Le minimalisme, très peu pour elle ! À Bruxelles, l’architecte Caroline Notté s’est aménagé un cocon où elle fait cohabiter tous les styles qu’elle aime. Sans oublier la pointe d’humour.

Le pied-à-terre bruxellois de Caroline Notté se trouve tout près de la place Georges Brugmann, dans un quartier résidentiel agréable, où se succèdent boutiques, restaurants et belles maisons.  » Vu d’en haut aussi, c’est un endroit fabuleux « , s’enthousiasme l’architecte. Basée à Knokke, la jeune femme se partage entre la cité balnéaire et la capitale où elle dispose de cet appartement niché au dernier étage d’un immeuble Art déco, dont les innombrables fenêtres lui offrent un panorama imprenable sur Bruxelles.  » C’est passionnant ! Il y a tant à voir : un ciel nuageux, des bâtiments de toutes sortes, des toits, des arbres… et même un coin de campagne, en regardant bien. Lorsque je me réveille le matin et que je jette un coup d’£il à travers les vitres, je peux voir la ville s’éveiller. J’adore ! « 

Caroline Notté s’adonne également à la photographie artistique : elle signe d’étonnantes compositions qu’elle met subtilement en lumière avec un éclairage de tableaux.  » Ici, il n’y a pratiquement aucune de mes £uvres. Cela peut vous sembler bizarre, mais je suis une vraie collectionneuse et j’apprécie aussi beaucoup les créations des autres. Du coup, j’achète de tout, sans me demander si j’ai encore un coin disponible… Je ramène mes trouvailles à l’appartement et je leur trouve une place, fût-ce par terre ou contre un mur. Je raffole également des meubles, surtout les modèles hors du commun. J’en déniche par exemple régulièrement chez Bea Mombaers, décoratrice et fondatrice de la boutique Items et d’un joli Bed & Breakfast où tout est à vendre, à Knokke, qui a toujours des merveilles. « 

Alors que la plupart de ses confrères affectionnent le minimalisme, Caroline Notté privilégie le métissage. Son intérieur bruxellois affiche une complexité à l’image de celle du paysage urbain environnant.  » J’ai eu l’occasion autrefois de faire un stage chez l’architecte Marc Corbiau, qui ne jure que par les lignes épurées. J’ai beaucoup appris… Mais ensuite, j’ai travaillé quelques années aux côtés du décorateur et réalisateur Lionel Jadot, féru d’objets qui a éveillé la collectionneuse qui sommeillait en moi. Aujourd’hui, mes goûts sont devenus très éclectiques : moderne, vintage, arty… J’aime une foule de styles différents. Il n’y a que les pièces asiatiques et ethniques qui ne m’attirent pas vraiment. Cette multiplicité est peut-être un peu une réaction au dépouillement qui continue largement à prévaloir dans les showrooms. « 

Dans la profession, on observe en effet encore trop souvent un certain malaise face à la décoration et une réticence à jouer d’ornements, de couleurs, d’atmosphères. D’aucuns associent aussi cette préférence pour les lignes claires et les intérieurs d’une grande sobriété à un profil plus sérieux.  » C’est vraiment la dernière de mes préoccupations, affirme Caroline Notté. Dans ce métier où tout doit être parfait, l’architecte passe déjà ses journées à tout contrôler, et même sur les chantiers, tout est minutieusement préparé et calculé, ce qui ne laisse guère de place à la spontanéité… Mon lieu de détente, lui, peut donc être libre de toute préoccupation stylistique. « 

Caroline Notté enseigne également au CAD (College of Advertising & Design), à Bruxelles.  » Je suis frappée de voir combien de jeunes ont peur de créer. Les premières tables qu’ils dessinent sont tout en lignes droites, et d’un ennui ! Ils n’osent pas faire appel à leur imagination. En plus, avec l’informatique, ils risquent de se retrouver à tous concevoir la même chose… Mon intérieur se veut donc anti-ordinateur et humoristique : pour moi, l’architecture et le design pourraient franchement se lâcher un peu ! « 

L’humour, Caroline Notté le conçoit avec un clin d’£il au surréalisme (sa chambre à coucher abrite d’ailleurs une £uvre de Dalí et sa cuisine, un jeans encadré signé Andy Warhol), surtout sous sa forme espagnole.  » Peut-être parce que j’ai vécu et travaillé deux ans à Séville, une ville de fêtes et de sensations intenses dont l’ambiance et la vie me manquent quelquefois encore… « 

Carnet d’adresses en page 137.

PAR PIET SWIMBERGHE

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