Fille de joaillier et amie de Nicolas Sarkozy, elle est la présidente de Tiffany & Co France et Benelux. Agnès Cromback aime la retenue, le bleu marine et My Fair Lady. Pas vraiment bling-bling.

C’est comme une déception. Par les fenêtres des bureaux de direction de Tiffany & Co, le mythique joaillier new-yorkais, on ne voit pas Central Park mais la butte Montmartre. Et quand on baisse la tête, ce n’est pas la Cinquième avenue mais la place de l’Opéra. Pas de taxis jaunes non plus, ni de gratte-ciel. Ce syndrome de l’enseigne qui ne se trouve pas à sa place, Agnès Cromback le connaît bien, cela fait dix ans qu’elle le combat.

Quand, en 1999, cette élégante jeune femme prend la tête de la filiale française de Tiffany & Co, avec une première boutique près de la place Vendôme, il lui faut partir de zéro…  » À cette époque, l’immense majorité des gens ne nous connaissait pas.  » Malgré Diamants sur canapé, le film culte qui lia à jamais son actrice, Audrey Hepburn, à la fameuse boutique de bijoux de Manhattan ?  » Oui et l’infime proportion de personnes qui voyagent à travers le monde trouvait que notre magasin était moins bien que celui de New York, car moins grand et avec moins de choix. Tout était à faire : arrêter de dire du mal de la marque sous prétexte qu’elle n’était pas exportable et conquérir le public. Mis à part Bulgari, toutes les maisons de joaillerie de luxe, de Chanel à Dior, ont leur siège central ici, à Paris. C’était difficile d’exister parmi elles et de faire valoir nos différences.  » Quelles spécificités ?  » Nous proposons une foultitude de créations dont le prix se situe entre 100 et 200 euros. Nous avons été les premiers à mettre en exergue une approche épurée du bijou comme le diamant tout simple, monté sans fioritures sur un corps de platine.  »

Après une décennie de haute stratégie, la présidente de Tiffany & Co France et Benelux – qui compte aussi une boutique à Bruxelles, boulevard de Waterloo – avoue n’avoir pas encore gagné la partie.  » Mais Agnès Cromback est du genre tenace. Avant d’endosser de telles responsabilités, cette ancienne élève d’une école de commerce vendait des photocopieurs chez Rank Xerox.  » Je n’aimais pas du tout ce que je faisais mais c’était hyperenrichissant. Tout sert dans la vie. « 

Fille d’un joaillier lyonnais (elle est née Augis), elle n’a entendu parler que de  » ça  » toute son adolescence. Après Rank Xerox et un détour aux États-Unis, elle fera ses armes chez Poiray, un confrère de la place Vendôme, avant d’être recrutée par un chasseur de têtes pour diriger la marque joaillère américaine sur le sol français. Tiffany & Co lui va à ravir. Elle l’évoque en lâchant  » c’est mon bébé « , mais sans une once de pathos. Une manière de vouvoyer son entourage avec ce qu’il faut de chaleur et de retenue, à l’intersection de la délicatesse et de la fermeté. Elle aime ce qui a une âme, les livres de David Foenkinos (lire aussi en page 44 et en page 89 ) plus que les photos trash de Cindy Sherman. La légèreté pétillante de la comédie musicale My Fair Lady, elle adore.

Parfaitement bilingue, son goût pour les Etats-Unis est connu au-delà du cercle de ses proches. N’est-ce pas elle et son mari Bruno qui invitèrent Cécilia et Nicolas Sarkozy pour leurs premières vacances présidentielles à Wolfeboro, chicissime station balnéaire de la côte est ? Certains observateurs iront jusqu’à faire un lien entre la Légion d’honneur décernée à la présidente de Tiffany & Co en 2008 et son amitié avec le premier magistrat de France dont la cote d’impopularité bat aujourd’hui tous les records.  » Je suis très déroutée par l’injustice des commentaires dont Nicolas Sarkozy est l’objet. C’est quelqu’un d’attentif aux autres, de gentil et de brillant.

Quant au motif bleu, blanc, rouge qui orne le gilet qu’elle porte le jour de notre entretien, il ne faut y voir aucune marque de patriotisme. Seulement les couleurs étendards de la griffe Moncler.  » J’adore le bleu marine et le blanc, j’en porte toujours, cela fait sourire mes amis. J’ai passé toute ma scolarité en uniforme, chez les s£urs… Vous voyez, cela ne m’a pas traumatisée. « 

Carnet d’adresses en page 83.

PAR ANTOINE MORENO

J’ai passé toute ma scolarité en uniforme, chez les s£urs…

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