Emilie Dequenne  » Je suis mon outil de travail « 

En 1999, j’étais une parfaite inconnue. Il a fallu une demi-heure à Cannes pour que le monde du cinéma connaisse mon nom. J’étais toute jeune et il y avait un côté conte de fées à ce qui m’arrivait. A Cannes, on aime les nouveaux visages et surtout les entrées en force. En même temps, des tas de gens pensaient que je n’étais pas une véritable actrice. Ma cousine était, par exemple, très en rogne, parce que plein de filles qu’elle connaissait disaient qu’elles pourraient facilement en faire autant. Moi, ça m’était bien égal! J’étais indifférente à toutes les polémiques. Je savais ce que je voulais et je le sais toujours.

Cela vous énerve, que l’on cherche la jeune femme que vous êtes derrière les personnages interprétés?

Oui, d’autant que c’est un peu vain. Dans mes interviews qui sont publiées, je ne retrouve jamais ce que j’ai vraiment voulu dire. Maintenant, je me casse beaucoup moins la tête. Avant, je me faisais mal au crâne à force de vouloir être honnête et sincère, pour dire ce que je pensais profondément… et qui après ne se retrouvait pratiquement jamais sur le papier. De toute façon, je ne fais pas ce métier par thérapie, ni pour qu’on me connaisse. Je suis mon outil de travail. J’étale déjà largement ma personne physique devant la caméra. Si, en plus, il me fallait déballer ma vie privée… Mes histoires de coeur, je les garde pour moi. Mon copain, quand nous entrons dans un endroit où se trouvent des photographes, il se tient deux mètres devant ou derrière moi. Et quand j’aurai un enfant, je ferai peut-être une photo officielle avec lui et puis basta!

Vous pensez déjà avoir des enfants?

Oui, je veux en avoir jeune. J’ai toujours été en avance ( rire)! On me dit que j’ai bien le temps et qu’il faut que je profite de la vie. Mais profiter de quoi? Quand j’aurai des enfants, j’en profiterai aussi. Et puis, le temps file vite lorsque l’on travaille. Et je travaille depuis l’âge de 17 ans. J’en ai 20 aujourd’hui et il m’arrive encore de dire par lapsus que j’en ai toujours 17, tellement ça a été vite… Je connais une fille qui a six mois de moins que moi, mais quand je lui parle, j’ai l’impression qu’au moins six ans nous séparent. Nous ne sommes pas du tout sur la même longueur d’onde.

Vous vous sentez appartenir à une génération?

En ce moment, il y a plein de clans différents parmi les gens qui ont eu 18 ans entre 1985 et 1990. On se reconnaît au travers de ce qu’on aime. Moi, je me dirais de la génération techno. Celle qui, quand elle se réunit à plus de cinq et pousse un peu le volume de la musique, voit immédiatement rappliquer les flics ( rire)! En France, surtout. En Belgique, c’est mieux accepté. Mais trop de gens nous identifient de manière simpliste à une bande de drogués. C’est stupide parce qu’il y a moyen d’aimer la musique sans prendre de la drogue. On joue du djembé, on danse, c’est l’esprit de fête, plus que n’importe quoi d’autre. Mais nous sommes mal perçus.

Vous savez toujours fermement ce que vous voulez?

Oui, je m’écoute beaucoup et je déteste me contrarier ( rire)! S’il y a quelque chose que j’ai très envie de faire, et que je n’y arrive pas, je n’en fais pas une maladie. Mais s’il y a une chose que je ne veux pas faire, je ne la ferai pas. Jamais. En aucun cas et sous aucun prétexte!

Propos recueillis par Louis Danvers

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