Bienvenue chez moi

C’est un pays étrange et fascinant où  » Bienvenue chez moi  » se dit  » Marche sur mes yeux « . Ce portrait de l’Iran d’aujourd’hui est signé par Serge Michel et Paolo Woods. Cinq bonnes raisons d’en faire son livre de chevet. 1. Parce que Marche sur mes yeux est un projet OVNI. Et de longue haleine, imaginé au printemps 2005, basé sur une idée en apparence simplissime :  » Et si on faisait une série de portraits d’Iraniens heureux ?  » Histoire de raconter autrement un pays qui ne cessa d’attirer  » irrésistiblement  » les deux auteurs. Qui a, un jour, mis les pieds là-bas comprendra.

2.Parce que Serge Michel et Paolo Woods sont des êtres rares, intelligence et finesse chevillées au corps. Le premier, journaliste, connaît l’Iran de l’intérieur, pour y avoir vécu quatre ans, de 1998 à 2002, comme correspondant à Téhéran pour Le Figaro, Le Temps et Le Point. Ce qui lui valut d’ailleurs le Prix Albert Londres 2001. Le second, photographe, scrute la République islamique depuis la même époque à peu près, sans oublier les autres endroits du globe, pour Time, Newsweek, Le Monde magazine ou Géo. Avec expos à la clé.

3.Parce que cette plongée au c£ur de  » l’Axe du Mal  » met à mal tous les clichés du genre, loin des Jamais sans ma fille, des rodomontades ahmadinejadistes et des raccourcis de l’Histoire.

4.Parce que, en une constellation de portraits ciselés, on voyage en Paykan, pleure l’imam Hossein, pique-nique devant le mausolée de l’ayatollah Khomeyni, soupèse un tapis persan coquin, écoute Nirvana et lit les poèmes d’Omar Khayyam. On y croise pêle-mêle un comédien grimé, une dentiste sage, un mollah élégant, une pèlerine ravie, un bazari opulent, une jeune épousée en honeymoon, une bourgeoise liftée, un gardien de l’ordre islamique sûr de son fait, un tagueur fan de Banksy et un ange qui aime les martyrs. Ne pas s’arrêter à cette liste qui pourrait faire croire que le regard des deux auteurs cartographie avec dichotomie. Rien de tout cela. Mais de l’humour, de la subtilité et de l’humanité.

5. Parce que depuis un an,  » une nuit sinistre  » semble s’être abattue sur ce pays de passions et qu’il ne faudrait surtout pas abandonner les Iraniens à leur triste sort. Il y a du vert sur la tranche et sur la quatrième de couverture de ce livre. Et en exergue, une dédicace,  » à l’avenir de l’Iran « .

Marche sur mes yeux, Portrait de l’Iran aujourd’hui , par Serge Michel et Paolo Woods, Grasset, 365 pages.

Anne-Françoise Moyson

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