Après son best-seller Les Derniers Jours de Stefan Zweig, Laurent Seksik trace le portrait d’un ado américain naviguant entre une maman adulée et un père détesté. Pour lui échapper, mère et fils décident de fuir. Direction l’Ouest, ses paysages sauvages et ses mauvaises surprises…

Écrire, est-ce répondre au désir  » d’ailleurs  » ?

L’écriture est une évasion hors de soi, qui me permet d’habiter le monde. Aujourd’hui, on ne va plus sur la lune, alors la littérature incarne la dernière grande aventure humaine car elle voyage dans la géographie et le temps.

Le talent que vous auriez aimé avoir ?

Celui de pouvoir choisir. Ce qui m’intéresse, c’est le chemin qu’on emprunte. La littérature et la médecine (NDLR : il est radiologue) me sont indispensables. Or la seconde me sauve car elle est en rapport avec la vie. Ayant deux métiers, j’ai le souci de réussir autant ma vie privée que professionnelle. Être père est le rôle le plus difficile qui soit avec celui de fils.

Quel fils êtes-vous ?

Respectueux et très inquiet. Curieusement, on reste toujours un fils. Mon enfance a été très heureuse, mais ce livre explore la violence des sentiments. Voici l’histoire d’un fils qui aime sa mère plus que tout, mais qui cherche, malgré tout, à conquérir l’affection d’un père.

Et père ?

Je suis un père aimant, maternel, inquiet et omniprésent. Ce roman reprend une mythologie fondatrice en la déviant. Alors qu’îdipe tue son père pour gagner l’amour de sa mère, mon héros, Scott, a toutes les raisons de tuer son père, mais ne le fait pas.

Faut-il  » tuer le père  » pour grandir ?

Au contraire, il faut savoir pardonner. L’écrivain n’est ni un philosophe ni un psychanalyste, mais j’aime étudier la psychologie humaine à travers une histoire tragique qui peut aller vers la lumière.

Pour qui éprouvez-vous un amour inconditionnel ?

Pour mes fils, ma femme et mes parents. Les liens du sang sont le théâtre des plus beaux romans. Ils représentent le creuset de ma littérature et des sentiments les plus puissants car ils sont aussi éternels qu’universels.

Pourquoi ce roman dans l’Amérique de Kennedy ?

Menaçante et sous menace, l’Amérique est celle qui a tué et pleuré Kennedy. J’avais besoin de grands espaces, où la violence ne soit pas contenue. Ils nous renvoient aux sentiments forts et dévastateurs de mes personnages. Même l’amour y est violent.

Quel goût a le premier amour ?

Celui de l’absolu, de la perfection et du rêve quand on le découvre. Après coup, il a la saveur des choses perdues qu’on ne retrouve jamais plus.

En quoi croyez-vous ?

Je n’ai ni la foi en Dieu, ni en l’homme, mais je me rattrape avec les petits riens de l’existence. Le bonheur est ailleurs, je le trouve dans l’écriture.

La vie est-elle pleine de promesses ?

Oui, ainsi que pleine d’orages et de menaces à venir. Le plus intéressant étant cet inattendu. L’instant présent est le lieu de tous les commencements et de toutes les fins. Pour moi, l’écriture est un éternel recommencement…

La Légende des fils, par Laurent Seksik, Flammarion, 190 pages.

KERENN ELKAÏM

LES LIENS DU SANG SONT LE THÉÂTRE DES PLUS BEAUX ROMANS.

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