la volonté des messieurs d’assumer à nouveau leur statut de mec, plutôt mis en veilleuse dans le sillage du #metoo. Un gars donc, mais plus doux, plus raffiné, moins cliché. Les Fashion Weeks ont ainsi célébré l’anti-Weinstein… dont le procès s’est ouvert ce mois-ci. Un coup prémédité ? Pas sûr. Mais une illustration évidente de l’air du temps. Car bien que la mode puisse paraître futile, aux yeux du globe et de ce qui s’y trame, elle n’en est pas moins un beau miroir des vents contraires qui l’animent. Et une jolie tribune pour faire passer entre les fils des avis engagés. Si la Camera della moda et le British Fashion Council ont, en ce mois de janvier, mis sur pied des événements autour des créateurs brit’ dans la capitale lombarde, n’y voyez pas un hasard.  » C’est un message que nous envoyons en plein Brexit : nous voulons que nos pays continuent à collaborer « , explique Carlo Capasa, le président de la Chambre italienne. Une façon de rappeler que la création n’a pas de frontières. Et que le partage d’idées, par-delà le divorce annoncé, ne doit jamais s’essouffler.

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