Six pistes à dévaler cet hiver

Le Dôme de la Sache, à Tignes © Flickr

Renommées de par leurs mensurations hors normes, théâtres d’exploits sportifs gravés dans les mémoires, voici six pistes mythiques pour les skieurs en quête de sensations. Avec les conseils des meilleurs moniteurs pour les aborder au mieux.

La plus nature

Le Dôme de la Sache, à Tignes
Le Dôme de la Sache, à Tignes© Flickr

La Sache à Tignes (Savoie) – Altitude de départ : 2 748 m – Dénivelé : 1 200 m

L'Aiguille Percée, au départ de la Sache, à Tignes (Savoie).
L’Aiguille Percée, au départ de la Sache, à Tignes (Savoie).© ANDYPARANT.COM

Georges Baetz, dit « Canard », est l’organisateur de la Black Shoes, rassemblement national et festif de télémark ; il est aussi une figure emblématique du ski français ayant écumé le circuit Coupe du Monde en ski alpin, ski de bosses et télémark. Pour lui, La Sache est « hors normes ». « Le départ, au pied de la Pointe Percée, offre un panorama unique, puis la piste longe le parc de la Vanoise. On se sent en pleine nature et il est assez fréquent d’apercevoir des chamois ! » Avant de s’engager, Georges souligne l’importance de se renseigner sur les conditions de la piste, qui peut vite passer de relativement accessible à très difficile ! Sur les mille mètres de dénivelé se succèdent de gros reliefs : « Le premier mur donne une idée de ce qui nous attend par la suite, donc si l’on éprouve des difficultés à le passer, il est préférable de mettre le clignotant tout de suite après, via l’échappatoire Arcosses. En effet, après un long plat, on se retrouve dans une pente parsemée d’arbres et de barres rocheuses. C’est raide et impressionnant. » L’arrivée se fait au coeur du village des Brévières, à 1 550 mètres d’altitude, en dessous du fameux barrage de Tignes.

On demande : Georges Baetz à l’ESF de Tignes-le-Lac (www.esf-tignes.com, +33 (0)4 79 06 30 28)

On reprend son souffle : devant un verre à la Bouida (www.labouida.com) avant de se poser dans le plus vieux restaurant de la station, ouvert depuis 1893 (www.la-sachette.fr)

La plus « perchée »

Le secteur glacier de Bellecôte en arrière-plan, Le Rochu à La Plagne (Savoie).
Le secteur glacier de Bellecôte en arrière-plan, Le Rochu à La Plagne (Savoie). © E. SIRPARANTA

Le Rochu à La Plagne (Savoie) – Altitude de départ : 3 000 m – Dénivelé : 720 m

David Allemoz la qualifie de « mythique ». On croit sur parole ce freerider professionnel, qui a dévalé les faces les plus belles et les plus engagées de la planète. Aujourd’hui moniteur, il met en garde les skieurs : « Ne vous fiez pas à son départ à plat car celui-ci se transforme très vite en couloir très raide. C’est pour cela qu’elle est réservée aux bons skieurs, physiquement affutés. » Orientée plein nord, sur le sommet du glacier de Bellecôte, cette pépite est un itinéraire nature, non damée. Pour David, « le meilleur moment pour la skier est évidemment après une chute de neige, mais il faut toujours se méfier des parties rocailleuses (elle ne s’appelle pas Rochu pour rien). Aérienne dans sa partie supérieure, elle s’ouvre ensuite sur un immense terrain de jeu, moins raide, où chacun pourra faire sa trace dans la poudreuse. » Variée, ensoleillée et engagée, la piste du Rochu a décidément beaucoup d’atouts. Et si les cuisses sont assez solides, « elle permet également de profiter d’un des plus grands dénivelés de la station en enchaînant avec la piste, tout aussi noire, du Dérochoir et la descente jusqu’aux Coches à 1 450 mètres d’altitude. »

On demande : David Allemoz à l’ESF Plagne 2000 (+33 (0)4 79 09 04 75, www.esfplagneaime2000.com )

On reprend son souffle : au Bonnet, la nouvelle adresse tendance de la station, lancée par le skieur alpin local Julien Lizeroux (+33 (0)6 83 28 66 29).

