Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45,

dans l’émission de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

S urtout, ne pas attraper le cafard. Ne pas l’écraser non plus. Le laisser vivre, gambader et explorer sereinement l’appartement du maître. Cocasse, cet avertissement singulier est actuellement très en vogue dans les grandes villes australiennes. Là-bas, aux antipodes, la dernière tendance en matière d’animaux domestiques consiste en effet à élever des blattes à domicile. Attention, pas n’importe lesquelles ! Pas les vulgaires insectes que l’on retrouve sous les paillasses mal entretenues ! Non, l’idée est ici beaucoup plus noble (si l’on ose dire) puisqu’il s’agit d’idolâtrer le  » Macropanesthia Rhinoceros « , la Ferrari des cafards tropicaux ( photo). Grosse bébête d’une dizaine de centimètres, la  » Blatte Rhinocéros  » se caractérise par une carapace épaisse et une discrétion légendaire. Elle est inoffensive, sociable, propre, sobre (quelques feuilles sèches d’eucalyptus suffisent) et elle affiche surtout une durée de vie spectaculaire pour un insecte de cette espèce (7 à 10 ans de longévité). Nettement moins bruyante qu’un chien, beaucoup moins encombrante qu’un chat, elle supporte facilement l’absence prolongée de son propriétaire et fait évidemment sensation lorsque des invités débarquent à la maison. D’où le succès récent de ce cafard original devenu, malgré lui, le nouvel animal- gadget d’Australie, sa terre natale. En Europe, le phénomène en est encore à ses balbutiements, même s’il est d’ores et déjà possible de se procurer cette bestiole exotique sans trop de difficultés. Une ferme australienne exporte volontiers la  » Blatte Rhinocéros  » à l’étranger ( www.insectfarm.com) et les passionnés ont désormais l’opportunité de s’offrir ce cafard géant en Allemagne au prix de 100 euros l’adulte et 20 euros le bébé ! Certes, l’effet de mode n’a pas encore gagné les salons européens, mais l’attrait pour ce genre d’insecte domestique risque fort d’augmenter au fil des prochains mois. Toujours avides d’originalité, les consommateurs craquent de plus en plus facilement pour l’originalité, fût-elle animalière. Ainsi, au cours des deux dernières années, la demande pour les  » NAC  » (traduisez les  » Nouveaux Animaux de Compagnie « ) a littéralement explosé chez nous, augmentant spectaculairement le nombre d’iguanes, de mygales mais aussi de furets comme bébêtes domestiques branchées (pour info, voir le site étonnant de ce vrai passionné belge de  » NAC  » : http://users. skynet.be/adrizoo). A priori amusant, le constat est malheureusement consternant dans son ensemble : les chiens et les chats sont presque devenus banals et les amateurs de bébêtes sympathiques privilégient désormais l’exotisme au c£ur de la maison, parfois par passion, souvent pour la frime, au risque de se révéler incapables de s’en occuper convenablement. Dieu merci, des poches de résistance s’organisent pour canaliser au mieux ces courants de mode animaliers comme, par exemple, le travail de la Ligue nationale belge pour la protection du furet ( www.lnpf.be). Mais la dérive est bel et bien là et ses effets, souvent dévastateurs. Il convient de résister. Foi de blatte !

Frédéric Brébant

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