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Situé dans un ancien immeuble de bureaux signé Léon Stynen, cet appartement bénéficie d’un intérieur chaleureux et rétro qui fait oublier la destination originelle des lieux et offre à ses occupants une vaste vue sur la ville. La belle reconversion.
Lorsqu’on se balade le long des artères anversoises et qu’on prend le temps de lever le nez pour contempler les façades, on découvre de nombreuses perles. Parmi celles-ci, ce bâtiment situé à l’angle de la Frankrijklei et de la Van Cuyckstraat : un édifice de bureaux construit en 1961 pour L’Assurance Liégeoise, selon les plans des architectes Léon Stynen et Paul De Meyer, et considéré comme très moderne à l’époque. Aujourd’hui, Paul Lambers et son épouse Dominique Penninckx y ont élu domicile et leur passion pour l’art de bâtir n’est pas étrangère au choix de cet endroit, rénové il y a quelques années.
Décédé à plus de 90 ans, Léon Stynen (1899-1990) a eu une carrière particulièrement longue et a signé notamment les casinos de Knokke, Blankenberge et Ostende. Déjà actif avant la guerre 40-45, il avait alors un style clairement inspiré du Bauhaus. Plus tard, Le Corbusier a eu une influence primordiale sur le concepteur belge, comme en témoigne la tour anversoise BP, trésor du patrimoine du xxe siècle qui abrite la banque Delen, ou ce building-ci, qui n’est pas sans rappeler le brutalisme raffiné de la Cité Radieuse, à Marseille, érigée par le maître français au début des années 50. Ici aussi, l’ensemble de la construction est suspendu à la trame de la façade qui sert de pare-soleil tout en apportant une dimension supplémentaire à l’habitat.
Jolie patine
Paul et Dominique ont longtemps vécu dans les bois de Bonheiden, en province d’Anvers. » Notre maison vieillissait, le jardin nous semblait tout à coup trop vaste et la ville nous attirait vraiment. C’est pour toutes ces raisons que nous avons déménagé vers le centre. Dans ce logement urbain, l’atmosphère est très agréable et nous n’avons plus besoin de voiture. De plus, notre vie culturelle s’est considérablement enrichie avec la proximité des cinémas et du centre artistique deSingel « , explique le maître des lieux. Le couple a acheté le bien brut et a fait appel au designer d’intérieur Jan Smits (*) pour l’aménager. Ce dernier a réussi à tirer parti de la structure initiale tout en redonnant un nouvel élan à l’habitation.
» Au début, la construction en béton était très présente, se souvient-il. Malgré la sensation d’espace déjà palpable, nous avons choisi de créer deux axes : un pour le couloir et un autre le long des fenêtres pour renforcer l’impression de profondeur. » Les propriétaires souhaitaient un logement lumineux, avec une vue plaisante sur la métropole, et simultanément un fort sentiment de protection. » C’est la raison pour laquelle nous avons limité le cloisonnement, précise encore le concepteur. Nous craignions que l’ambiance soit impersonnelle et froide ; c’est pourquoi nous avons utilisé du bois à divers endroits. » Pour le sol, par exemple, il ne s’agit pas d’une essence traditionnelle mais de teck ancien, issu d’un chantier de démolition et qui arbore une magnifique patine. Ce matériau résistant a été disposé çà et là, de la cuisine à la chambre, et colle parfaitement au goût des habitants qui préfèrent aux matériaux sans âme des contrastes entre surfaces brutes et plus lisses.
Cette envie d’authenticité se remarque notamment au travers de la cuisine Bulthaup, réalisée sur mesure. Elle est composée d’un plan de travail en marbre et de meubles avec finition en chêne noir poncé, combinés à un mur entier de zelliges marocains. Des éléments artisanaux et naturels en jouxtent ainsi d’autres, plus design. » Ce sont surtout les lignes générales qui sont épurées, pas les détails, souligne Jan Smits. A l’image des plafonds non parachevés qui ont été conservés et s’harmonisent parfaitement avec le mobilier. » Endommagés et poussiéreux, ils ont été légèrement restaurés. La réfection a toutefois été si bien effectuée qu’on ne la remarque même pas.
Un bois magnifique, provenant d’une ancienne grange et présentant une belle texture, a également été utilisé pour les murs de séparation. Lorsqu’il est soigneusement brossé et traité contre les vers, cet épicéa oxydé offre une belle touche patinée dans un aménagement contemporain. Tant les occupants que l’architecte d’intérieur aiment l’idée que l’esprit des lieux soit encore vivace malgré la rénovation. Et celui-ci est palpable dès le hall d’entrée au style très sixties, resté absolument intact.
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