des clics (et des claques)

 » Les filles, gardez vos rêves d’enfant, si Meghan Markle l’a fait, nous aussi on peut devenir des princesses.  » Bon, outre le fait que quand j’étais petite j’étais plus attirée par le camion-poubelle Playmobil que par Barbie Princesse des coeurs, le Royal Wedding et les cortèges de messages dégoulinants sur la condition d’altesse me sont un peu restés sur l’estomac. Oui, au point que je n’ai pas encore vraiment digéré. Non, toujours pas aujourd’hui, plus de deux semaines après. Entendons-nous bien, l’amour c’est super, la royauté c’est beau et symboliquement, une roturière américaine, divorcée et descendante d’esclave à Buckingham, c’est plutôt fort. Mais je pense que si je vois un sujet télé ou un documentaire de plus sur Meghan Markle, je vais me manger les globes oculaires. Ou plutôt les tympans. Si je pouvais avoir juste l’image et m’épargner les tombereaux de sexisme générés par ce mariage, je ne dirais pas non. Les photos de l’actuelle Duchesse de Sussex, jeune ado, joliment joufflue et cheveux crépus ?  » Elle s’est prise en main, a affiné sa silhouette et s’est lissé la chevelure, devenant la belle jeune femme qu’on connaît aujourd’hui.  » Ah bon, pour être jolie, il faut devenir filiforme et abandonner une partie de son africanité ? Depuis quand les cheveux crépus sont signe de laideur ? Vous imaginez Angela Davis avec une frange ? Mais cette grande célébration de la conformité, au milieu de trois commentaires sur la joie de voir la famille royale anglaise accueillir  » un peu de diversité « , c’est de la roupie de sansonnet comparé aux commentaires extatiques sur les sacrifices qu’elle a dû faire pour devenir la femme de Harry. Contrainte d’arrêter de travailler, de s’exprimer librement et de se déplacer à sa guise, contrôlée de la couleur de son manteau à l’angle de son poignet qui salue royalement, obligée de sourire, interdite de rires francs, dépendant désormais financièrement de son mari, forcée de vivre dans son sillage. Je n’en reviens toujours pas que ça soit présenté unanimement comme une chance inouïe. Vous savez quoi ? Je préfère le camion-poubelle Playmobil.

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