La légendaire Fontaine de Trevi victime elle aussi du surtourisme

La Fontaine de Trevi, victime elle aussi du surtourisme, août 2018 © AFP

« Il y a trop de monde », lâche, agacé, un touriste français bloqué par la foule devant la fontaine de Trevi. Depuis plusieurs années, l’un des monuments les plus emblématiques de Rome étouffe sous la marée humaine qui le submerge tous les jours.

« Il faudrait plus d’ordre, sinon la visite n’est pas agréable », estime Rafel Llerat, un visiteur de 44 ans venu d’Espagne.

La place de Trevi, où se dresse la célèbre fontaine du XVIIIe siècle classée au patrimoine mondial de l’Unesco, est nichée au coeur d’un lacis de ruelles dans un espace réduit du centre historique de Rome, vite encombré par le flot quotidien de touristes.

Une quinzaine de policiers municipaux sont déjà chargés de réguler l’espace et de veiller sur le chef d’oeuvre du Bernin. Avec leurs sifflets, ils rappellent à l’ordre les visiteurs au moindre comportement inconvenant. « Non, ce n’est pas possible d’aller dans cette zone, vous risquez d’abîmer le marbre », lance l’un d’eux à une touriste qui tente de manger sa glace au bord de la fontaine.

Il y a trois semaines, une rixe avait éclaté entre une jeune touriste néerlandaise et une italo-américaine de 44 ans, toutes les deux ayant jeté leur dévolu sur un endroit stratégique pour prendre une photo. « C’est un des lieux les plus beaux de Rome, il faudrait que les gens soient plus éduqués: ils devraient comprendre que l’on se trouve face à un monument », souligne Valentina Baldi, une Toscane de 48 ans.

Il est de coutume de jeter une pièce de monnaie en tournant le dos à la fontaine, une superstition qui assure de revenir un jour dans la Ville éternelle.

Face au nombre croissant de visiteurs, la mairie de Rome a plusieurs fois émis le souhait d’installer un accès contrôlé à l’oeuvre baroque, qui vient juste d’être restaurée, pour désengorger le site.

Bains sauvages

« S’il avait fallu faire la queue, nous ne serions pas venus », assure toutefois Sal Boscarello, un Américain de 39 ans, interrogé sur cette éventuelle restriction.

Avec les températures records du mois d’août à Rome, la Fontaine de Trevi n’a pas non plus échappé aux bains sauvages. Nombreux sont les touristes qui ont voulu imiter la diva suédoise Anita Ekberg dans l’inoubliable scène de « la Dolce Vita », le film de Federico Fellini.

Mi-août, un couple de touristes canadiens âgés d’une trentaine d’années a essayé une première fois de se baigner en pleine nuit dans le célèbre bassin avant d’être éloigné par les forces de l’ordre.

Mais les deux amoureux n’ont pas abandonné la partie pour autant: quelques heures plus tard, ils se sont jetés dans les eaux claires de la fontaine avant d’être verbalisés par la police. Un bain nocturne qui leur a valu une amende de 450 euros.

La Fontaine de Trevi n’est pas le seul monument romain à être concerné par ces bains sauvages. Il y a quelques jours, la police a lancé un appel sur les réseaux sociaux pour identifier un groupe de touristes anglophones qui s’étaient baignés dans la fontaine de la Piazza Venezia.

Un geste qui « porte gravement atteinte au sentiment national et à la mémoire des morts auquel le monument est dédié », a-t-elle écrit sur sa page Facebook.

L’événement a décidé la mairie de Rome à déployer la police municipale pour surveiller jour et nuit les fontaines du centre historique, une dizaine d’épisodes similaires ayant déjà été sanctionnés en août.

En 2016, de jeunes romains qui s’étaient également baignés dans une des fontaines de la Place du Peuple avaient été convoqués par les carabiniers, trahis par le selfie qu’ils avaient posté sur Facebook.

Mais les Romains gardent surtout en mémoire le saccage d’un autre chef-d’oeuvre du Bernin, la fontaine de la Barcaccia, vandalisée en 2015 par des supporters néerlandais de Feyenoord à l’occasion d’un match de leur équipe contre la Roma.

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