Clio Goldbrenner: De l’or dans les doigts

En 2010, Clio Goldbrenner, 25 ans, lance sa ligne de sacs à main. Six mois plus tard, elle a déjà doublé le nombre de ses points de vente. De quoi oser une collection plus forte cet hiver. Fabuleusement glam’. Et fort chic.

Par Coralie Ramon
S’il suffisait de regarder les livres de sa bibliothèque pour connaître une personne, Clio Goldbrenner serait La Parisienne d’Inès de la Fressange, Cent cinéastes d’aujourd’hui de Nicolas Guérin et une pétarade de Guides du Routard. Vingt-six pour être précis. Et, dispersés dans son appartement au look jeune-couple-néo-moderne-décomplexé, on aperçoit également deux têtes de Bouddha en pierre, un chapeau de paille et six sacs, éparpillés dans la pièce, arborant tous la même bande de maille en or. Son signe distinctif. Diplômée depuis 2007 en économie à l’Ichec – Brussels management school, la jeune femme commence par faire ses griffes chez L’Oréal pendant deux ans, avant de lancer sa propre collection de sacs à main, parce qu’elle ne trouvait jusque-là aucune marque « assez waouw » ni « vraiment dingue » en Belgique.

« Le déclic m’est venu lors d’un voyage à Chicago où j’avais acheté une chapka, explique-t-elle en arborant tel un trophée le magnifique chapeau de fourrure brune. Les gens me regardaient dans la rue. Certains me complimentaient. C’est alors que j’ai compris le pouvoir que pouvait avoir un accessoire. J’avais depuis toujours envie de me mettre à mon compte. C’était le bon moment. » Clio, yeux verts et cheveux blonds vénitiens, se lance alors « en fonçant mais rassurée » dans cette nouvelle aventure. « Du genre à se donner à 100 % », un brin téméraire mais pas inconsciente, elle donne alors sa démission chez le géant des cosmétiques et commence par dessiner sa première collection, avec l’aide de sa maman styliste. « Mes parents étaient dans le métier, je connaissais donc déjà le déroulement des saisons et la folie des salons. L’inouï, c’est que je ne m’y étais jamais vraiment intéressée jusqu’alors. »

Car, petite, Clio voulait devenir productrice de films. Devenue grande, il lui reste de ce rêve un univers et une histoire bien ancrée qui transparaissent dans toute sa ligne, à laquelle elle finit par donner son nom, après maintes hésitations. « Je trouvais que c’était un geste beaucoup trop fort. Cela veut dire qu’on y met toute sa personne. » Et puis la jeune femme ponctuait souvent ces rencontres de quelques « non, Clio n’est pas synonyme de la marque de voiture éponyme. C’est la muse de l’histoire et de la poésie, une des neuf filles de Zeus. » TILT. L’idée était née. Chaque modèle porterait donc le nom d’une des muses, « alors un peu vieillottes et qu’il a fallu remettre au goût du jour ». Calliope serait élégante. Thalie jouerait la comédie. Et, en guise de fil rouge, elle ornerait chacun de ses sacs de six bandes formant une petite maille dorée « chic mais pas bling-bling », inspirée de son nom de famille, Goldbrenner, qui signifie brûleur d’or.

Le résultat : des sacs en cuir de vachette, d’agneau ou de chèvre, vendus entre 100 et 395 euros à des jeunes filles comme elle, « bouillonnante d’idées » mais pleine de fraîcheur. Et quand elle se tourne vers ce passé encore si proche, elle confie : « Il faut avoir du courage quand même, il faut oser pousser les portes. Mais bizarrement, je ne me suis jamais dis « je vais me planter ». Jamais. Même aujourd’hui quand je vois tout ce qu’il reste à faire. Le monde est si vaste. Il y a l’Angleterre… » Et puis, ce rêve : « Me promener un jour dans Paris et m’apercevoir que les petites Parisiennes portent un sac Clio Goldbrenner… » Sur lequel une jeune orfèvre des temps modernes avait imaginé une touche d’or… Tout simplement.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content