On peut aimer dévaler les plus belles pistes et leur préférer l’ambiance de bars douillets, de restaurants très déco et de boutiques aux mille trouvailles. En Suisse, en Autriche, en Italie et en France, voici les 6 stations au top… avec ou sans ski !

Kitzbühel

Chic et coutumes en Autriche

Si Kitzbühel, avec son charme authentiquement tyrolien et la fierté de ses montagnes au doux relief – tout juste 2 000 m d’altitude – offre l’apparence d’un village-musée, il n’a cependant rien de vieillot. Swarovski, Vuitton ou Cartier s’y épanouissent. On vend du Chloé, du Balenciaga, du Dries Van Noten chez Helmut Eder. Dans la boutique du créateur Frauenschuh, les portants se chargent de vêtements de ski et de vestes en cuir haut de gamme, au pied d’un grand mur peint inspiré de Alfons Walde (1891-1958), célèbre peintre paysagiste autrichien des années 1930.

A cette tentation fashion, Kitzbühel ajoute le chic de ses hébergements. Si le Zur Tenne est un bel exemple du classique tyrolien, le Tennerhof joue, lui, la carte du charme. Changement de décor au A-Rosa : épure, grands volumes et bar caméléon, passant du bleu au vert et au violet. On aime également sa piscine spacieuse, attenante à un centre de remise en forme, avec soins, saunas et autres vaporeuses séquences.

Quand la pénombre et le froid tombent sur les fins d’après-midi, cafés et bars d’hôtels s’emplissent de chauds effluves sucrés. Une préférence pour les gâteaux de chez Hirzinger Bäck. Pour dîner tout en finesse, rendez-vous, par exemple, chez Lois Stern, où la Méditerranée se mâtine d’Asie. Pour un dernier verre, le choix est vaste : ambiance bruyante au Lichtl, plus soft au Praxmair, chaude au Jimmy’s, british post-teenagers au Londoner, et vraiment agréable au Stamperl’s, lieu cosy et chic. La soirée s’achève souvent au casino, sis dans un édifice du xiiie siècle richement orné.

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Crans-Montana

Zen et luxe en Suisse

Hermès, Prada, Gucci voisinent avec des bijouteries, des fabricants de chaussures de ski sur mesure et Alex Sports. Aux portants sont suspendus combinaisons de ski en microfibres, fourrures, et le meilleur de la maille italienne. Un choix plus jeune, un peu plus accessible figure, lui, chez Julia and Co. Vers 18 heures, les jeunes de la vallée viennent boire un verre de fendant au Plaza, un bar à vins avec portraits de vaches aux murs et gazon synthétique sur les tables, ou un cocktail au Monk’is, un bar américain avec canapés à fleurs et couvertures de Life,  » lounge « , mais pas trop ! Plus élégant, le NH affiche en noir et blanc photos de bateaux, canapés crème, lustres noirs, et propose une cuisine fusion marrante.

Il est temps de dîner ? Pour vivre une expérience unique, mieux vaut se diriger vers Rhapsodie. Helmut Emele, pianiste, homme-orchestre, qui connaît tout le gratin du jazz – il vivait à Montreux – accueille ses clients au son… du cor des Alpes ! Et mitonne une cuisine biologique soignée devant le lac Grenon.

Les deux villages de Crans et de Montana s’égaillent de part et d’autre de ce plan d’eau. L’adorable Hôtel du Lac, rouge et blanc, comme sorti d’une carte postale des années 1960 – avec ses appliques en forme de soucoupe volante ! -, ou le Bella-Lui, ancien sanatorium inscrit aux hôtels historiques helvétiques, tiennent leur rang à côté du Grand Hôtel du Golf aux salons laqués de rouge, de noir et d’or, et de l’Hôtellerie du Pas-de-l’Ours. Ce Relais & Châteaux à la façade en tavillons ouvre sa porte en bois sculpté sur un cocon de c£urs rouges et d’ours.

