L’angélique de Millet

Le couple est-il soluble dans le scandale, le stupre et le déferlement médiatique ? Comment survivre à 700 000 exemplaires vendus d’un livre incendiaire dans lequel votre femme (Catherine Millet) ne cache rien de ses frasques sexuelles ? Avec un cran remarquable, Jacques Henric a choisi d’allumer un contre-feu et de répondre avec une noblesse respectable à la question :  » Et l’amour dans tout ça ? »

 » Comme si notre amour était une ordure « , par Jacques Henric, Stock, 372 pages, bibliographie.

Pourquoi ce livre ?

Parce qu’il me fallait, comme le titre du livre l’indique, manifester mon indignation, ma colère, devant les insultes, les injures, les propos diffamatoires qui avaient accompagné la parution du livre de mon épouse, Catherine Millet,  » La Vie sexuelle de Catherine M.  » (Seuil), et le mien,  » Légendes de Catherine M. » (Denoël), parus en même temps. Ces attaques violentes visaient non nos livres (ce qui aurait été le jeu normal de la critique littéraire) mais nos personnes. J’ai relevé sur trente pages, dans un numéro de la revue de Philippe Sollers  » L’Infini « , le tombereau d’injures déversées sur nos têtes dans la meilleure presse française.

Ce n’est pas la seule raison.

La seconde raison, plus profonde, c’est que je ne me satisfaisais pas des déclarations que Catherine et moi avions été amenés à faire sur la délicate question des liens entre amour et sexe. Pour des raisons stratégiques, nous affirmions d’une même voix qu’amour et sexe n’avaient rien à faire ensemble. C’est vrai dans certains cas, le livre de Catherine Millet le prouve. J’ai vécu, moi, les choses un peu différemment, et je tenais, par ce nouvel écrit, à dire en quoi amour et sexe pouvaient faire le meilleur ménage.

Contrairement à Catherine M., vous croyez que, dans n’importe quelle étreinte sexuelle, il existe toujours au moins une  » goutte d’amour « .

Qui peut décider qu’un amour qui se manifeste lors d’une rencontre éphémère entre deux êtres aurait moins de valeur, moins de profondeur, moins d’intensité qu’une relation qui s’étend dans la durée (et souvent s’y dilue) ? Vous dites que Catherine Millet sépare, elle, le sentiment du sexe. C’est ce qu’elle montre, en effet, dans son livre. Mais peut-être n’a-t-elle pas tout dit sur cette délicate question. Je crois savoir qu’elle a le projet d’y revenir. En écrivant, notamment, un livre sur la jalousie.

Propos recueillis par Marc Emile Baronheid n

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