Un parc à neige apporte un brin de fraîcheur à Ryad

© AFP

Mettre une veste de ski est inimaginable à Ryad mais cette tenue est obligatoire au parc à neige, récemment ouvert dans la capitale saoudienne où le thermomètre affiche en été plus de 45 degrés Celsius.

Des Saoudiennes dans leur abaya noire, la robe traditionnelle les couvrant de la tête aux pieds, enfilent des manteaux bien chauds et chaussent des bottes avant de glisser en traîneau sur les pentes du site. Elles sont rejointes par des hommes et des enfants, un spectacle inhabituel en Arabie saoudite, un royaume ultra-conservateur qui interdit la mixité dans les espaces publics, les restaurants ayant par exemple des sections séparées pour les « familles » et les hommes célibataires.

Les lieux de divertissement sont rares dans ce pays qui ne compte que quelques parcs d’attractions pour enfants et où les cinémas et les salles de théâtre ne sont pas autorisés.

La « Snow City », une salle couverte de 5.000 mètres carrés, ne comporte pas de véritables pistes de ski mais ses modestes dénivelés offrent le plaisir de la neige sur ces terres en grande partie désertiques et chaudes.

« Je n’ai jamais touché de la neige », confie à cet égard Ali al-Ajmi, un Saoudien de 40 ans qui n’a pas quitté une seule fois son pays.

Des dizaines de personnes se pressent tous les jours devant les guichets d’entrée, avant d’accéder à l’aire de jeux, ouverte au public le 16 juillet après la fin des travaux d’un coût total de 100 millions de riyals (24,2 millions d’euros).

Phénomène surprenant : les femmes y constituent la vaste majorité de la clientèle alors qu’elles sont soumises à de multiples restrictions, dont l’interdiction de conduire, une mesure unique au monde.La direction du parc n’avait pas prévu un tel engouement : un employé explique que les femmes représentent plus de 75% des visiteurs alors qu’elles ne devaient pas dépasser les 10% d’après les projections. « On peut garder une certaine intimité tout en s’amusant », témoigne l’une d’elles, Oum Ahmed, 37 ans. « J’aime ce lieu, il est divertissant ».

La température dans la salle est de moins trois degrés Celsius toute l’année. « On gèle », lance d’ailleurs Abdelrahman Hamad, 14 ans, après avoir passé une heure et demie dans le parc… Ce qui ne l’empêche pas de continuer à jouer avec la neige.

Mais un garçonnet, plus frileux, supporte moins bien la fraîcheur. « C’est nuageux et j’ai très froid. Pourquoi n’installent-ils pas aussi le soleil ici ? », demande Salman, quatre ans.

Installer le soleil

Le parc de Ryad n’est pas le premier du genre dans la région aride du Golfe. Dubaï dispose depuis 2005 d’une station de ski couverte, dotée de pistes et de télésièges.

L’Arabie saoudite, qui abrite les Lieux saints de l’islam à La Mecque et à Médine, est surtout une terre de tourisme religieux qui attire des millions de fidèles chaque année. Mais avec plus de la moitié de la population âgée de moins de 25 ans, le royaume cherche à offrir davantage de divertissements à ses habitants qui se tournent vers Bahreïn et Dubaï pour prendre du bon temps.

Il a ainsi inauguré en avril un ambitieux programme pour diversifier son économie, trop dépendante du pétrole, plaçant parmi ses objectifs la promotion des secteurs du tourisme et des loisirs.

Illustration, en juin, le groupe américain Six Flags a annoncé qu’il menait des discussions avec l’Arabie saoudite pour y ouvrir des parcs à thèmes.

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