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Grindelwald

La Suisse mi-tradi, mi-trendy

Le centre névralgique de Grindelwald se réduit à une longue et unique rue centrale, la Hauptstrasse. Ancienne fleuriste, Regula (c’est son prénom !) y a ouvert le WirrWarr : vaches en résine de la Cow Parade, animaux emplumés, vaisselle colorée et autres petites babioles à l’utilité mal définie y sont parfaitement rangés. Autre style chez Mont-Bell. Créée par Isamu Tatsuno, un Japonais vainqueur de l’Eiger, la marque Mont-Bell s’expose en Europe dans un seul magasin, ici, au c£ur de l’Oberland bernois. Sur les portants, des fibres de haute technologie : de la veste extralégère (73 g) en Ballistic Airlight et Polkatex, coupe-vent, antipluie, respirante et belle à la fois, vous n’en faites qu’une boule qui tient dans la paume sans se froisser.

Chez Buri Sport, on reste dans le classique chic et élégant : Bogner, Ralph Lauren, Burberry ou Leonardo. Classique aussi, la devanture Bonita Bags & More, avec ses marques Longchamp, Lacoste, Betty Barclay et encore Bree, et de superbes gants Roeckl doublés cachemire ou soie, avec ses deux mille points de couture, pas un de moins !

Les blasés de la fondue aiment déjeuner au Berghaus Bort, sur les pistes de First, excellente adresse et symbole du renouveau de Grindelwald : déco design épuré, menu court de qualité (mozzarella de bufflesse produite en Emmenthal (!), viandes et salaisons du terroir) à des tarifs raisonnables. A l’heure du thé, les gourmands de calme et de Rahm Törtli (tarte à la crème fraîche et aux amandes, pure légèreté !) choisissent Ringgenberg,  » la  » pâtisserie de la Hauptstrasse. Le soir, tout le monde se presse au Barry’s, où les plats sont regroupés sous des titres suggestifs :  » Stimule tes sens « ,  » Inspire tes envies « , sans oublier un  » Cauchemar de Dracula « . On y sert du cerf et, dans un même élan, de l’élan. A quelques minutes, le Fiescherblick, la table gastronomique locale. Mélange d’ancien et de moderne, le village baigne dans une ambiance pastorale, avec ses granges débordantes de foin et ses vaches dans des étables à deux pas des hôtels cosy.

Depuis le grand incendie de 1892, où 172 chalets de Grindelwald ont brûlé en une nuit, on a peur de construire en bois. Mais derrière les murs se cachent des décors qui font oublier le froid du béton. Tel le Wellness Center de l’hôtel Spinne, zen et design, avec bains de vapeur, parcours d’eau glacée et écran diffusant des images délassantes de montagnes. Les chambres y sont fraîches, agrémentées de bois blanc et moquette jaune pâle. Ou encore le Selfness Center de l’hôtel Eiger, avec son immense salle de gym, son bar design, ses saunas, hammams et salle de silence.

Pour la tendance grand palace des neiges, rendez-vous au Belvédère, autre institution centenaire et qui recèle un spa d’excellente réputation. Ou choisissez le Romantik Hotel Schweizerhof, qui n’est pas un grand hôtel de luxe, mais fait néanmoins partie de ces lieux à la belle décoration classique où prédomine le bois, avec cheminée, bibliothèque, sofas, service discret et calme montagnard.

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Val-d’Isère

Oui, à la fantaisie

La cause est entendue : Val est une championne. Le domaine, ardu, se refuse aux spatules tremblotantes. Mais depuis Les Bronzés font du ski (1979), les Avalins ont acquis le goût de la dérision. Ils mettent du lait dans leur génépi. Ils déjeunent en altitude, sur les pistes, à La Fruitière, entre bidons de fer-blanc et fausses meules de fromages, dans une pseudo-fromagerie qui ne déparerait pas à Disneyland. Et le soir, avant d’aller écouter l’écrivain convié par la librairie Bouquetin des Neiges (qui organise le prix littéraire le plus haut du monde), ils s’arrêtent chez Jack, au bar de l’hôtel L’Aigle des Neiges, le nouveau 4-étoiles de la station, à deux pas des pistes. On y déguste de drôles de tapas, mini-hamburger à l’agneau, rouget en montgolfière ou bonbon de canard, assis sur des sièges tout aussi étranges : culbutos en cuir, canapés en faux zèbre, poires des années 1960. Dans les chambres, des billots servent de tables de chevet et le bois des placards est poncé juste ce qu’il faut pour éviter les échardes ! Humour encore, au Club Med, où des fauteuils multicolores imitent des box en cuir précieux. Même l’hôtel Les Barmes de l’Ours, un 5-étoiles plutôt cossu, renouvelle malicieusement le genre chalet de montagne : les chambres sont contemporaines ou de style  » american lodge « . Et, à l’entrée, un faux ours polaire souhaite la bienvenue.

