Barbara Witkowska Journaliste

Extravertie et surdimensionnée, la nouvelle joaillerie s’adresse à la femme moderne sûre d’elle-même. Qui opte pour des créations uniques, personnelles et singulières.

Aude Lechère Adoratrice de la pépite

Volumes généreux, silhouettes sculpturales, formes byzantines ou baroques, dessins allurés, voire insolents… Les bijoux d’Aude Lechère ne passent pas inaperçus. Sa marque de fabrique ? La pépite, un anneau en or massif, épais, vigoureux et irrégulier, serti au centre d’une pierre fine. Déclinée de mille façons, la pépite se fait bague, alliance en trois tailles, bracelet, collier ou encore pendentif en forme de croix. En version plus spectaculaire et théâtrale, voici le duo de bagues Queen et King, construites, toujours, avec de multiples pépites et couronnées d’améthystes. La première arbore de surcroît un immense cabochon de quartz rose, tandis que la seconde affiche une pierre de lune grise. Les pierres fines, soigneusement sélectionnées, séduisent par leurs tonalités tendres et des harmonies pleines de douceur. Superbe, cette collection  » Dentelle  » où les pierres sont prises dans des boules d’or perlé. On admire le bracelet Planète avec sa mosaïque de cabochons de pierres différentes. Les tailles, les dimensions, les hauteurs, rien n’est pareil. On est loin de la rigueur et de la perfection géométrique.

Parisienne pure souche, très imprégnée de culture espagnole, Aude aime les formes irrégulières et spontanées où le geste de l’artisan est bien visible. Après une licence en philo et lettres à la Sorbonne, à Paris, elle travaille au service de presse mode chez Dior. Son carnet de croquis ne la quitte jamais. Depuis l’enfance, elle est en effet  » folle de bijoux  » et inlassablement dessine et interprète ses premières  » pépites « . Ses créations séduisent amis et parents. Il y a cinq ans, elle se lance à son compte. Une journaliste du  » Women’s Wear Daily « , conquise elle aussi, lui consacre un article… Le véritable coup d’envoi à sa carrière. Les plus grands magasins new-yorkais (Barney’s et Bergdorf & Goodman) passent commande, les Américaines craquent pour ses bagues baroques et voluptueuses, conçues comme de véritables gourmandises. Après les Etats-Unis, Paris découvre aujourd’hui son travail. Aude ne recherche pas une grande diffusion. Une fois par an, elle organise une vente privée au Plaza Athénée et privilégie des contacts sur rendez-vous.  » Le seul moyen, dit-elle, de faire partager sa passion et son travail et d’en parler avec amour et c£ur.  »

Antoine Chapoutot Joaillier en appartement

Antoine Chapoutot reçoit sa clientèle en appartement. L’occasion de découvrir, dans le calme, ses créations qui évoquent toujours une histoire, un être ou un souvenir. Dans la veine poétique, voici la bague Venise, inspirée par un pont de la cité des Doges, avec son design épuré surmonté… d’un petit pont pavé d’un patchwork de pierres fines ou précieuses que la cliente choisit elle-même. Le concept de la bague Navona, lui, est né sur la Piazza Navona à Rome et s’inspire des courbes voluptueuses de la place et de ses fontaines. Ce bijou est construit avec des fils d’or, souples et élancés, et s’orne d’une pierre au choix. Réalisée en or blanc, sertie de pierres et de diamants, Eolia est délicate, aérienne et légère et fait penser au vent. La bague Mamona, elle, a un nom riche en résonances mystérieuses. On peut l’adopter avec une perle, tournant sur elle-même à l’infini, ou avec un diamant fixe ; les deux versions témoignant du goût du créateur pour l’équilibre et la pureté.

Antoine Chapoutot a grandi dans la Ville lumière, dans une maison ouverte et conviviale, toujours prête à accueillir des artistes. Les visites de Combas, d’Erro, de Picabia ou de Feraud lui ont donné envie, très tôt, de se tourner vers l’art. Ses parents en ont décidé autrement. Diplômé d’une école de commerce, spécialisé en gestion financière, il entame donc une carrière bien sérieuse. A son palmarès, il adjoint une formation supplémentaire : un diplôme de marketing adapté à l’industrie de luxe. Lors d’un stage chez un diamantaire, le déclic se produit, enfin. Antoine décide de se consacrer à l’univers chatoyant de la parure. La créativité jaillit toute seule, comme si, accumulée depuis des années dans un coin de sa tête, elle n’attendait qu’à s’exprimer. Après une rapide étude du marché, Antoine choisit son créneau : la pièce unique et le sur-mesure, deux  » niches  » encore mal exploitées. Les rencontres, le dialogue et l’échange avec ses clients sont le meilleur moteur pour stimuler sa créativité. On peut lui demander le bijou le plus étonnant et le plus extravagant, mais aussi tout objet atypique en matière précieuse, comme par exemple… un marque-pages en or et en émail. C’est ce qu’on appelle du vrai sur-mesure.

Philippe Tournaire Architecte du bijou

Les joailliers sont parfois titillés par des créations horlogères. C’est le cas de Philippe Tournaire.  » Les portes du temps  » est une montre XXL, très spectaculaire et unique en son genre. Le concept ? Raconter l’histoire de l’humanité à travers les portes les plus célèbres : la mégalithique, celles des Lionnes à Mycènes ou de Persépolis, ou encore la porte romane. Les quatre angles sont décorés d’un chapiteau dorique qui donne à la montre davantage de force et de caractère. En face du remontoir, une porte sud-américaine évoque… une connexion à Internet. C’est celle qui ouvre sur le monde actuel. Le boîtier en or massif est équipé d’un cadran simplissime en ivoire de mammouth. Ce  » bijou  » horloger d’exception, relativement lourd mais confortable au poignet, est édité en une série limitée à 50 exemplaires.

Originaire de Montbrison, dans la région lyonnaise, Philippe crée en solo et exprime les choses comme il les ressent, avec une très grande liberté d’expression. Sa passion ? L’architecture ou plutôt le travail de construction par différents volumes, ainsi qu’une recherche minutieuse et approfondie sur la couleur. Fascinantes, les bagues de la collection  » Villa de rêve  » sont composées comme un village ancien de Provence. Les silhouettes des  » maisons  » sont influencées par la taille des pierres. Philippe pratique volontiers le sur-mesure. Vous pouvez lui demander une reproduction fidèle de votre demeure.

Ses bagues de fiançailles sont tout aussi atypiques. Trouvant le Solitaire un peu… seul, Philippe lui offre un compagnon, un second diamant, et propose le Solitaire Accompagné. Les hommes ne sont pas oubliés. La chevalière réinventée, telle la bague Tanaüs interprète, elle aussi, le concept de la construction architecturale. Mais la palette chromatique est forcément plus sobre.

Carnet d’adresses en page 68.

Barbara Witkowska

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content