Et si cette année, on faisait table rase des présents inutiles et prévisibles ? De nombreuses ONG proposent des cadeaux solidaires, virtuels ici, mais bien réels à l’autrebout du monde.

Chaque année, c’est pareil. Le sapin n’est pas encore garni, mais une petite pointe d’angoisse – toujours la même – vous vrille déjà l’esprit. Qu’offrir, que demander quand on a – eh oui, c’est presque indécent de le direà – déjà tout, ou presque ?  » Chercher des cadeaux pour tous les membres de la famille, c’était devenu un vrai casse-tête, se souvient Michèle, 42 ans. Alors comme beaucoup, nous avons commencé par tirer au sort le nom de celui ou de celle que l’on devait gâter. Un système qui ne nous satisfaisait qu’à moitié. Jusqu’au jour où ma belle-s£ur nous a proposé de constituer une cagnotte avec l’argent destiné aux cadeaux des adultes pour offrir des animaux de ferme à des paysans maliens.  » Oubliées donc les cravates guindées et les boucles d’oreille kitsch que l’on ne porte jamais. Un troupeau de chèvres virtuelles ici, mais bien réelles là dans un petit village d’Afrique, les a heureusement remplacéesà

Plus c’est concret, plus ça marche

En lieu et place de présents inutiles, les Belges sont de plus en plus nombreux à préférer ces cadeaux immatériels, qui à l’arbre de Noël, prennent la forme d’une carte à l’effigie du présent choisi.  » Nos donateurs aiment visualiser ce qu’ils offrent, reconnaît Cécile Duwée, responsable du service récolte de fonds chez Oxfam. Plus ce que l’on propose est concret, mieux ça marche. Certains articles – les chèvres notamment – ont tellement de succès que l’offre finit parfois par dépasser la demande. Dans ce cas, l’argent est réaffecté à des projets de même nature. Nous le précisons clairement : tous ces cadeaux sont symboliques.  » Initiée l’an dernier, l’opération  » Oxfam s’emballe !  » a connu un réel succès et a permis à l’association humanitaire de toucher aussi un autre public qui voit ces cadeaux comme un petit plus.  » Dans 50 % des cas, les présents immatériels achetés via notre site Internet étaient des cadeaux complémentaires « , ajoute Cécile Duwée. Un petit plus en marge du cadeau  » normal « , qui, selon la traditionnelle étude Deloitte portant sur les intentions d’achat des Belges à l’occasion des fêtes de fin d’année en 2009, se doit plus que jamais d’être durable. Un rapport qui insiste aussi sur le fait qu’un Belge sur deux – un chiffre nettement supérieur à la moyenne européenne – préfère recevoir un chèque cadeau plutôt qu’un présent bien réel. Un bon qui dans le cas des cadeaux solidaires s’échangeà à l’autre bout du monde.

 » Les gens sont en quête de présents qui aient du sens, souligne Sylvie Hauglustaine, responsable développement des ressources chez Plan Belgique qui propose sur son site, pour la troisième année consécutive, une liste d’achats malins. C’est très important d’être concret, de qualifier de manière précise ce que l’on fait avec l’argent reçu. C’est d’autant plus vrai lorsque les budgets sont limités. Si l’on a 40 euros à donner, on a envie de savoir à quoi ils peuvent vraiment servir.  » Parce que chaque centime compte, la campagne 2009 de MSF va même jusqu’à détailler, poste par poste, des protocoles médicaux. Donner 0,84 euro de moins revient à priver trois enfants atteints de rougeole d’antibiotiques pendant 28 joursà

Un prêt pour un snack-bar

 » Ce type de produits connaît un engouement certain, détaille Michel Lorge, directeur de la collecte de fonds chez Unicef Belgique qui lance cette année sur son site Internet sa première collection d' » inspired gifts « . On voit qu’avec 5 euros – ce qui n’a l’air de rien – on peut offrir 50 sachets de sel de réhydratation. Et sauver la vie d’un enfant. Nous vivons dans une société de l’illustration de ce que l’on dit plus encore que de l’image. Il est important que les gens puissent, à défaut de le voir,  » imaginer  » leur cadeau.  » Et le bonheur probable qu’il procurera à celui qui le recevra.

C’est d’ailleurs dans cet esprit que Kiva, un organisme de microcrédits met en contact des entrepreneurs de pays en voie de développement avec des financiers de bonne volonté. Pas besoin pour investir dans ces projets d’être millionnaire. Et l’argent prêté – par tranche de 25 dollars (17 euros) -, parfois remboursé en quelques jours, est immédiatement réinvesti.  » L’an dernier, ma petite s£ur et moi, nous avons reçu chacun 20 euros pour Noël que notre papa nous a proposés de confier à Kiva, raconte Terence, 9 ans. Je suis allé sur le site sélectionner le projet que je voulais soutenir et j’ai choisi un petit snack-bar, en Tanzanie. En moins d’un mois, l’argent était remboursé. J’aime bien me dire qu’un jour, si je voyage dans cette région, j’irai manger dans ce restaurant. « 

Et si malgré tout, au matin de Noël, vous avez face à vous des cadeaux indésirables, Kidonaki, le nouveau site belge de ventes aux enchères solidaires pourrait bien vous sauver la mise. Selon l’adage qui veut que la poubelle de l’un soit le trésor de l’autre, votre rossignol trouvera sûrement preneur. L’argent de la transaction sera pour sa part directement versé sur le compte de l’association humanitaire de votre choix enregistrée sur le site. De quoi changer, comme par magie, un méchant foulard imprimé panthère en six moustiquaires pour des enfants du Burkina Fasoà

www.oxfamsemballe.be ; www.msf.be ; www.cadeauplan.be ; www.unicef.be ; www.kiva.com

Par Isabelle Willot

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