JULIE BYRNE POUR PARTIR

© CHARLOTTE LAMBY

Dernier jour à Denver. Mes affaires ne sont pas prêtes pour partir. Je refuse de penser au vol à travers les fuseaux horaires pour Reykjavik. Je zone le long des avenues.

J’ai rendez-vous avec Chuck, le guitariste de Wovenhand devant le Lion’s Lair.

Portes closes. Je zone. Gris comme l’asphalte. Triste de quitter. Heureux de poursuivre la route. Je commande une Lone Star, au hasard d’une carte trop vaste pour mes pensées qui bégaient. Je pousse les portes d’une boutique de vêtements western, essayant de m’imaginer vêtu de l’une de ces chemises aux boutons de nacre, ornées de lassos et de mustangs cabrés. J’achète une paire de chaussettes à la place. Il fait froid.

Le soir tombe sur Denver et je rejoins Colfax, Good Old Colfax Avenue, me chauffer sous les néons du Bluebird Theater. Julie Byrne est à l’affiche. Son album m’accompagne depuis deux semaines à travers les hauts plateaux du Mid-West. Je discute avec mes compagnons de route. Je ris un peu trop fort. Je bois un peu trop vite. Comme à la fin d’une histoire d’amour. Marshall est là aussi. Il nous a rejoints depuis la Californie pour chanter quelques lignes sur l’album. Denver est fidèle à sa réputation : à la croisée de destins improbables, dressée au pied des montagnes qui ceinturent l’horizon comme un mur autour de la Terre. Comme dans le bouquin de Jack. Julie gagne la scène et entame son récital d’ange bleu blessé. Elle me rappelle un amour éteint. Souvenir d’un rêve américain qui a mal tourné. Ses chansons mettent le théâtre en lévitation.

Ensuite il faut dire au revoir. Déjà. Embrassades et tapes dans le dos sur le trottoir dans la nuit constellée de civilisations encore inconnues.

La route a tenu ses promesses. Nous tiendrons les nôtres.

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