Sage comme une image. La classe, la gentillesse en prime. Pas comme ces bimbos de pacotille, en quête désespérée de notoriété. Non. Dita von Teese (de son vrai nom Heather Sweet) est une pro, une vraie. Strip-teaseuse, danseuse, mannequin, on pouvait la croire plus sulfureuse. Avec des exigences de diva. Normal, l’ex du rockeur Marilyn Manson n’est-elle pas une véritable icône fétichiste, une  » burlesque performer « , comme elle se qualifie elle-même ? Devant l’objectif de notre photographe, elle a rentré toutes ses griffes, se pliant avec grâce et souplesse aux exigences d’une production haute couture exceptionnelle, époustouflant ainsi toute une équipe frottée jusqu’ici à bien des caprices de stars (lire pages 12 à 19). Dita se veut et est unique. Son univers, elle le façonne à l’image des pin-up et des étoiles hollywoodiennes des années 1940. Le rétro chic, c’est définitivement son style.

Être unique, la belle affaire ! Et la préoccupation, semble-t-il, d’un nombre croissant de fashonistas. Après des décades d’excès et d’extrêmes, l’heure modeuse serait, désormais, à la discrétion, à la modération. Pas le genre, certes, de Dita qui a choisi délibérément le camp du glamour. Non, nos nouvelles fashion victimes, elles, se hasardent plutôt sur le chemin du dépouillement chic. Une réaction épidermique, une forme de ras-le-bol, diagnostiquent les spécialistes, devant l’outrance qui frise le mauvais goût, le trop qui conduit à l’overdose. Un calvinisme vestimentaire qui puiserait ses racines dans une philosophie de la vie à la simplicité désarmante. A l’argent, on préférera désormais la jouissance du temps. Aux gadgets on opposera la qualité des relations humaines, le mieux vivre mais en dépensant moins.

Mais attention à ne pas basculer dans la banalité. Au contraire. L’extravagance est même autorisée, si elle s’inscrit dans la discrétion maîtrisée. Tout est dans le détail, la coupe, la marque que seuls quelques initiés identifieront. On peut même choisir de se vêtir tout de noir ou de blanc, histoire de s’épargner les choix cornéliens le matin devant sa garde-robe. Mais on optera de préférence pour un pull griffé Jil Sander ou un pantalon Margiela. Deux créateurs qui cartonnent, tant ils relèguent le tapageur au rang du vulgaire. La prudence impose, aussi, de n’ajouter que le nécessaire, l’indispensable. Au diable donc l’accessoire inutile, le surchargé, le clinquant ! Seuls comptent la paix de l’âme et le respect de sa santé.

Aujourd’hui, et probablement davantage demain, les gens veulent moins, pas plus, prétendent les trendsetter, dont le flair se veut infaillible quand il s’agit de décortiquer le moindre frémissement sociologique. Place donc aux consommateurs conscients. Voire même résistants. Quels seront leurs désirs de demain ? Une question lancinante pour les marques et les griffes. Le xxie siècle sera-t-il éthique chic ou définitivement chaotique ? A suivre…

Christine Laurent

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