« Zéro étoile », l’hôtel à protection atomique

Un hôtel au confort minimal mais à la protection absolue contre une éventuelle attaque nucléaire.

Frank et Patrick Riklin ont inauguré vendredi dernier en Suisse l’hôtel « zéro étoile ». Construit dans un ancien bunker pour résister aux attaques nucléaire, son concept devrait être élargi.

Zéro étoile, confort minimal… mais protection absolue contre une éventuelle attaque nucléaire pour un prix hors concurrence: c’est ce que propose un nouveau type d’hôtel en Suisse, inauguré vendredi dans un bunker de la sécurité civile helvétique. Le soleil s’est couché sur Sevelen, dans l’est de la Suisse. Dans les ruelles sombres et désertes de cette paisible bourgade de 4400 habitants, il n’y a pas âme qui vive.

Pourtant, vers le bunker de la commune, une effervescence atypique trahit une nouvelle attraction: l’hôtel « zéro étoile » lancé par les artistes et frères jumeaux Frank et Patrik Riklin. Pour 10 à 30 francs suisses (environ 12 euros) par nuitée, il offre une des chambres-dortoirs au confort sommaire au touriste de passage. « Il y a tout de même un choix entre quatre catégories de lits: les simples matelas, lits superposés, lits-double et les confortables lits paysans », se défend Patrik, l’un des fondateurs du projet.

« Nous voulions l’opposé des palaces de Dubaï »
Chaque commune suisse dispose d’abris anti-atomique de plus ou moins grande taille selon sa population, un dispositif hérité de la guerre froide destiné à parer à une éventuelle attaque nucléaire.

Avec l’effondrement du bloc communiste, ces abris sont devenus un poids pour les communes contraintes de les entretenir. « La commune nous a demandé d’aménager le bunker et nous avons décidé de lancer le concept zéro étoile », poursuit son frère jumeau Frank indiquant que la seule condition était de pouvoir libérer les lieux en 24 heures.

« Nous voulions l’opposé des palaces de Dubaï », précise Patrik assumant la simplicité contre les excès de la société de consommation. D’où l’idée du zéro étoile qui permettait également de ne pas entrer dans le système et la définition de l’endroit comme un « complexe para-hôtelier ».

« La fédération hôtelière suisse, ravie, nous a proposé de nous intégrer dans leur fédération, mais nous leur avons répondu qu’ils pouvaient plutôt rejoindre notre concept », raconte encore Frank en riant.

5°C dans les chambres
Les premiers visiteurs arrivent entre-temps. Alors que le thermomètre atteint péniblement 5°C dans les chambres, Ana Schnieder Da Silva fait le tour du complexe, le pas hésitant.

« J’ai lu dans le journal que l’on cherchait des volontaires pour tester la première nuit. J’ai d’abord cru à une expérience médicale, mais j’ai été soulagée d’apprendre qu’il s’agissait simplement de passer la nuit dans un hôtel », raconte-t-elle.

« J’ai hâte de voir quels seront mes voisins », s’exclame Ana, en posant sa valise dans un coin. « J’ai même acheté un nouveau pyjama pour l’occasion », rigole-t-elle.

Peter Meier, un autre visiteur, a déjà passé une nuit dans le bunker et il est conquis. « Je ne comprends pas pourquoi les gens s’étonnent que l’on dorme dans un abri anti-atomique, c’est très confortable », assure-t-il, ajoutant que le seul désagrément vient de la ventilation bruyante.

Mais les créateurs du projet ont pensé à tous les détails: outre les serviettes de bain, pantoufles et plaque de chocolat sur les lits, ils ont ajouté des bouchons pour les oreilles.

Artistes depuis quatre ans, les deux frères ont rapidement adopté des réflexes d’entrepreneurs: « nous avons prévu d’ouvrir 12 autres hôtels de ce type en Suisse sous forme de franchise », explique Frank. Leur site internet a déjà enregistré 50000 clics depuis quatre semaines et la demande est forte, assurent-ils.

Lexpress.fr

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