1. Pour comprendre que  » l’illusion de l’égalité hommes-femmes cache un abîme d’injustices quotidiennes que nous ne voulons plus voir. Et où chacun joue un rôle « . Avec La Domination masculine, Patric Jean, cinéaste, signe un essai renversant, inquiétant, grave, drôle parfois, nécessaire et salvateur.

2. Pour piger qu’il y a encore du boulot. La preuve par ce speed-dating consternant. Quand, devant la caméra de Patric Jean, des femmes  » libérées  » dressent le portrait-robot de l’homme idéal –  » protecteur « ,  » possessif « ,  » arrogant « ,  » dominant  » -, on mesure le poids des clichés parfaitement intégrés.

3. Pour acheter des cadeaux de Saint-Nicolas transgenres. Au rayon jouets et livres pour enfants, rien que des stéréotypes. Du rose, des goûts fraise et une balayette pour les filles. Du kaki camouflage, des odeurs de poubelle et des armes pour les garçons. Et ainsi de suite, jusqu’à la nausée. Pareil dans les images et les textes des bouquins qui rappellent que maman c’est dedans et papa, dehors. On appelle ça la domination silencieuse

4. Pour prendre la mesure du ressac, après les luttes féministes.  » Le ressac, c’est la résistance du système, dit Patric Jean. Chaque fois qu’il y a progrès dans une société, un mouvement contre émancipatoire prend forme et résiste. En politique, par exemple, au rythme actuel, il faudrait 300 ans pour atteindre la parité à l’Assemblée nationale française. En matière de violence conjugale, dans le film, on cite un chiffre : en France, une femme meurt sous les coups de son compagnon tous les trois jours. Depuis, cela a changé, c’est tous les deux jours. « 

5. Pour voir les mains en gros plan et le chemin parcouru par Denis qui dit  » je suis un homme violent « .  » Sa démarche très longue et radicale dans le sens étymologique du mot, aux racines du mal, lui a permis de comprendre qu’il ne fallait pas simplement se contenir et s’empêcher de frapper sa femme, mais que cela s’inscrivait dans un processus de domination. Ce type me touchait parce qu’il dit ce que toutes les féministes disent sur la violence conjugale mais il le dit en homme violent. « 

6. Pour se disputer en sortant de la salle. C’est le souhait de Patric Jean, pour rire.  » Nous sommes tous concernés, dit-il. Et plus on en parle, plus on argumente, plus les gens vont réfléchir, lire, se remettre en question. »

La Domination masculine, un film de Patric Jean. Avant-première au palais des Beaux-Arts de Bruxelles (www.bozar.be), le 27 novembre à 20 heures, suivie d’un entretien avec le réalisateur. www.ladominationmasculine.net

Anne-Françoise Moyson

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content