Pendant les dix-huit mois qu’elle lui a consacrés, Françoise-Marie Santucci avait épinglé des photos d’elle partout. Telle une groupie, la journaliste de mode à Libération ne parlait plus que d’elle au risque de lasser ses amis…

Après avoir été critique rock, puis chroniqueuse judiciaire pour le célèbre quotidien français, Françoise-Marie Santucci s’est passionnée pour le phénomène Moss : son côté iconique, son reflet générationnel, son incarnation de la  » coolitude  » et de la culture rock and roll.  » Je l’ai traitée comme une héroïne d’un roman de Bret Easton Ellis « , confie-t-elle.

Simplement titrée Kate Moss (*), sa biographie retrace le parcours de cette adolescente banale, repérée à 14 ans à l’aéroport JFK à New York et qui va devenir l’emblème d’une génération et peut-être, au passage, celui d’un féminisme moderne.  » Elle se situe dans la mouvance d’une Patti Smith, d’une Jane Birkin ou d’une Françoise Hardy « , affirme Françoise-Marie Santucci. Avec son look de  » fille abandonnée  » ( » waif  » en anglais) qui mélange les styles à la perfection, brouille les pistes du masculin et du féminin, dégage candeur et soufre, la  » brindille  » incarne les paradoxes de notre société. Rebaptisée tour à tour  » reine du cool « ,  » sphynx des temps modernes  » pour son mutisme légendaire, mais aussi  » ph£nix qui renaît de ses cendres  » (après l’épisode incandescent où elle était surprise en plein délit de consommation de cocaïne, en septembre 2005), ce  » modèle « , au sens propre, d’une génération fait partie de notre mythologie moderne, et s’impose comme l’incarnation parfaite du présent. Telle est en tout cas la thèse que défend Françoise-Marie Santucci.

Qui est véritablement Kate Moss ? Quel est le secret de son style et de son succès ? La journaliste a cherché à résoudre ces énigmes sans jamais pourtant approcher celle qui a fait du silence une règle d’or et ne s’exprime plus, certes de manière remarquable, qu’à travers ses vêtements.  » Elle représente un véritable phénomène de tendance et, en ce sens, c’est passionnant d’étudier sa coolitude, s’enthousiasme l’auteur . Elle a inventé ce mélange de luxe et de fashion, une vraie liberté, une démocratisation de la mode.  »

L’ouvrage ne perd jamais de vue le background historique et sociétal du phénomène Moss.  » Elle incarne la modernité et c’est cela qui nous plaît « , analyse la journaliste. Au fil de ces 360 pages consacrées à l’icône, on repasse son enfance à Croydon, banale banlieue du sud de Londres, ses amants Pygmalion, dont Johnny Depp et le turbulent Pete Doherty, ses amies fashion, parmi lesquelles Naomi Campbell et Stella McCartney, mais aussi les créateurs Alexander McQueen ou encore John Galliano, sa cure de  » désintox  » dans une clinique californienne, sa carrière de businesswoman qui lui a fait signer un contrat de 4 millions d’euros avec la grande enseigne britannique Topshop.

La top, aujourd’hui âgée de 34 ans, exhale ce supplément d’attitude que les autres n’ont pas.  » Il n’y aura pas d’après-Kate Moss, conclut Françoise-Marie Santucci, l’époque est révolue, les mannequins d’aujourd’hui n’ont plus ce côté glamour et sulfureux à la fois. « 

(*) Kate Moss, par Françoise-Marie Santucci,

éditions Flammarion, collection Pop culture, 360 pages.

Agnès Trémoulet

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