La reine américaine du new burlesque a remis au goût du jour le glamour hollywoodien et le style pin-up. Un art parfaitement maîtrisé où il est question de provoquer sans jamais franchir la ligne rouge.

Au 5e étage d’un palace parisien, l’exercice commence par quitter la luxueuse suite afin que  » Dita prenne elle-même possession des lieux « . Vous voilà exproprié dans un joli couloir mouluré en attendant l’arrivée de la reine du new burlesque de passage dans la capitale française pour la promotion d’un  » cocktail bag  » qu’elle a signé pour Cointreau. L’objet ne manque pas d’humour puisque c’est un véritable mini-bar portatif avec bouteille d’alcool et doseur incorporés qui sont planqués dans ce faux sac à main en cuir. Carrossé vintage, bien évidemment. Car telle est la marque de fabrique de Dita Von Teese, née Heather Renée Sweet en 1972 dans le Michigan.

Fascinée depuis son adolescence par le glamour hollywoodien et l’érotisme des pin-up pour G.I., l’Américaine, qui a grandi dans la banlieue de Los Angeles, commence par se produire à l’âge de 18 ans dans les bars de Californie. Elle fréquente le milieu underground où elle fait sensation avec son look à la Bettie Page, la playmate iconique des années 50.  » Bettie Page a toujours été une référence pour les gens de la contre-culture mais dans les années 80, ils étaient les seuls !, dit-elle. La première fois que j’ai mis du rouge à lèvres carmin et employé du mascara noir pour me dessiner des yeux de chat, je devais avoir 13 ans. Les gens se retournaient et rigolaient dans la rue. Le rétro n’était pas du tout dans l’air du temps. « 

La vogue du porno chic et du strip-tease burlesque made in USA changera la donne, relayée par le succès de séries télé comme Mad Men ou Pan Am qui se déroulent à l’époque des Studebaker et des jupes crayon. Mais quand sa cons£ur Miss Dirty Martini, autre figure de la scène burlesque, joue la carte de l’outrance ou que Mimi Le Meaux, tatouée comme un biker, pratique l’autodérision, Dita peaufine son image bien sous tous rapports. On en oublierait presque qu’elle fut l’épouse durant trois ans du très gothique chanteur Marilyn Manson. À 40 ans, elle affiche une silhouette parfaite, cultive un dosage mi-sexy mi-glamour sans débordements qui plaît aux sponsors. Son portrait se retrouve sur des bouteilles Perrier ou les carlingues de Virgin Atlantic, à la manière des bombardiers US de la Seconde Guerre mondiale. Elle roule aussi pour elle : ce mois-ci, elle lance une ligne de lingerie baptisée Von Follies.

Les supports changent mais l’archétype demeure : cheveux noir corbeau qu’elle se fait teindre, teint de porcelaine entretenu par une consommation effrénée d’écran total, bustier généreux et poses lascives façon playmate d’antan. Sa manière de reproduire à la perfection les images chromo du passé dégage un parfum de nostalgie.  » Je regrette un certain art de vivre lié à la mode, aux voitures ou au design mais je n’aurais jamais voulu vivre dans les années 40, entre autres parce que les femmes n’étaient pas aussi libres qu’aujourd’hui « , se défend la collectionneuse d’anciennes Cadillac et d’antiques Packard.

 » J’aime aussi le cinéma contemporain à partir du moment où il me touche « , confie-t-elle. Un titre ? There Will Be Blood, une sombre fresque sur la cupidité et l’ambition qui dresse un portrait âpre des États-Unis, son pays natal.  » D’un point de vue culturel, je me sens très Américaine. Je suis issue de la middle class et mon histoire est celle d’une « small town girl » qui rêve de monter à Hollywood. Jusqu’à l’âge de 12 ans, j’ai vécu dans une bourgade du Michigan. C’est la région des grands lacs. J’y retourne de temps à autre pour me ressourcer. Il y a des petites îles, des vélos et aucune voiture.  » Pas même une vieille Tucker 1948 ?  » Non, seulement des calèches.  »

PAR ANTOINE MORENO

 » JE N’AURAIS JAMAIS VOULU VIVRE DANS LES ANNÉES 40. « 

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