Rétro 2016 : burkini, le cache-sexe identitaire

Le burkini, sujet saisonnier et polémique pour alimenter une actualité estivale plutôt calme. © GETTY IMAGES

Cet été, on a vu un bout de tissu déclencher hystérie et débats stériles. A tel point que le burkini s’est finalement retrouvé au centre de l’actualité hexagonale – et par ricochet, de la nôtre.

Inventé au début des années 2000 par une styliste australienne d’origine libanaise, Aheda Zanetti, le burkini réapparaît à peu près chaque année pour une poignée de semaines d’indignation outrée, et souvent juste à temps pour combler le vide médiatique du mois d’août. C’est cette fois l’organisation d’une  » journée burkini  » à Marseille qui mit le feu aux poudres, entraînant son cortège de déclarations à l’emporte-pièce ; une incroyable cacophonie qui n’apporta d’éclairage sur rien ni personne, si ce n’est sur la pauvreté du débat politique en la matière. Quiconque ne s’est pas encore engouffré dans la brèche est alors tenu d’exprimer son avis, et subit un feu nourri de critiques venues d’en face. Si certains feignent souvent la confusion entre défense de la laïcité et promotion des valeurs chrétiennes – de préférence en opposition à un islam décrit comme une menace capable de faire vaciller les fondements de la France éternelle – la mise au ban de ce costume de baignade n’est pas réservée aux milieux catho-tradi, loin s’en faut. On se souvient d’ailleurs que la ministre socialiste des Droits des femmes, Laurence Rossignol, n’y voyait qu’une  » promotion de l’enfermement du corps des femmes « .

Point d’orgue de cette crispation générale : l’image mémorable de ces forces de l’ordre zélées sommant une dame voilée de se dénuder davantage, alors qu’elle se prélassait au soleil sur les galets niçois. Le tout sous les vivats d’autres plagistes. Le surréalisme de la scène suscita l’incompréhension de la presse internationale, pour laquelle cet exemple malheureux illustrait le climat délétère qui règne sur la France d’aujourd’hui. Chez nous, la N-VA s’empara du débat identitaire et se prononça en faveur d’une interdiction du vêtement, tant dans les piscines que sur les plages… sans que la question ait lieu d’être, la polémique étant cantonnée au littoral varois. Pour sa part, le Conseil d’Etat français balaya tous les règlements de circonstance dictés par les élus locaux, mettant un terme à une triste bataille autour de la longueur d’un maillot de bain. Jusqu’à l’été prochain ?

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