Les nouvelles de Simonetta Greggio sont à l’image de cette Italienne solaire explorant le côté caché des êtres humains. Le point commun de ses récits : l’odeur du figuier sauvage, une senteur d’enfance et de nostalgie qui ramènerait à une époque passée qui nous rappelle que la vie est belle.

Petite fille vous étiez…

Enfermée en moi-même car j’avais besoin de réfléchir. J’éprouve de la nostalgie pour ce paradis perdu de l’enfance, mais après les batailles de la vie, je retrouve celle que j’étais.

Quel est votre  » berceau de famille  » ?

La maison construite à ma naissance dans un petit village près de Padoue. J’aime cette campagne douce et plate, qui passe de la glace aux violettes et à la cueillette des fruits sauvages.

Que reste-t-il de l’Italie en vous ?

Tout, je suis totalement italienne ! J’aime infiniment mon pays, même si j’ai du mal à accepter ce qu’il s’y passe. Dire que l’art a été balayé par une Rolex ! C’est la terre de l’extrême beauté et de l’extrême laideur.

Votre rêve d’enfant ?

Devenir écrivain. Ma mère m’a appris à lire et à écrire à 5 ans. Je dévorais la bibliothèque de mon grand-père. Toutes mes photos d’enfance me montrent un livre à la main.

Qu’aimez-vous dans la langue française ?

Mon français me vient des cinéastes (Godard, Truffaut), de chanteurs et d’auteurs que j’aime. Il y a un charme indéfinissable – un peu canaille et poétique – dans les textes de Vian, la voix de Bardot, de Montand ou de Jeanne Moreau.

Que partagez-vous avec vos héros ?

Même si je ne suis pas tendre avec eux, ils assument ce qu’ils ont été et vont au bout d’eux-mêmes. Écrire est ma thérapie. J’aime tellement la vie, que je n’ai pas peur de la mort. Seul remord : aller trop vite et brûler trop d’amour.

Peut-on sortir indemne d’un amour ?

Non, heureusement sinon ça ne sert à rien. On souffre à la hauteur de tout ce qu’on a donné, cru, espéré. Il faut avoir le courage de toujours tout recommencer… Solitaire, je suis incapable de vivre au quotidien avec un homme.

Qui est l’homme ?

J’aime ceux qui renoncent au pouvoir et intègrent leur part féminine. Ceux qui ont des fêlures qui leur font réfléchir à contre-courant. J’admire les artisans de la paix, en quête de vérité.

Quel est  » le plus beau son du monde  » ?

Le soir, je m’endors avec un concert de grillons et de grenouilles. J’aime aussi le vent, quand il arrive de loin, qu’il lèche la montagne avant de caresser la peau.

Quelle est pour vous l’odeur du figuier ?

Le figuier est si tenace, qu’il pousse dans les moindres failles, en dégageant une odeur de lait vert. À l’instar de l’amour, qui peut naître n’importe où, il a une force et une fragilité extraordinaires.

Qu’est-ce qui vous procure un mélange de  » frisson et de joie  » ?

Courir dans les bois avec mon chien Luna. Et nager sous l’eau, parce que ça me lave de la félicité et de la tristesse.

Comment  » inventez-vous la vie chaque jour  » ?

En ne laissant jamais rien passer et en ne remettant rien à demain. Les gens qui ont trop peur de la vie ou de la mort ne vivent pas. Avoir une passion vitale fait qu’on n’a pas à choisir, tout passe à travers son tamis. Seules les choses importantes restent.

L’Odeur du figuier, par Simonetta Greggio, Flammarion, 174 pages.

KERENN ELKAÏM

On souffre à la hauteur de tout ce qu’on a donné, cru, espéré.

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