Imaginez une famille juive éparpillée à travers le monde, mais liée par le fil régulier du courrier. Chacun y va de ses confidences composant un étonnant roman-vérité où se mêlent rendez-vous manqués, amour, doutes et maladie des êtres qui nous sont les plus chers.

Que répondez-vous à la question  » Qui suis-je ?  » ?

Une personne toujours en chantier, qui se projette sans cesse dans l’avenir et n’arrête pas d’écrire.

Avez-vous encore  » l’enfance collée aux semelles  » ?

Oui, mais je ne suis pas pour autant nostalgique. Il me reste la peur d’avoir choisi le mauvais chemin. Je suis dans le regret et le deuil des options car je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a d’autres vies possibles.

Est-ce que  » tout s’est joué dans l’enfance  » ?

En tant que fille d’un psy freudien, je l’ai longtemps cru, mais je suis désormais révoltée contre cette idée. On trimballe effectivement ses casseroles, mais on peut s’en débarrasser à un moment donné.

Votre plus beau souvenir d’enfance ?

Celui de mes parents aux Seychelles, l’une des seules images d’eux ensemble. C’était mon premier arc-en-ciel. J’avais 3 ans et ma mère était enceinte. Mes parents m’ont appris à être libre et à accepter d’être qui je suis.

Que rêviez-vous de devenir ?

Écrivain. Dès que j’ai su écrire, je me suis mise à raconter des histoires. Jeune, j’étais très menteuse, mais aujourd’hui je suis trop transparente.

L’écrivain est-il un docteur pour chagrin ?

Oui, mais un bon écrivain est un docteur pour le chagrin des autres, pas seulement pour le sien, sinon ça vire au cahier de doléances.

Pourquoi ce roman sous forme épistolaire ?

Parce que ce genre m’a toujours plu. Inhibée, j’ai du mal à parler, alors je suis une habituée des lettres. J’ai même été la Cyrano de tous mes copains ( rires) ! L’idée de s’adresser à une personne aimée a quelque chose d’intime.

La plus belle lettre reçue ?

Celle de mon père pour mes 20 ans.

Et celle que vous n’avez jamais envoyée ?

Elles sont liées à une histoire d’amour. Je les ai d’ailleurs gardées dans une boîte. L’autre ne l’a jamais su.

Pourquoi est-ce dur de dire  » Je t’aime  » ?

Parce qu’on attend une réponse en retour. Mon roman parle d’une famille dont les douleurs et l’amour sont enfermés dans le silence.

La famille est-elle sacrée ?

Celle avec laquelle on arrive au monde constitue un lien inexplicable, dont on est prisonnier. Puis, il y a celle que l’on crée. Ce que j’aime dans ma vie d’adulte, c’est justement le clan d’amis qui incarne ma famille de c£ur.

Les terres saintes, par Amanda Sthers, Stock, 206 pages.

KERENN ELKAÏM

« Un bon écrivain est un docteur pour les autres. »

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