C’est l’heure du déjeuner ? Sur le front de neige, Frank Korosec au Schuss (restaurant de l’hôtel Le Grand Paradis) sert des escalopes viennoises et des forêts-noires, énormes, comme dans son Tyrol natal. On peut les déguster à l’intérieur, devant le poêle en céramique d’une weinstube au plafond sculpté d’edelweiss. Jacques Leprivey aussi brouille les genres à L’Atelier d’Edmond : il s’est amusé à reconstruire au Fornet l’atelier de son grand-père, Edmond, mais sa cuisine, elle, n’est pas du bricolage. Une autre table à ne pas manquer, à la nuit tombée : celle de Jean-Françis Marie, à La Savoyarde. Cet homme-là sait créer l’ambiance, et son chef réalise une cuisine gastronomique à prix abordable. Pas sûr, après, que l’on entre dans les jeans vendus par Point Break Femme. Tant pis, on ira se faire l’£il à la galerie Griffiths, au c£ur du village, où Arman fait face aux artistes méconnus. Puis halte chez Isabelle Usannaz, en son Domaine. Lasse des c£urs en flanelle et sapins brodés, elle propose une déco de montagne épurée. Superbe.

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Cortina d’Ampezzo

Show à l’italienne

Cortina aurait pu être autrichienne si le cours de la guerre de 1914-1918 avait été différent. Nul conflit d’appartenance, en revanche, en matière d’architecture, avec un même amour des deux côtés de la frontière pour le baroque et ses couleurs chatoyantes, ses ors et ses trompe-l’£il, ses stucs, pierres et bois sculptés. Reste que Cortina est bel et bien italienne. On le comprend mieux lorsque l’on s’assied à la terrasse de l’hôtel Ancora, d’où l’on regarde les promeneurs s’exhiber sur le Corso Italia, l’artère vitale de Cortina. Là, se concentrent la plupart des boutiques et beaucoup d’hôtels. Les belles et les autres s’arrêtent chez Le Noir, boutique  » griffée  » Prada, Dior, Moschino, Alaïa. En face, le créateur Ermanno Daelli expose sa mode dans un ancien bistrot : dans la salle au fond, on sert toujours le café ! Ici, ont défilé Hemingway, Bardot, Gable, Gassman, Sting et une cohorte de gens célèbres. Le gotha de l’industrie italienne – les Barilla, les Benetton – la fréquente assidûment.

Revenons à l’hôtel Ancora pour visiter sa collection d’art contemporain, acquise au gré des expos qu’il organise. Côté chambre, une préférence pour la 61, avec salon, sauna, tête de lit peinte, décors très vénitiens et vue sur le Corso. Autre établissement très agréable, mais excentré, Le Mirage, avec panorama sur les montagnes, petite piscine intérieure appréciable et table appréciée. Au registre des palaces, les regards se tournent vers le Cristallo. Du haut de ses 106 ans, entièrement réhabilité en 2001, il domine la station. Luxe et raffinement sans tapage. Le Cristallo possède un spa avec piscine de 15 m, en partenariat avec Transvital Swiss Beauty Center et le centre Isokinetic de réhabilitation du sport. Les soins sophistiqués s’inspirent de la cosmétique biodynamique.

