London Calling: pourquoi la capitale britannique attire toujours autant

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Un dossier consacré à la capitale britannique alors que le pays patauge en pleine procédure du Brexit ? Après tout, pourquoi pas. Le référendum n’a pas subitement dépouillé la métropole anglaise de ses charmes et de ses intérêts – d’ailleurs elle nous le prouve sans arrêt.

« Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’adore l’Angleterre. Je lâcherais tout, même la proie, pour Londres.  » Ce bon mot d’Alphonse Allais illustre avec humour la fascination qu’a, de tout temps, exercée la capitale britannique sur les populations du monde en général, et sur ses proches voisins continentaux en particulier. Quand certains se passionneront pour le Royal Wedding de mai prochain, d’autres scruteront les prestations des Diables Rouges et de leurs équipiers anglais, par ailleurs nos premiers adversaires de poids lors du Mondial en Russie. Et ceux qui ne trouvent leur compte ni dans le calendrier mondain, ni dans le football, n’auront aucun mal à choisir l’une des milliers d’autres raisons qui font de la Grande-Bretagne et de sa ville phare l’objet d’une attention ininterrompue depuis siècles et décennies. Bien sûr, les zones d’ombre du Brexit, référendum que l’on qualifiera poliment de  » maladroit  » et à propos duquel de nombreux votants se mordent les doigts, sont venues assombrir le tableau – mais tout reste relatif, car ce supposé symbole du désamour entre Europe et Albion a provoqué une baisse de la livre sterling, et donc un afflux record de touristes, venus profiter du si favorable contexte économique.

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Côté gros sous, le luxe et les nouvelles technologies continuent d’ailleurs de converger en bord de Tamise, tout en restant à portée de nos terres. Aux alentours de King’s Cross, gare terminus de l’Eurostar, on inaugurera bientôt les quartiers généraux flambant neufs de Google et du groupe LVMH, en attendant la venue prochaine de Facebook. Le top designer Tom Dixon a aussi déménagé ses installations dans les parages et non loin de là, le Royal College of Art verra peut-être ses students s’inspirer de la cohorte de géants environnants – avant de régner à leur tour sur leur domaine d’activité. Car, comme le rappelle Deyan Sudjic, directeur du Design Museum, la réputation de Londres, en tant que cité dotée d’une créativité au rayonnement mondial, dépend de sa longue tradition d’excellence en tant que centre d’apprentissage.  » C’est parce qu’ils étaient attirés par notre Architectural Association School que Zaha Hadid, Ron Arad ou Rem Koolhaas sont venus étudier ici, rappelle-t-il. En mode, Central Saint Martins a formé tout le monde, de Stella McCartney à Roksanda Ilinic, et en design, le Royal College of Art a lancé Jasper Morrison, Konstantin Grcic ou Ross Lovegrove…

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Tous ces grands talents sont restés, se sont installés et ont monté des studios à succès.  » Jusqu’ici tout allait bien, donc, mais c’était sans compter sur les conséquences du Brexit :  » Malheureusement, ce modèle est désormais menacé car on commence à comprendre l’impact du retrait britannique de l’Union européenne, poursuit-il. Je trouve ça triste et dommageable. Mais dans la mesure de ses capacités, le Design Museum fera tout pour que Londres conserve une place centrale dans les débats sur l’avenir du secteur.  »

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Une position inquiète que le flegmatique Tom Dixon relativise à sa manière.  » Pfff, soupire-t-il. Si vous lisez les journaux ou regardez les JT, et vous devriez, vous avez l’impression qu’ici, c’est le marasme, que tout le Royaume-Uni est au bord de l’effondrement, alors qu’en réalité, nous sommes très résilients. La grande particularité du Brexit, c’est que malgré tout ce qui a déjà été dit, toute la colère et la frustration, ça n’a pas affecté qui que ce soit, simplement parce que rien n’est encore vraiment arrivé. C’est peut-être plus compliqué pour certains, notamment dans le Nord ou dans les régions plus centrales du pays, mais pour les Londoniens, j’ai l’impression que c’est  » business as usual  » . Cette ville multi-facettes a énormément de ressources et de possibilités.  » Soit une façon moderne de mettre en pratique un slogan hérité de la Seconde Guerre mondiale, à l’origine destiné à encourager les Brits durant le Blitz, et désormais accommodé à toutes les sauces, surtout anglaise :  » Keep calm and carry on.  »

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