[à publier] Ian Schrager, cofondateur du Studio 54, en 5 mots

© CHAD BATKA

Le cofondateur, dans les années 70, du fameux Studio 54, à New York, et inventeur du boutique-hôtel a ouvert cet automne son premier hôtel en Europe, The Edition Barcelona, en partenariat avec le groupe Marriott.

Intuition

 » Comme tous les créatifs, je suis mes goûts et mon intuition. C’est comme ça que le Studio 54 a vu le jour, et tout ce que j’ai entrepris par la suite. Quand, en 1984, nous avons ouvert le Morgans, créé par Andrée Putman, ce fut le premier hôtel où je voulais bien séjourner moi-même. Je ne crois pas dans les études de marché et une approche chiffrée. Une discothèque ou un hôtel qui respirent l’excitation et la magie, on les conçoit selon un processus de création par définition désordonné. Je travaille à une quarantaine de projets pour le groupe Marriott, c’est nouveau pour moi. J’ai toujours eu plus d’idées que je n’ai pu en réaliser.  »

Design

 » Le design est un moyen, pas une fin en soi. Dans les années 80, je voulais me faire remarquer et secouer le secteur hôtelier, à l’instar du travail provocateur de Philippe Starck pour le Royalton et le Paramount Hotel à New York. A l’heure actuelle, ce n’est plus nécessaire. Ce qui importe, c’est comment l’établissement marche et l’expérience qui y est vécue. Etre tendance et instagrammable, c’est secondaire. Le résultat doit être bien exécuté et pertinent au jour d’aujourd’hui.  »

Passé

 » La nostalgie ne m’intéresse pas. La fin du Studio 54 fut douloureuse (NDLR : Ian Schrager et son associé Steve Rubell ont été condamnés pour fraude fiscale, puis graciés par Obama en 2017). Je me suis réconcilié avec le passé mais les cicatrices restent. Un casier judiciaire rend une vie normale impossible, et puis expliquer tout ça plus tard à ses enfants, tout en essayant d’être un modèle… Aujourd’hui, ce serait encore plus difficile. Donner la chance aux gens d’oublier : ce n’est pas évident de nos jours.  »

Technologie

 » La technologie ne change pas notre caractère. L’envie de rencontrer des gens, le besoin de s’amuser et d’être libre… ce n’est pas parce que nous avons les réseaux sociaux et les applications que cela disparaît. On dit parfois que le Studio 54 ne pourrait pas exister aujourd’hui, mais je ne le pense pas. Je m’occupe délibérément d’espaces publics dans mes hôtels : les halls, bars et autres rooftops où l’on peut se rassembler et goûter un peu à la ville tout autour. Des fonctions qu’avait déjà ce genre d’établissements il y a 200 ans. Quant à la vie privée, les années 70 étaient bien sûr tout autres. Au Studio 54, Andy Warhol photographiait tout le monde!  »

Luxe

 » Les hôtels 5-étoiles ont encore souvent des sols en marbre, un portier et des services en porcelaine, mais de tels symboles liés au statut ont perdu beaucoup de leur exclusivité et signification. Le luxe ne dépend plus du coût des choses mais du sentiment qu’elles procurent, et chaque catégorie de prix peut y satisfaire.  »

www.editionhotels.com

Le Studio 54 est l’objet d’un documentaire sorti en 2018, www.studio54doc.com

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