Retour des pistes. Les habitués se retrouvent au LP 26, un bar-prosciutteria où l’on boit le spritz cher aux Vénitiens et goûte une charcuterie qui restitue les calories perdues à skis. Autre incontournable des débuts de soirée, l’Enoteca di Cortina, réputée à travers l’Italie : vins parfois inconnus, fromages et charcuterie artisanaux sélectionnés par Girolamo Gaspari. Montez aussi à Baita Fraina pour un dîner rustique, mais très élaboré : goûtez les mignons de knödel sur fondant de puzzone di Moena (un fromage) et sa carte des vins à faire pâlir d’envie… Tout cela dans un décor d’aussi bon goût, 100 % bois blond sculpté. Autre temple de la gastronomie, le Tivoli a ses entrées dans les guides et un menu dégustation où se succèdent carpaccio de scampi à la mousse de ricotta, écrevisses en croûte de polenta, puis tataki de thon.

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Morzine

Cocon cosy

La route de La Plagne, qui traverse Morzine, est bordée de restaurants et de boutiques. C’est l’heure du thé ? Tournons au rond-point de la Crusaz, vers l’hôtel La Bergerie et sa piscine extérieure, fumante au milieu du jardin enneigé. Devant le feu ouvert, un festin est dressé : gâteau au chocolat, oreillettes, crumbles, compotes, chocolats. Sophie et Caroline Marullaz comblent d’attentions leurs hôtes, du superbe petit déjeuner au goûter (ouvert aux non-résidents). Mais à 19 heures, la blonde Caroline met les  » grands  » à la porte pour faire dîner ses jeunes convives. A La Bergerie, seuls les moins de 12 ans ont le droit de souper. Pour les parents, s’il est encore tôt, un verre au Mas de la Couttetaz, maison d’hôtes so british, au-dessus du torrent, s’impose. Ardoise au sol, fauteuils crapauds en cuir, livres : Dorrien Ricardo, un Anglo-Tanzanien, y a instauré une formidable ambiance savoyarde.

Si les quadras apprécient Le Crépu et les moins de 20 ans l’Action Sports Café, Morzine ne veut pas rivaliser avec sa s£ur Avoriaz pour les zincs d’après-ski. Elle n’est pas show-off, des bars aux boutiques. Ici, on aime la décontraction et la convivialité : discuter avec Gérard Menu dans son atelier de poterie, s’habiller sportswear chic dans la boutique Entre Deux Ours, où la mode est colorée et très tendance dans le style  » folklo des montagnes  » et déguster sans complexe les boules de neige de caramel tendre dans une coque de chocolat de La Bonbonnière !

Pour compenser, on fait un saut dans les spas tout neufs, fleurant le mélèze et la citronnelle. Catherine Signoret a ouvert Massages du Monde, où les soins ne sont pas expédiés en une demi-heure, mais durent, durent. Et tous les traitements du Cocon au pays des flocons, le spa de Nathalie Bron, comportent un soin à la main. A Morzine, on bronze, on papote, on se laisse chouchouter et on se repose. Avec cinquante hôtels – chiffre record pour une station alpine -, dont beaucoup de 2-étoiles gérés par des passionnés, plus de jolies maisons d’hôtes comme le Chalet des Ardoisiers, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets.

Bien sûr, les restaurants abondent. Déjà, sur les pistes, on hésite : entre l’intime chalet du Vaffieu, une cabane de trappeurs où Carole et Christian servent une onctueuse tartiflette, et la grande salle lumineuse de La Pointe de Nyon, ouverte sur les sapins, où l’on vous propose même des petits chaussons ! Le soir, attiré par un chaudron de soupe fumant à l’extérieur (et peut-être aussi par son exquis vin chaud), on réserve à La Chamade, chez le chef-écrivain Thierry Thorens, où les assiettes copieuses de jarret en cocotte ou de truite s’accompagnent de légumes anciens redécouverts. Ou dans le décor épuré de L’Atelier d’Alexandre, au rez-de-chaussée de l’hôtel Le Samoyède. Après le dîner ? Eh bien, la patinoire du Palais des sports reçoit les matchs de l’équipe de hockey, le cinéma Colibri accueille avant Paris, mais oui, des avant-premières, et l’Opéra, un soir par semaine, fait danser les ados – sans alcool et sans cigarettes.

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Renaud Richebé; Alice Kerguelen; Renaud Richebé; Alice Kerguelen; Renaud Richebé; Alice Kerguelen

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