La plus ancienne

La Verte aux Houches (Haute-Savoie).
La Verte aux Houches (Haute-Savoie). © E. MOY

La Verte aux Houches (Haute-Savoie) – Altitude de départ : 1 871 m – Dénivelé : 870 m

Voilà 70 ans que les skieurs les plus chevronnés arpentent la doyenne des pistes internationales. En février dernier, celle qui n’a de vert que le nom a accueilli deux spectaculaires épreuves de la Coupe du Monde. Marc Battendier, moniteur de ski à l’ESF des Houches, ancien membre de l’équipe de France de ski et aujourd’hui chef de piste au sein du comité d’organisation de la course du Kandahar, en connaît toutes les subtilités. « La Verte est reconnue par tout le « cirque blanc » comme l’une des plus belles pistes de descente au monde. Nous sommes face à toute la chaîne du mont Blanc, c’est vraiment un « super coup d’oeil ». » Rassurant, Marc explique que cette piste est réputée très technique en raison de la vitesse à laquelle les coureurs la dévalent (plus de 100 km/h) et également de la préparation de la neige, pratiquement transformée en glace pour ces grands rendez-vous. « Le reste du temps, c’est une noire traditionnelle accessible avec deux grosses difficultés, la Cassure et le Goulet, dont les pentes avoisinent les 40-45° mais qui peuvent être évitées via des pistes de contournement. » Enfin, sachez que la dernière partie de la piste est baptisée le « Shuss Battendier » en référence à la ferme des parents de Marc située tout près.

On demande : Marc Battendier à l’ESF Les Houches www.esf-leshouches.com (+33 (0)450 54 48 79)

On reprend son souffle : aux Vieilles Luges, chez le frère de Marc. Un chalet d’alpage très prisé, aussi charmant qu’authentique, avec intérieur tout bois et vue panoramique, où déguster des plats faits maison. Pensez à réserver ! www.lesvieillesluges.com

La plus à-pic

La Face de Bellevarde à Val d’Isère (Savoie) – Altitude de départ : 2 807 m – Dénivelé : 959 m

C’est une star. La Face de Bellevarde est LA piste qui fait frémir même les champions de ski les plus téméraires… Julien Lizeroux, membre de l’équipe de France, la compare à une femme « très belle, intrigante, très exigeante… terrible ».

La Face de Bellevarde à Val d'Isère (Savoie).
La Face de Bellevarde à Val d’Isère (Savoie). © ANDYPARANT.COM

Conçue spécialement pour l’épreuve reine de descente lors des Jeux olympiques d’hiver de 1992 à Albertville, la piste de 3 000 mètres de long s’est rapidement taillé une réputation extrême dans le monde de la compétition. Ancien champion de snowboard médaillé olympique à Vancouver, Mathieu Bozzetto possède les clés pour aider les bons skieurs à l’affronter. « La Face est impressionnante, vertigineuse, mais comme elle est entretenue chaque nuit, si on l’accoste tôt le matin, la neige excellente la rend facile à skier. » Autre recommandation : « Pour éviter les deux murs les plus raides, il existe des variantes, sous le « virage du P2″ et plus bas, en suivant la bifurcation vers la piste de la Joseray », indique Mathieu. Mais la première est parfois fermée pour risque d’avalanche. « Dans ce cas, il faut dompter le mur en réalisant de grandes traversées d’un bout à l’autre de la piste, ce qui réduit le nombre de fois où l’on se retrouve face à cette pente qui surplombe littéralement le village mille mètres plus bas. » Les amateurs d’adrénaline peuvent admirer, sur la gauche en sortant de la télécabine, le départ originel de la fameuse descente des JO, situé plusieurs mètres au-dessus, ce qui leur donnera une idée de ce que « forte déclivité » veut dire. Ou même tester le mythique passage de l’Ancolie, ce trou de souris entre deux rochers dans lequel s’engouffraient les skieurs en quête de l’Olympe…

On demande : Mathieu Bozzetto à l’ESF de Val d’Isère (www.esfvaldisere.com, +33 (0)4 79 06 02 34)

