Valeur montante du cinéma, la comédienne, qui prête son visage aux parfums Givenchy, s’impose par ses choix. Dans Lovelace, actuellement à l’affiche, elle incarne une star du X des années 70.

C’est une minuscule bombe, juchée sur des talons de 12 centimètres, qui descend prudemment l’escalier de la Magic Room au dernier étage de la LVMH Tower sur la 5e Avenue à New York. Ses longues boucles blondes tombent en cascade sur la robe à fleurs Givenchy, spécialement imaginée pour sa taille de guêpe par Riccardo Tisci. Amanda Seyfried, 27 ans, pourrait n’être qu’une petite poupée Barbie de plus perdue dans la  » cinémasphère  » si elle n’avait pas un joli tempérament, des yeux immenses qui lui donnent une sorte d’étrangeté dans le visage, de l’humour, un léger penchant pour la provoc et un sex-appeal qui désarçonne. Rien d’étonnant à ce qu’Atom Egoyan ait choisi cette actrice américaine, en 2009, pour jouer une fille de 20 ans qui, dans Chloe, retourne la tête d’un homme marié et celle de sa femme (Liam Neeson et Julianne Moore). Ses premiers rôles dans les séries Big Love et Veronica Mars en ont fait l’icône des 15-25 ans. En 2011, elle a aussi tenu le haut de l’affiche avec Le chaperon rouge et Time Out, au côté de Justin Timberlake. Aujourd’hui, elle est de retour dans un biopic sur Linda Lovelace, la star du X des années 70 devenue militante antiporno. Enfin, depuis quelques mois, son nom est également accolé à celui de Givenchy, qui l’a élue – après Liv Tyler – comme égérie de son parfum vedette Very Irrésistible, un jus qui vient de fêter ses 10 ans en 2013. Un programme chargé, qui, pour cette fausse candide, semble être un jeu d’enfant.

Hollywood vous plébiscite. Vous enchaînez les rôles importants. Avez-vous la pression ?

Non… Ma carrière ne m’obsède pas, elle ne représente pas tout pour moi. Je pense qu’il est plus sain de fonctionner ainsi. Je me sens chanceuse, c’est vrai, mais je travaille aussi beaucoup pour. J’ai acquis plus d’assurance dans mon jeu, je me sens prête à interpréter des rôles très différents, comme justement celui de Linda Lovelace. Et j’ai l’impression que de plus en plus de personnes me font également confiance en tant que comédienne.

Pourquoi teniez-vous absolument à incarner l’actrice Linda Lovelace, connue pour son rôle dans Gorge profonde, le film qui l’a consacrée star du genre ?

Je voulais porter sa voix. Lui rendre hommage. Cette femme a vraiment eu une histoire terrible. Tout le monde a sa petite idée sur elle, mais personne ne connaît vraiment sa vie. Sauf elle, bien sûr, et Chuck Traynor, son mari, qui la fit entrer dans l’industrie du porno et abusa d’elle pendant des années en la frappant et en la prostituant. Linda Lovelace tenait tellement à ce que son récit soit entendu afin que les victimes de violences conjugales sachent qu’il était possible de s’en sortir.

Que représente-t-elle pour vous ?

Un sex-symbol devenu une féministe et une militante antiporno également. Elle a eu un rapport ambigu avec le X, car le film Gorge profonde l’a rendue célèbre dans le monde entier et cette notoriété lui a donné de l’autonomie et de la puissance face aux hommes. Mais, une fois qu’elle a décroché du X, on ne l’a plus jamais prise au sérieux. Linda Lovelace n’arrivait pas à trouver un travail, ni à gagner sa vie autrement. Elle est passée de rien à tout, puis de tout à rien. Elle a écrit une autobiographie et a ensuite tout fait pour redevenir une personne tout à fait normale. Linda s’est remariée, a eu deux enfants. Finalement, elle s’est malheureusement tuée dans un accident de voiture. Elle avait 53 ans.

Y a-t-il une part de féminisme en vous ?

Je me sens davantage humaniste. Je trouve que les féministes sont trop souvent stigmatisées.

Trouvez-vous qu’il est difficile aujourd’hui d’être une femme dans l’industrie du cinéma ? Avez- vous déjà eu l’impression d’être, d’une certaine manière, abusée ?

L’homme a un penchant naturel pour la domination. Quel que soit le milieu. Cela me fait penser aux timides, qui se font systématiquement emmerder au lycée. Dans mon métier, je me demande, à chaque fois que je fais un choix, s’il a un réel sens pour moi. Cette attitude me permet de garder ma liberté.

Les différents personnages que vous avez incarnés sont libres et sans tabou. Et vous ?

Je n’en ai pas non plus. J’ai pourtant grandi dans une ville de Pennsylvanie où personne ne parlait de sexe. Le sexe était vu comme quelque chose de dangereux et de terrifiant. Je ne sais pas d’où vient mon ouverture d’esprit… Peut-être des films que j’ai vus. J’ai eu aussi un petit ami dont la mère était suisse et, de fait, avait une mentalité très européenne. Il a beaucoup influencé mon regard sur la vie.

Avec quel genre de réalisateurs aimez-vous travailler ou rêvez-vous de tourner un film ?

J’en admire tellement ! La confiance est la chose la plus importante pour moi. Vous savez, je suis une enfant par rapport à eux. Jusqu’à présent, j’ai apprécié toutes mes rencontres de cinéma. Ma meilleure expérience reste Mamma Mia !, en 2008. C’était un tournage incroyable. Nous avons voyagé jusqu’en Grèce, nous étions tous d’origines et d’âges très différents (NDLR : elle joue la fille de Meryl Streep). J’ai vécu des moments intenses. C’est un très bon souvenir.

Parlez-nous de votre rencontre avec Cédric Klapisch, qui a tourné ce clip de pub en forme de western parisien pour Givenchy…

Cédric est drôle, intelligent, paternel… J’ai aimé le fait d’interpréter un vrai personnage dans cette publicité. C’est rassurant pour un acteur de pouvoir se raccrocher à du concret. Cette campagne est un prolongement de mon travail.

Comment vivez-vous votre nouveau rôle d’ambassadrice des parfums Givenchy ?

Je me sens flattée d’être perçue comme une personne chic… D’autant que la griffe Givenchy ne représente pas seulement la mode, selon moi. Cette maison possède un art de vivre, une façon d’être et de penser. Cette collaboration n’est pas non plus séparée de ma carrière. D’ailleurs, si cela ne symbolisait pas quelque chose de fort pour moi, je ne l’aurais pas accepté. Et puis, je suis aussi très sensible aux odeurs. Je trouve Very Irrésistible beau, élégant, très féminin, moderne. Beaucoup de qualités concentrées dans un seul petit flacon. En réalité, je sais que je suis censée donner de la jeunesse à cette fragrance, mais, personnellement, quand je porte Very Irrésistible, je me sens plus mature !

Qu’est-ce qui vous fait craquer chez un homme ?

La masculinité. J’aime les hommes rassurants qui prennent soin d’eux mais qui sont aussi très virils. Le parfum, tout ça, c’est notre job, à nous, les femmes. Cela peut sembler un discours antiféministe mais, moi, j’aime les hommes qui savent qui ils sont.

PAR MARION VIGNAL

 » Je trouve que les féministes sont trop souvent stigmatisées. « 

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