La maison de l’architecte Philippe Steyaert est de celles qui semblent toujours inondées de lumière, même sous un ciel gris. Ne vous fiez pas aux apparences : si sa façade avant a des allures de bunker, l’arrière, lui, est percé d’une immense baie vitrée… avec vue sur les plus belles dunes du Westhoek.

Cette demeure exceptionnelle, nous l’avons découverte tout à fait par hasard au détour d’une promenade dans les quartiers huppés de Nieuport-Bains, où l’architecte Peter Callebout (1916-1970) a construit plusieurs maisons-ateliers dans les années 50. Témoins du style avant-gardiste d’influence scandinave en vogue à l’époque, ces villas historiques sont aujourd’hui célèbres bien au-delà des frontières de notre petit pays… mais elles ont aussi su charmer Philippe Steyaert, qui a grandi dans le coin, et s’en est donc tout naturellement inspiré pour dessiner son propre sweet home.

 » Tout en appréciant énormément les bâtisses lumineuses d’un illustre architecte comme Mies van der Rohe (1886-1969), j’ai aussi un faible pour le modernisme de mes compatriotes – et notamment pour Arthur Degeyter (1919-2004), qui a lui aussi dessiné des villas tout en sobriété avec de vastes espaces, d’immenses pans de murs, beaucoup de clarté et d’amples percées « , confie Philippe Steyaert. Lui-même a étudié l’architecture avec son épouse Sabine Van Praet, qui n’a jamais exercé la profession (elle exploite aujourd’hui une boutique de vêtements à Nieuport) mais partage sa passion des constructions épurées et sans fioritures. Lorsque l’opportunité s’est présentée, la maison de leurs rêves a enfin commencé à prendre forme en bordure de ce quartier prestigieux, et sur un terrain avec vue sur une splendide réserve naturelle.

Le bâtiment se compose d’un long bloc blanc disposé parallèlement à la rue.  » À l’avant, il ressemble presque à un bunker avec sa façade très fermée – une sorte de paravent qui nous permet de préserver notre intimité « , explique son concepteur. Mais une fois passé ce premier écran, le logis ne dévoile pas encore son panorama privilégié : le visiteur devra d’abord traverser un long couloir dont l’ombre complice met en valeur la perspective sur le séjour et la terrasse extérieure.  » Lorsque j’entre dans une maison, j’aime que le plan ne saute pas immédiatement aux yeux, qu’il reste un élément de surprise, détaille Philippe Steyaert. En revanche, je pense qu’il est important – comme c’est le cas ici – d’avoir une perspective qui invite le visiteur à s’y aventurer. Pour moi, l’habitation idéale est pensée comme une cité du Moyen Âge : un dédale de rues et d’esplanades où il fait bon s’égarer et où chaque ouverture annonce une autre artère, une autre place. La lumière, différente dans chaque espace, y joue un rôle capital. « 

Le séjour ne se compose d’ailleurs pas d’une pièce unique mais d’un agencement de trois zones – une salle à manger, un salon et une salle de télévision -, toutes pourvues d’un feu ouvert, et dont chacune laisse entrevoir la suivante mais aussi la silhouette omniprésente des dunes. Ici, pas de jardin aménagé : Sabine et Philippe ont décidé de laisser libre cours à la prolifération des herbes folles, afin de souligner un peu plus encore le contraste entre les volumes stricts du bâtiment et l’exubérance de la nature. Dans le prolongement de l’édifice, les terrasses forment comme des pièces à ciel ouvert où des buissons épineux aux branches noueuses tranchent sur la simplicité des murs blancs.

Le c£ur de ce bel ensemble est la salle à manger, où le couple et ses cinq enfants se retrouvent pour partager leurs repas en famille.  » La table et les bancs en bois brut signés Claire Bataille conviennent parfaitement à cet espace, se réjouit Sabine. Pour nous, ils évoquent la grande tablée commune d’un monastère.  » Mais ni elle ni Philippe n’affectionnent les intérieurs lisses et aseptisés. Avec ses pierres brutes, ses planchers et son décor vintage patiné, leur habitation évoque celle d’un artiste, comme les demeures des architectes des années 50 et 60. Contrairement à tant de villas nichées en pleine verdure, celle-ci ne se détourne pas non plus de la nature : dès que la température le permet, les fenêtres sont grandes ouvertes, la limite entre intérieur et extérieur s’estompe… et la maison respire l’hospitalité.

PAR PIET SWIMBERGHE / PHOTOS : JAN VERLINDE

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