On reprend son souffle : et on se remet de ses émotions au Cocorico, situé juste en bas de la Face, en dégustant une bonne bière et en écoutant du rock en live (www.cocoricovaldisere.com)

La plus sauvage

« La Classique du pic du Midi » au Grand Tourmalet (Hautes-Pyrénées) – Altitude de départ : 2 877 m – Dénivelé : 1 700 m

La Classique du pic du Midi au Grand Tourmalet (Hautes-Pyrénées).
La Classique du pic du Midi au Grand Tourmalet (Hautes-Pyrénées).© LUIS PANTOJA

Cet itinéraire hors-piste est un passage obligé pour tous les (bons) skieurs ayant opté pour la destination Pyrénées. Le pic du Midi est situé sur le plus vaste domaine skiable de la chaîne : le Grand Tourmalet. Longtemps réservé aux astronomes, ce site ouvert depuis seize ans au grand public est devenu le spot des chasseurs de poudreuse. C’est aussi le terrain de jeu favori de Claude Etchelecou, moniteur indépendant et photographe professionnel. Après s’être informé sur les conditions de neige et assuré du bon niveau de ses clients, Claude les équipe d’un kit de sécurité et d’une radio. « Sur ce genre d’itinéraire non sécurisé, il est fortement recommandé d’être accompagné par un professionnel. » Ensuite, place au fun ! « Depuis le sommet, le panorama est exceptionnel. Par temps clair, on aperçoit même la lumière du phare de Biarritz ! » La Classique est l’itinéraire le plus accessible parmi la dizaine que compte ce sommet à la forme pyramidale parfaite et les mois de janvier et février généralement les plus propices, la neige restant froide, et la poudreuse étant au rendez-vous. « Exposée sud, la descente se fait face au soleil. En bas du premier mur, 200 mètres en dessous du pic, on s’offre une petite pause insolite, skis aux pieds, sur le toit d’une ancienne auberge. Ensuite on enchaîne les grandes courbes dans ce lieu sauvage et préservé. »

On demande : Claude Etchelecou, d’Évasion Hors-Pistes Tourmalet et Pic du Midi (+33 (0) 6 30 85 08 85, www.horspistes.fr)

On reprend son souffle : autour de succulentes tapas pyrénéennes au Planchot, à La Mongie (+33 (0)9 52 36 04 31)

La plus longue

La Sarenne à l’Alpe d’Huez (Isère) – Altitude de départ : 3 330 m – Dénivelé : 1 820 m

Avec ses 16 kilomètres de descente, La Sarenne est la plus longue « noire » au monde. Itinéraire hors-piste à l’origine, la star de l’Alpe d’Huez est devenue une piste en 1976 et profite depuis l’hiver dernier d’un enneigement total garanti grâce à la centaine d’enneigeurs qui la bordent. La Sarenne vous promet une superbe balade, bucolique à souhait… une fois le premier mur passé ! Gauthier de Tessieres, vice-champion du monde de Super G, avoue ne pas se lasser du point de vue offert au sommet du pic Blanc. « On a le mont Blanc au nord, le Cervin au sud et les aiguilles d’Arves, magnifiques, plein cadre. Ce décor permet aux skieurs de se détendre avant d’aborder la partie la plus technique. » Le mur, qui vaut à la piste sa couleur noire, a gardé son profil d’origine : 300 mètres de long, raide et rarement damé. Mais Gauthier rassure : « Plus on descend, plus c’est facile. Les goulets se succèdent, et l’on voit le paysage se modifier avec l’altitude. On glisse alors au coeur de gorges qui forment un long plat descendant et longent les arbres et la rivière. Dans cette ambiance idyllique, on prend le temps d’apprécier l’environnement, de discuter avec son voisin et parfois même d’apercevoir des chamois… »

On demande : Gauthier de Tessières (www.zeemono.com)

On reprend son souffle : à l’auberge de la Combe Haute, auberge très sympathique construite sur les ruines d’un ancien moulin (+33 (0)4 76 80 61 38)

Par Nolwenn Patrigeon

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content