Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Comment faire d’un repas de fête un moment de raffinement trendy… sans stress ? Voici, pour assurer en hôtes cool’n’chic, une mine de bonnes idées.

Mais comment donc, quand on reçoit pour les fêtes de fin d’année, rester cool, imaginatif et chic ? Weekend a fait appel à deux pros très astucieux. Line Couvreur donne des cours de cuisine dans le beau loft qu’elle possède à Saint-Gilles. Son  » Grand Bluff  » est très demandé : il s’agit de préparer un repas simple, rapide et accessible à tous… dont l’objectif est d’éblouir vos invités. Un concept dont la  » kitchenénette  » – comme d’aucuns l’appellent – s’est inspirée pour composer son menu festif. Guillaume Joubin, lui, est le sommelier de A Bout de Soufre, à Saint-Gilles aussi. Il a travaillé pour les chefs étoilés Marc Veyrat à Megève et Olivier Roellinger à Cancale. Il a aussi été sommelier de l’Elysée pendant le second mandat de Jacques Chirac…

Un menu tout en nuances.  » Mon souci principal, dans l’élaboration d’un menu de fête à rallonges, c’est de rester léger, martèle Line. Il faut entretenir la fraîcheur des mets jusqu’au bout afin d’être au service de l’appétit.  » La mise en bouche ? Un ceviche de daurade. Le poisson cru répond parfaitement à cet impératif de légèreté mais il titille aussi la curiosité de bien des convives pour la world food.  » Ma gourmandise me pousse vers les recettes exotiques mais je les dévie toujours un rien. Ici, je contrecarre l’acidité du citron vert par les mûres. Il n’y a pas mieux pour réveiller les papilles de leur torpeur.  »

Pour enchaîner, Line suggère une soupe de pommes de terre au miso blanc Saint-Jacques au sel. Cette préparation est exemplative de son style 100 % décontracté.  » Dans tout le menu, j’inclus des produits labellisés fête : Saint-Jacques, foie gras… Mais ils sont toujours présentés sous forme de touche… histoire de ne pas grever le budget. Dans cette recette, il y a une seule Saint-Jacques par personne.  » A noter aussi :  » Difficile de cuire des Saint-Jacques comme il le faut. Or, il est crucial de maîtriser la cuisson pour obtenir une bonne texture. Pour cette raison, je préconise une cuisson au sel qui ne commande pas d’être rivé devant les fourneaux.  » Sans oublier de parsemer le plat de notes exotiques. La bonite, par exemple, ce poisson que l’on trouve sous forme de copeaux dans les épiceries japonaises et qui confère une note fumée et iodée aux mets.

Préparés à l’avance, Les Won Ton de foie gras, eux, ne nécessitent qu’une cuisson de quelques minutes à l’eau bouillante.  » Je préfère éviter toutes les cuissons agressives qui entraînent taches et odeurs désagréables.  » Avec ces ravioles chinoises, on reste dans un esprit exotique et léger parsemé de la touche chic que constitue le foie gras.  » Pour parfaire la présentation, je conseille de se procurer une mangue thaïe : elle offre le meilleur équilibre sucre-acidité. « 

Avec sa joue de b£uf confite aux épices, Line surprend.  » Après avoir servi des plats simples et rapides, il faut également montrer aux invités qu’on les materne. La joue est un plat de grand-mère, une de ces préparations mijotées qui font chaud au c£ur et elle permet d’être serein au moment du dîner puisqu’il n’y a plus qu’à réchauffer.  » Le plus ? Cette spécialité, cuite dans du vin avec des épices, répand une délicieuse odeur festive dans toute la maison. Et pour atténuer la rusticité de la recette, Line la propose avec une salsa à l’orange. Un mélange cuit et cru à la fois graphique et savoureux.

Pour le dessert, Line a voulu rendre hommage à Laurent Gerbaud, le chocolatier belge qui monte. Avec son chocolat aux piments doux, elle confectionne un délicieux moelleux.  » Là aussi, j’ai réduit au maximum les difficultés : on insère au c£ur de la préparation un vrai morceau de chocolat qui va fondre au four pour constituer le moelleux.  » Une dernière astuce signée Line ?  » Je sers mes desserts au chocolat avec une liqueur de vieux garçon au Pisco : un mélange de fruits frais mariné dans l’alcool pendant trois mois dans un bocal hermétique. Au final, c’est une note légère et fruitée qui rappelle l’été, un vrai bonheur. « 

Des vins sur mesure. Le credo de Guillaume ?  » Je recherche des vins originaux qui échappent aux standards habituels. La plupart de ces vins sont nature, cela veut dire qu’ils sont élaborés avec des levures indigènes et un minimum de soufre. Du coup, on peut faire la fête plus longtemps. Ces vins sont vivants, ils ne fatiguent pas.  »

Pour accompagner la daurade : deux propositions, en fonction du budget. Le champagne Drapier Brut Nature offre une belle explosion de bulle tout en légèreté. Quant à la méthode champenoise Format Raisin, elle se repose sur le terroir calcaire de Mont-Louis en Touraine.  » Ces bulles-là sont une petite merveille, un vin d’auteur signé par Elise Brignot dont c’est le deuxième millésime. « 

Avec la soupe au miso blanc et les Won Ton, l’expert laisse également le choix entre deux bouteilles de blanc.  » Ces deux flacons se marient aux deux plats. On peut n’en choisir qu’un seul ou alors les boire l’un après l’autre.  » Le Touraine Sauvignon de Thierry Puzelat est atypique, mais s’avère parfait pour qui veut avoir une autre idée du cépage sauvignon.  » On est sur un vin mûr, exubérant et assez loin des habituels sancerres un peu fades.  » Les Bonnes Blanches, un vin d’Anjou, s’affiche, lui, comme  » le vin d’un vigneron emblématique d’une nouvelle génération, René Mosse « .

La joue de b£uf, elle, nécessite un vin généreux. Deux solutions à nouveau. La première, la moins chère, est un Crozes-Hermitage 2006, signé par un duo de vignerons aussi doué que coté, Dard et Ribo.  » Les vins qu’ils élaborent expriment la syrah de façon incroyable. Un festival d’épices pour le nez.  » En version haut de gamme : un Hermitage 2005 issu de la même maison. Même bouquet venu de la conjonction rhône et syrah mais avec en plus une fraîcheur inédite. Le nez penché sur le verre décèle des arômes d’oranges sanguines. « 

Pour rehausser le dessert ? Un vin doux de Rasteau. Ce terroir des Côtes-du-Rhône fournit de délectables variations sur le grenache. Celles-ci, signées en agriculture biologique par le Domaine Trepadis, déclinent des arômes chauds et intenses se mariant harmonieusement avec le chocolat. Le clin d’£il de Guillaume ?  » Après ce festival de vins pas assommants, rien n’interdit de repartir avec les bulles du début. Après le repas, la fête continue… « 

Michel Verlinden

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