Dans ce bel appartement stambouliote, un couple belgo-turc partage une passion pour les antiquités, l’Istanbul 1900 et la déco métissée. Poussez la porte d’un cocon raffiné où s’illustre aussi l’éblouissant savoir-faire des artisans turcs

En se mariant, Asli Tunca et Carl Vercauteren ont aussi mis en commun leurs passions pour les antiquités. Leur complicité s’illustre avec brio dans la création de mobiliers et l’aménagement d’intérieurs. Le tout basé sur le savoir-faire infiniment précis des artisans turcs. Leurs bureaux stambouliotes de Galatasaray, à deux pas de la fameuse artère piétonnière Istiklal Caddesi, sont considérés comme un des endroits les plus étonnants de la capitale.

Tout commence voici une dizaine d’années lorsque Asli, une décoratrice turque, séjourne quelques jours à Anvers, en attendant le départ vers Istanbul d’un container de mobiliers et d’objets anciens. Styliste de mode, elle a exercé ce métier durant douze années, jusqu’à ce que son intérêt pour les antiquités l’emporte.  » J’ai toujours aimé chiner, confie-t-elle. A chacun de mes voyages, j’avais le coup de foudre pour des choses, dont certaines meublent aujourd’hui notre appartement. Et un jour, la passion est devenue profession. « 

En visite chez des amis, Asli fait la connaissance de… son futur mari. Antiquaire, Carl est aussi un artiste dans l’âme. Il a commencé à peindre à l’âge de 7 ans et a terminé ses études de sculpture à l’académie d’Anvers. Son installation à Istanbul lui a offert de nouveaux horizons.  » On trouve encore ici un artisanat de grande qualité, souligne-t-il. Il y a de véritables experts qui maîtrisent les techniques anciennes et qui sont capables de produire des mobiliers ou des objets comme il y a deux ou trois siècles. « 

A Istanbul, Carl peut exercer à souhait son amour du trait.  » Nous ne nous contentons pas de faire reproduire des mobiliers connus, s’enthousiasme-t-il. Les mobiliers anciens ne sont pas toujours adaptés aux exigences de la vie contemporaine. Vous pouvez écumer les bonnes adresses pour rechercher un certain type de table durant des années sans jamais le trouver. Nous sommes à même de vous proposer une interprétation qui puisse convenir à votre cadre de vie. C’est le cas, par exemple, d’un des longs canapés « jumeaux » de notre salon. L’original se reconnaît par ses côtés exécutés en cannage. Il est peu confortable. Je l’ai redessiné en l’adaptant aux normes d’aujourd’hui. L’assise est un peu plus basse, il est plus profond ce qui permet de prévoir d’épais coussins, moins durs. « 

L’appartement d’Asli et Carl se trouve à Maçka, dans un des quartiers les plus chics d’Istanbul, là où se sont installées les boutiques de Gucci ou d’Armani. Il a fait l’objet d’une minutieuse rénovation. L’immeuble du xixe siècle avait certes conservé tout son charme extérieur.  » Mais ici, comme dans beaucoup de villes anciennes, les années 1960 ont fait bien des ravages, se désole Asli. Dans l’appartement, il y avait des faux plafonds en plaques de plâtre, les portes originales avaient été enlevées et les sols modifiés. A peu de chose près, nous avons tout changé. Pour la porte d’entrée, nous avons eu beaucoup de chance car le propriétaire de l’entresol se débarrassait de la sienne. Mais toutes les boiseries intérieures, elles, ont été exécutées selon les dessins de Carl. « 

Les travaux commencent par une réorganisation des fenêtres.  » D’une part, nous n’avions pas de vue vers le Bosphore, ce qui fait tout le charme d’Istanbul, poursuit Asli. Nous avons donc percé deux grandes baies sur le balcon arrière, là où est notre chambre. D’autre part, comme nous sommes nichés au sommet de l’immeuble, nous avions des fenêtres qui donnaient sur les façades arrière peu esthétiques des bâtiments voisins. Nous les avons refermées pour ne ménager que des petites ouvertures, comme l’£il-de-b£uf de notre salle de bains. « 

Celle-ci est une petite merveille, témoignant du savoir-faire local. Une ancienne armoire de dentiste, aujourd’hui placée à l’arrière de la baignoire, a conditionné sa  » mise en scène « . L’ensemble des rangements muraux a ensuite été conçu sur mesure, en parfaite harmonie. Quant à la baignoire et les robinetteries classiques, elles ont été importées de Grande-Bretagne. Le sol, lui, est pavé de marbre blanc, un matériau très apprécié en Turquie.

C’est aussi du marbre blanc que l’on trouve dans le grand living situé en façade avant. La pièce a été entièrement refaite.  » Nous avons éliminé les faux plafonds, indique Carl. Et nous avons valorisé les petites voûtes et les poutres métalliques de la structure, ce qui confère une allure plus brute, plus actuelle à la pièce. La cheminée a été achetée à Londres et j’ai amené le cheval de manège décoratif et la table basse de Belgique. Ce métissage est la signature de notre appartement, que nous avons voulu cosmopolite, à l’image de l’Istanbul des années 1900, celui que nous aimons. « 

Dans le même esprit, Asli et Carl planchent actuellement sur un grand projet : celui de l’aménagement intérieur de l’hôtel Ottoman qui sera prochainement inauguré sur les rives du Bosphore.  » Cela m’a ouvert de nouvelles perspectives, note Carl. Je suis souvent influencé par nos voyages. J’aime Venise, par exemple, qui partage une longue histoire avec Istanbul. Mais c’est la période ottomane qui m’intéresse particulièrement aujourd’hui. « 

Carnet d’adresses en page 122.

Jean-Pierre Gabriel

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