Tourisme de luxe à Bagdad ?

Bagdad veut développer un projet touristique de luxe sur son « île aux mariages ».

Bagdad aura-t-il bientôt son premier complexe touristique de luxe avec golf, spa et hôtel six étoiles? Des responsables irakiens l’assurent et appellent les investisseurs à dépasser leurs craintes pour apporter les fonds nécessaires à ce projet très ambitieux.

Hamoud al-Yakouby, président du comité irakien du Tourisme, a indiqué dimanche espérer récolter de 1 à 3 milliards de dollars pour la construction de cet ensemble, le premier de la sorte à Bagdad depuis l’invasion de 2003. Il a choisi pour cela de faire revivre « l’île aux mariages » (« Jazirat al-A’arass », en arabe), un lieu de fête autrefois populaire, posé au milieu du fleuve Tigre, dans le sud de Bagdad.

« Dans les années 1980, « al-A’arass » était une destination populaire chez les couples pour les mariages et lunes de miel », a déclaré M. Yakouby à la presse. Cette île d’environ 2 km² a, selon lui, « le potentiel pour devenir l’une des attractions touristiques principales de Bagdad à l’avenir ».

Le complexe comprendrait un hôtel de luxe, des infrastructures nautiques et balnéaires, un terrain de golf, des villas et des restaurants. Les investisseurs devront respecter l’ancien style traditionnel (ottoman) dans la construction des nouveaux bâtiments sur l’île », a-t-il souligné.

L’île reste encore aujourd’hui populaire auprès des Bagdadis, qui continuent à venir y flâner moyennant un droit d’entrée de 500 dinars (0,3 euros). « Il n’y a aucun logement sur cette île » inhabitée, note le responsable des lieux, Faiq Ahmed. « Mais les visiteurs sont toujours nombreux à venir », ajoute-t-il, sans avoir alors connaissance du projet pharaonique envisagé.

Le périmètre de l’île est délimité par une série de murs en béton d’où émergent des dessins fatigués de héros de dessins animés comme Mickey, Tom et Jerry ou Winnie l’ourson. Les armes y sont interdites, en raison de la proximité avec la zone verte, où le gouvernement prévoit de construire un autre grand hôtel, cinq étoiles celui-là, pour 100 millions de dollars.

Aucune chaîne hôtelière internationale n’est à ce jour implantée en Irak, frappé par le régime des sanctions des Nations Unies au cours des années 1990. Les autorités irakiennes espèrent profiter de l’amélioration de la sécurité dans le pays pour réaliser ces projets, en dépit des attaques qui continuent de menacer les six millions d’habitants de Bagdad.

L’emplacement de l’île, près de la zone verte de Bagdad, enclave ultra-sécurisée qui abrite l’ambassade américaine et la plupart des bâtiments gouvernementaux, est à même de rassurer les étrangers, juge M. Yakouby. « Il y a toujours des problème de sécurité, mais cela s’améliore », souligne encore le président du comité du Tourisme. « L’investissement est garanti, la propriété du terrain est assurée pour 50 ans et peut-être renouvelée, et les bénéfices peuvent être rapatriés en totalité », soit sans taxes, plaide-t-il.

« L’Irak est maintenant ouvert aux investissements », se réjouit pour sa part le chef de la commission sur l’investissement national, Ahmed Ridha. Ce dernier évoque la modestie du milliard de dollars nécessaire pour commencer à rénover l’île en comparaison avec les « 74 milliards d’investissements directs étrangers (IDE) » parvenus en Irak ces six derniers mois. Ces investissements doivent notamment servir à développer la ville pétrolière de Bassorah (sud) ou encore à rénover l’aéroport international de Bagdad et la ville sainte chiite de Najaf (centre).

Très optimiste, M. Ridha juge en outre que le tourisme pourrait un jour détrôner le pétrole comme première source de richesse nationale, un sérieux défi quand on sait que le second fournit plus de 93% des revenus de l’Irak. « Nous avons deux grands fleuves, des déserts, 10.000 sites historiques », énumère-t-il. Tous ces sites n’ont cependant pas été entretenus depuis 1985, reconnaît M. Yakouby. Bref, le défi est lancé…

F.B. avec Belga

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