Châteaudouble, une double nature

© CAMILLE MOIRENC

Surgi d’une nappe de brouillard évanescente, le village, accroché à son piton rocheux au-dessus des gorges de la Nartuby, affiche à la fois douceur de vivre et vitalité.

Malgré le sentiment d’austérité que Châteaudouble dégage, que ce soit sous un ciel couvert ou dans une lumière crue, le téméraire qui ose s’infiltrer dans le village sera accueilli par une douceur de vivre et un dynamisme surprenants. Venir à Châteaudouble ne doit rien au hasard. Surtout depuis 2010, date à laquelle la route des gorges fut fermée à cause de dégâts dus aux intempéries. Il est huit heures du matin. Georges Rouvier sort tout juste de la boulangerie avec des croissants encore tièdes. Il est maire du village depuis 2001, après avoir déjà assuré trois mandats en tant que premier adjoint.  » Cela fait maintenant une année et demie qu’un jeune boulanger a repris le pétrin et le four communal pour fournir en pain frais les habitants du village. On le soutient tous.  » Depuis la terrasse du Cercle Saint-Martin, le café fumant accompagne bien les viennoiseries. D’ici, la vue qui s’offre transporte les contemplatifs et les aventuriers jusque dans les gorges et sur les collines luxuriantes et les parois des Marinoux, un célèbre spot d’escalade. On hume l’air pur d’un printemps naissant. Dans les rues, les vieilles pierres s’expriment en passages voûtés, en frontons sculptés, un souvenir des Templiers, en fontaines chantantes, en anciennes bâtisses dont les lignes défient les lois de l’architecture.

Châteaudouble, une double nature
© CAMILLE MOIRENC

UNE MAGNIFIQUE RUSTICITÉ

Tout au bout du village, sur la place de l’Agachon, on domine la portion de route qui s’est effondrée. On admire également le rocher  » qui va tomber et qui ne tombe jamais  » et au pied duquel gît l’oratoire de Saint-Jean. Monsieur le Maire nous explique:  » Nous avons coutume d’entendre ici que l’on vit avec le risque puisque saint Jean nous protège! « 

Tout en haut, la tour sarrasine et le cimetière ont le dernier mot sur les gorges et la cité. La vue est splendide depuis ce pittoresque jardin de tombes. Il y règne d’ailleurs une paix indicible, sûrement héritée de la belle vie des ancêtres. En face, le Terrain d’Art est l’antre de l’artiste  » détourneur  » d’objets Jean-Claude Obriot et de ses oeuvres originales. Georges va souvent le saluer, lui et son  » Easy bike chevauché par Jack Nicholson « , en référence à Easy Rider.

Depuis la table d’orientation, on embrasse les toits du village et l’étendoir communal habillé de linges bigarrés. Zé, alias Roger, y étend en bougonnant les multiples paires de chaussettes de son fils.  » Adolescents, nous arpentions tous les deux, à quatre pattes et à la bougie, la galerie de l’ancien canal romain qui menait l’eau à la pile!  » confie le maire, désormais tourné vers son projet de Théâtre de verdure sur le terrain qu’il vient d’acquérir, en haut du village.

TEXTE : SANDRINE MOIRENC – PHOTOS : CAMILLE MOIRENC

Extrait du Hors Série Weekend Spécial Provence

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