A première vue, l’histoire a tout du scénario bien ficelé d’une comédie à succès. Imaginez dix copains, la trentaine  » upper middle class « , pas vraiment dans le besoin donc, et plutôt soucieux de l’avenir de la planète. Un soir de fête bien arrosé, entre le risotto et le morceau de fromage artisanal, leur vient cette idée moins simple à mettre en £uvre qu’il n’y paraît : et si chacun d’entre eux imaginait passer l’année à venir sans s’autoriser à acheter un seul nouvel objet ? Un v£u de non-consommation qui ne toucherait toutefois pas les  » produits de première nécessité  » : soit la nourriture, les shampoing, savon, dentifrice et autres produits d’entretien, les sous-vêtements et tout ce qui touche à la santé et à la sécurité.

Douze mois plus tard, ce qui n’était à première vue qu’une bonne résolution comme on en prend des centaines, amenée inévitablement à passer à la trappe à la fin du mois de janvier, est aujourd’hui un mini-courant fort de milliers d’adeptes. Né à San Francisco, fin 2005, The Compact (1) a migré, via le Net, vers d’autres villes américaines avant de gagner l’Europe.  » Notre but est d’aller au-delà du recyclage, peut-on lire sur le site Internet du mouvement. De contrer la culture du tout-à-jeter, de réduire le gaspillage et les déchets dans nos maisons mais aussi de simplifier nos vies.  »

Une fois passé le désarroi des premières semaines – que faire, en effet, de ses week-ends dans un pays où le shopping, autorisé jour et nuit, est un véritable sport national -, les dix compères ont retrouvé le chemin de la bibliothèque du coin, sans oublier les vertus du troc et de la chine dans les boutiques (on-line ou pas) de seconde main. Face à un aspirateur cassé ou à un portable en panne, ils se sont aussi découvert des talents de réparateurs jusqu’ici insoupçonnés.  » Ma relation aux objets a totalement changé, confiait, il y a peu, l’un des fondateurs de Compact au  » Herald Tribune  » (2). J’apprécie d’autant plus encore ce que je possède aujourd’hui.  »

La chance aussi, souvent, leur a souri, mettant sur leur chemin, comme par magie, la pièce détachée ou l’accessoire dont ils avaient justement besoin. Un  » Compact Karma  » comme l’ont baptisé nos malicieux écologistes qui montre toutefois ses limites lorsqu’il s’agit de remplacer le bijou que l’on s’est piercé sur la langue – aussi engagée soit-elle, l’une des participantes n’a ainsi pas pu se résoudre à l’acheter usagé… – ou de réparer un thermos brisé en mille morceaux…

Il n’empêche, à l’heure du bilan, ils étaient plusieurs à resigner pour 2007. Après s’être autorisés une journée – une seule – dans un shopping center…

(1) Internet : groups.yahoo.com/group/thecompact

(2) Jeudi 4 janvier 2007.

Isabelle Willot

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