Des contrefaçons Cassina au pilon

Des fauteuils et des chaises longues en apparence irréprochables démantelés et détruits à la grue à benne, on ne voit pas ça tous les jours dans le petit monde feutré du design.

La mise en scène de ce show destroy, qui s’est tenu ce mercredi matin sur le site industriel d’une entreprise de recyclage, à Vilvoorde, était signée Cassina. Une opération coup de poing visant à attirer l’attention du grand public sur le fléau de la contrefaçon qui touche aussi le secteur du meuble. Avec l’aide de la justice belge, des saisies de faux – accompagnées d’amendes – ont donc eu lieu dans un bar à cocktail, le showroom d’un revendeur mais aussi l’entrepôt d’un négociant officiant sur le Net. Cela fait quelques années déjà que l’éditeur italien, détenteur des droits exclusifs dans le monde entier de la production des créations de Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand, combat avec acharnement la contrefaçon de ses modèles iconiques. En 2010, la marque avait notamment mis l’accent dans ses campagnes de pub sur l’authenticité de ses meubles fabriqués en Italie. Un gage de qualité qui, bien sûr, a un prix. Posséder un fauteuil LC2 n’est pas donné à tout le monde, on s’en doute. Et les faux vendus environ au tiers du prix d’un original pullulent, notamment sur la Toile.  » Notre action a un but plus éducatif que punitif, insiste Alessandro Buffoni, patron de la filiale de Cassina en Belgique. Nous voulons que les gens comprennent que le prix que nous demandons est justifié par toute une série de facteurs, notamment les matériaux que nous utilisons, les tests de sécurité auxquels nous procédons mais aussi les droits d’auteurs que nous versons aux créateurs et à leurs héritiers.  » En quelque sorte, ces  » it  » meubles largement médiatisés ces 10 dernières années sont aujourd’hui victimes de leur trop belle image. Ou plutôt de l’image qu’ils donnent de leur propriétaire : forcément un type ou une fille qui s’y connaît, qui a du goût et surtout des moyens. Pour avoir l’air de ce qu’ils ne sont pas, certains sont malheureusement prêts à enfreindre la loi. On ne le dit jamais assez. La contrefaçon est une plaie. En acheter un délit. D’initié à deux balles.

Isabelle Willot

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