Une affaire de c½ur

Avant le quartz et le numérique, une montre-bracelet était d’abord utile et fonctionnelle. Elle pouvait être plus ou moins précieuse, mais le plaisir du luxe restait subordonné à l’utilité de la fonction. Aujourd’hui – excusez le truisme – l’heure exacte est disponible partout. Et pourtant, les montres continuent à se vendre comme des petits pains.

Si les modules à quartz offrent la plus grande précision au prix le plus raisonnable, le secteur de l’horlogerie mécanique ne cesse, elle aussi, d’améliorer ses records de ventes. Et les prix sont à l’avenant pour des pièces, il est vrai, de plus en plus magistrales.

Le détenteur lambda d’une montre en plastique à module quartz de moins de 80 euros réalise-t-il l’existence parallèle d’une montre mécanique de poche grande complication à 500 000 euros, et que celle-ci trouve aussi acquéreur ?

Le montant des exportations horlogères suisses a augmenté l’an dernier de 20 % par rapport aux chiffres de l’année antérieure. Voilà un thermomètre infaillible traduisant la bonne marche des affaires dans le secteur de la montre mécanique, secteur qui, malgré la crise, a plus que jamais le vent en poupe.

Voilà pour l’argent.

Mais le renforcement de la qualité compte aussi.

La Fédération de l’Industrie Horlogère Suisse a ainsi radicalisé le label de qualité Swiss Made, en imposant des conceptions, productions et assemblages de montres mécaniques souffrant toujours moins d’interventions étrangères. La France crie d’ailleurs déjà au scandale protectionniste !

De son côté, le Poinçon de Genève – autre label de qualité axé sur la finition la plus parfaite de l’art horloger – renforce lui aussi ses critères d’attribution.

Last but not least, la garantie COSC (Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres), portant sur la performance et la précision chronométrique d’un mouvement, est désormais sollicitée par des Maisons de mode… Ces dernières se diversifient en effet à une allure insensée dans le secteur horloger, y décrochant rapidement une légitimité via l’acquisition d’anciens ateliers horlogers expérimentés.

L’horlogerie, une « Valeur refuge » comme d’aucuns se plaisent à le dire ?

Peut-être, mais le plaisir et l’émotion n’entrent pas moins en ligne de compte lorsqu’on porte au poignet un instrument au sein duquel l’Homme a miniaturisé son génie, son savoir-faire et son adresse. C’est donc aussi une affaire de coeur pour les vrais amateurs : au poignet, le battement du pouls est fait pour s’entendre avec le tic-tac d’un garde-temps.

Serge Vanmaercke

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