18 septembre

Durant soixante ans, Christo a rêvé d'emballer l'Arc de Triomphe. A titre posthume, ce songe est devenu réalité en ce mois de septembre. © BENJAMIN LOYSEAU 2021 CHRISTO AND JEANNE-CLAUDE FOUNDATION

Envelopper l’Arc de Triomphe était le rêve fou du regretté Christo et de sa femme Jeanne-Claude. Au total, 1 200 personnes ont travaillé à l’installation, qui a nécessité près de 25 000 m2 de tissu, 23 km de corde et 130 tonnes d’échafaudages. L’oeuvre a attiré 6 millions de visiteurs pendant 16 jours.

Romain Conil (39 ans) est directeur des exportations chez Réseau-Jade. L’entreprise française a prévu les 95 travailleurs aériens qui se sont suspendus à des cordes pour empaqueter le monument, exactement comme l’artiste bulgare, décédé en 2020, l’avait imaginé il y a soixante ans.

 » La préparation a pris environ deux ans, mais cela est plutôt dû à la pandémie qu’à autre chose. Car en soi, il n’y avait pas tellement de différence avec nos autres projets dans la construction ou l’industrie. Seule la taille était exceptionnelle. Afin de pouvoir déterminer la marche à suivre, nous avons reproduit un mini-Arc de Triomphe. De cette manière, nous avons pu expérimenter la chose en employant un textile très semblable à celui qui serait drapé sur le véritable monument. En outre, la construction elle-même a duré deux mois. Les Charpentiers de Paris ont tout d’abord installé un échafaudage autoportant, c’est-à-dire que rien n’a été fixé au bâtiment lui-même. En réalité, l’édifice étant classé, il était impossible de placer le moindre point d’ancrage. Par ailleurs, l’échafaudage était nécessaire pour protéger l’ouvrage et ses ornements de la poussière que cela ferait.

Romain Conil
Romain Conil© SDP

Ensuite, c’était à nous de jouer. A l’aide d’immenses grues, les rouleaux de textile ont d’abord été fixés à la hauteur du toit de l’Arc, puis déroulés presque de manière synchronisée. Il y en avait dix-huit au total. Chacun pesait 1,2 tonne, ce qui représentait un danger important pour l’équipe. Nos acrobates, hommes et femmes, s’en sont chargés.

Heureusement, la météo était clémente ce jour-là, car nous avons dû travailler contre la montre pour tout déployer. Il faut savoir que nous n’avons eu que cinq jours pour tout préparer au lieu des sept prévus. Mais quel soulagement après coup! Le trottoir était bondé de touristes et de Parisiens qui attendaient ce moment. Soudain, des cris et applaudissements se sont élevés de la foule. Même si ce n’était que le début. Il restait à placer les cordes de soutien et à créer les plis, comme Christo les avait dessinés. Et enfin à terminer avec la corde rouge.

Nous avons alors été submergés par la fierté, bien sûr. Il s’agit là d’un travail d’équipe exceptionnel, réalisé par les ouvriers, mais aussi par les ingénieurs et ceux qui ont coordonné le tout. Pas moins de 150 personnes étaient sur place jour et nuit. C’était comme un ballet aérien d’ouvriers et de charpentiers. D’ailleurs, les faire bosser ensemble de manière synchronisée a été de loin le plus grand défi…

Cela dit, vivement le prochain challenge! L’équipe de Christo a encore des projets en réserve sur lesquels nous allons travailler. Désormais, ils ont bien compris à qui ils avaient à faire.  »

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