Parfum d’éden

© KAREL DUERINCKX

Une vingtaine de ces flacons verdoyants trônent encore, vides, près de sa baignoire. Les yeux fermés, je peux me remémorer les effluves qui émanaient de la pièce lorsque ma maman vaporisait cet Eden de Cacharel qui la suivit toute mon enfance. Elle m’a récemment avoué que, ayant désormais d’autres fragrances dans sa trousse, elle continue à glisser quelques gouttes de ce jus floral dans son cou lorsqu’elle voit ses petits-enfants. Ce bouquet, c’est le sien, pour nous, et pour toujours.

C’est que le parfum d’une mère est plus qu’un détail coquet. C’est même une madeleine particulièrement puissante. Car ce nuage immatériel évoque avant tout des moments de bonheur, ceux de la salle de bains familiale partagée, d’une fête où chacun s’était pomponné, d’un tendre baiser à la table du déjeuner… Il y a derrière cette odeur le souvenir d’une femme heureuse. Cette réminiscence ne peut laisser indifférent… et permet aux grands sillages de traverser le temps. C’est le cas du N°5 de Chanel, qui célèbre ses 100 ans, et dont l’aura reste pour beaucoup empreinte d’images maternelles. « Sa longévité tient à son mystère, estime le parfumeur de la maison, Olivier Polge, dans nos pages. A cette abstraction qui permet à chaque personne qui le découvre de le ressentir à sa manière. » Une façon de dire aussi que chaque enfant percevra de cette senteur ce qu’il voudra en retenir.

En ce 9 mai, lorsque nous ne pourrons probablement pas encore embrasser nos mamans pour leur fête, prenons donc le temps de respirer à pleins poumons ce halo tant aimé. Le mien m’emmènera vers l’éden…

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