Un jardin urbain conçu comme « une vallée en ville »

Deux aubépines d'Asie, un heptacodion et un cornouiller ont été plantés à divers endroits du terrain en respectant une distance pour que ces arbres dialoguent. © BART KIGGEN

Quand un tout petit jardin urbain se transforme en paradis perché développant un patchwork vallonné de fleurs, d’herbes aromatiques, d’arbustes, d’arbres et de graminées, le dépaysement est garanti !

Un jardin qui demanderait peu d’entretien et qui fleurirait toute l’année. Tel était le souhait des propriétaires, après avoir agrandi, à l’arrière, leur maison Art déco dans le centre de Gand. L’architecte paysagiste Jan Minne s’est attelé à la tâche et leur a dessiné un extérieur urbain hors des sentiers battus. La parcelle de 70 m2, ceinte de murs, a désormais des allures de mini-paysage extraordinaire, avec ses différences de niveaux et son patchwork de fleurs, d’herbes aromatiques, d’arbustes et de graminées.

La transformation de A à Z est un élément essentiel du travail du Bruxellois :  » J’aime associer des ensembles de végétaux que l’on ne rencontre pas tels quels dans la nature. Même chose pour les couleurs, qui ne se côtoient pas forcément. Plutôt que de copier la nature, je marie les plantes et les tons pour créer une ambiance féerique. Comme si ces compositions venaient d’un autre monde.  »

En dépit de sa beauté surréelle, le jardinet semble confondant de naturel.  » Quand les gens me félicitent pour mon ouvrage, j’estime que j’ai failli à ma mission. Il faut, au contraire, qu’on oublie totalement mon intervention et ma présence. C’est pourquoi je reste fidèle à une manière très libre de planter les végétaux « , souligne Jan Minne.

Un jardin urbain conçu comme
© BART KIGGEN

Dialogues entre arbres

Ce qui fait tout le charme de cet espace, ce sont aussi les différences de niveaux. L’architecte paysagiste s’est notamment inspiré de la garrigue, un biotope constitué principalement de graminées et de plantes basses faites pour un climat chaud et tempéré. Ici, il a choisi d’associer des couvre-sol moussus à de hautes herbes et des buissons aromatiques méditerranéens, comme le romarin, la sauge et le thym. Il leur a permis de prendre l’ampleur de généreux massifs qui attirent les abeilles, les oiseaux et les papillons. Tout cela fait partie du merveilleux que Jan Minne entend façonner.

Les quatre petits arbres au port graphique ont été placés à distance de socialisation.  » Ce sont les arbres qui structurent un jardin. Ils doivent pouvoir communiquer entre eux. Je les sélectionne personnellement en pépinière et je les installe comme des personnages.  » Pour faire son choix, notre homme a tenu compte du tronc, de la forme et de la disposition des branches. Car, en hiver aussi, il faut qu’un arbre reste intéressant et beau à regarder. Le feuillage aux couleurs changeantes a, lui aussi, son importance. Pour ce jardin de ville, Jan Minne a sélectionné deux aubépines d’Asie, un heptacodion de Chine et un cornouiller. La dynamique est assurée par cette composition, alliée à des différences de niveaux. L’ensemble est renforcé par un patchwork dense de plantes couvre-sol multicolores : sagine, fissidens (une sorte de mousse), thym couché (thymus praecox) et menthe.

Le jardin rappelle un paysage de vallée montagnarde avec ses différences de niveaux, son petit chemin en pierre et son patchwork de plantations.
Le jardin rappelle un paysage de vallée montagnarde avec ses différences de niveaux, son petit chemin en pierre et son patchwork de plantations.© BART KIGGEN
Un jardin urbain conçu comme
© BART KIGGEN

Les arbres et les plantes assurent aux lieux de la générosité, avec des camaïeux de verts et de gris toute l’année. Ils se fondent subtilement avec des touches de blanc et de jaune vif. Car la couleur a toute son importance aux yeux de l’architecte paysagiste.  » Plus il y en a, mieux c’est. Et toutes mélangées, de préférence !  »

Un univers en soi

Que l’on admire le jardin du dedans ou du dehors, les perspectives sont tout aussi intéressantes. Jan Minne considère en effet le jardin comme un univers en soi, et non comme une pièce supplémentaire de la maison ou un  » salon d’extérieur « , terme qu’il a en horreur.  » Les jardins ne sont pas des extensions de la maison. Ce sont des entités à part « , insiste-t-il.

Ceint de murs, celui-ci est aujourd’hui constitué d’îlots de végétaux, d’arbustes, de fleurs et de mousses harmonieusement mariés. Çà et là, leurs lignes sinueuses sont interrompues par des pas en pierre, ajoutés à la demande des propriétaires. Ces derniers avaient du mal à croire qu’ils pourraient marcher dans leur jardin sans l’endommager. Mais la mousse couvre-sol, si douce sous les pieds, se régénère vite et facilement.  » J’aime m’allonger par terre pour arracher des brins d’herbe, c’est mon moment zen de la journée « , avoue l’habitante.

En bref: Jan Minne

Il est diplômé en design graphique et mode.

Il travaille comme architecte paysagiste depuis 2005.

Il dessine et crée ses propres jardins, et met un point d’honneur à planter au moins un arbre dans chacun d’eux.

janminne.be

Le bâtiment arrière avec son sol en granit et sa cuisine industrielle a été conçu par l'architecte Greg Geertsen. Autour de la table, des chaises papillon de Fritz Hansen.
Le bâtiment arrière avec son sol en granit et sa cuisine industrielle a été conçu par l’architecte Greg Geertsen. Autour de la table, des chaises papillon de Fritz Hansen.© BART KIGGEN
La combinaison de lysimaque, euphorbe et sauge est surprenante et crée une atmosphère d'un autre monde.
La combinaison de lysimaque, euphorbe et sauge est surprenante et crée une atmosphère d’un autre monde.© BART KIGGEN

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