Depuis l’épisode islandais, le tourisme volcanique connaît un grand  » boum « . Désormais, on fond devant les roches en fusion, on s’enflamme pour la Terre cracheuse de feu. Haroun Tazieff, homme de l’année ? Le Vif Weekend fait le tour des sites les plus chauds de la planète.

Désir d’en revenir aux origines ? Volonté de mettre entre parenthèses le tourisme bien-être ? Pourquoi pas ? L’actualité est là pour nous rappeler que la Terre n’est pas que douceur et volupté. Les déboires du volcan islandais au nom imprononçable qui ont paralysé l’an passé la moitié du globe ont eu le mérite de créer un nouvel intérêt auprès des voyageurs. Ce tourisme vert mais surtout rouge vif a la cote ! En particulier pour les volcans en éruption permanente.  » Il faut rester plusieurs jours sur un volcan pour se donner les chances de voir des choses vraiment intéressantes « , conseille Mathieu Morelière, spécialiste et fondateur du site Activ Volcans (www.activolcans.info). On peut néanmoins multiplier les chances en faisant le bon choix. Petite sélection commentée des hot spots les plus recherchés…

Stromboli LE CLASSIQUE POUR DÉBUTANTS

Où se rendre en Europe pour le grand frisson éruptif ? Oubliez le fameux Eyjafjallajökull islandais qui, de l’avis des spécialistes, n’a aucun intérêt même depuis sa retombée en léthargie. L’Etna ? Ses manifestations, spectaculaires, sont malheureusement trop sporadiques. Reste le Stromboli, classique du genre qui convient parfaitement pour une première prise de contact.

Le très productif volcan des îles éoliennes, au nord de la Sicile, assure presque à 100 % le spectacle pyrotechnique en se rendant, au terme de trois heures de montée, au Pizzo, l’un des points d’observation privilégiés. Avec une fréquence explosive parmi les plus fortes au monde (jusqu’à 5 par heure), le Stromboli est malheureusement victime de son succès. Encadré par des bunkers de secours (la projection de blocs incandescents peut faire très mal), surveillé par la protection civile italienne, accompagné par un guide local (une obligation) et muni d’un casque, le touriste admirera le spectacle pour 45 minutes maximum et en compagnie de plusieurs dizaines d’autres curieux. Parfois beaucoup plus en période d’affluence. L’amateur doit s’armer de patience, y compris pour reprendre l’aliscafo, l’hydroglisseur qui le ramènera en Sicile…

Le Stromboli en direct : www.eolnet.it/fra/webcam2.asp

L’observatoire italien des volcans : www.ct.ingv.it

L’office de tourisme italien : www.enit.it

Semeru LE GRAND SOURNOIS

Deux jours de marche pour accéder à son sommet, 8 heures pour en redescendre, et entre-temps le bivouac de fortune. Pas de doute, le Semeru, point culminant l’île de Java à 3 600 mètres d’altitude d’où émane une chaleur chtonienne, est l’adresse favorite des volcano addicts. Moins couru mais plus ardu à rejoindre que son voisin, le Bromo, il est considéré comme l’une des meilleures attractions du genre.

Avec ses gigantesques volutes de cendre et ses énormes détonations, le Semeru rappelle qu’un volcan est un monstre qui puise son énergie très loin dans les profondeurs. Le cratère indonésien, particulièrement encaissé, laisse difficilement entrevoir ce qui s’y trame. D’où sa réputation de relief sournois, capable de manifestations éruptives aussi soudaines que ravageuses. Sur le parcours, on croise d’ailleurs quelques stèles funéraires… le danger du volcan éveillé ne se limitant pas à la lave bouillonnante mais comprenant aussi les glissements de boue.

L’ascension du Semeru, qui s’apparente à un trekking en raison du dénivelé et du vent glacial, est déconseillée aux néophytes.

Préparer son voyage : www.unique-national-parks.com/bromo/tourism www.eastjava.com/books/semeru-climbing/ Plus sur Java : www.infoindonesie.com/java.htm

L’Erta Alé LE CHAUDRON MAGIQUE

Synonyme d’aventure extrême il y a dix ans encore, l’Erta Alé, en Ethiopie, n’est plus le lieu vierge de toute fréquentation qu’il était. Rien de comparable pour autant avec un Stromboli ! On ne compterait que quelques centaines d’observateurs par an sur le petit sommet (600 mètres de hauteur contre 3 300 pour le Stromboli) de ce volcan bouclier situé à l’écart de toute vie, en plein milieu du désert Danakil.

Difficile d’accès donc, l’Erta Alé a la particularité d’être composé de deux cratères disposés côte à côte et ceints par une gigantesque couronne naturelle. Sublime. Au fond de ce double puits : la présence quasi assurée d’un impressionnant lac de lave de 80 mètres de profondeur et 130 mètres de diamètre. Grâce à l’absence ou presque de la moindre réglementation, les aventuriers peuvent s’approcher sans limite de temps au plus près de cet exceptionnel chaudron dont on ne trouve que 4 profils équivalents en activité dans le monde… Comme toujours avec les volcans, c’est à la tombée du jour que l’effet est maximal. Couché sur les rebords du cratère, on scrute entre chien et loup les fontaines de lave qui fendent la croûte terrestre. Le magma est alors en ébullition et forme des poches rougeoyantes de 1 200 °C. Le début de l’humanité.

Un récit de voyage : http://danakil.ethiopia.free.fr/ertaale.htm

Le Yasur L’  » EASYGOING « 

Pour rejoindre le Yasur, le plus long n’est pas la montée – une vingtaine de minutes à peine – mais les vingt heures de vol qui séparent la Belgique de Tanna, l’une des 83 îles d’origine volcanique qui composent l’archipel de Vanuatu en Mélanésie. L’endroit, paradisiaque, est situé sur la  » ceinture de feu  » du Pacifique qui concentre 70 % de l’activité volcanique mondiale.

Haut de seulement 350 mètres, ce volcan  » easygoing  » (en réalité le plus accessible au monde) n’en a pas moins tout d’un grand. Ici, on peut s’approcher en lisière du cratère, même en pleine effusion ! Plusieurs fois par heure, les explosions vulcaniennes ou stromboliennes (petites explosions à intervalles réguliers), avec fontaines de lave et bombes, rythment la vie de ce relief qui ressemble de loin à une paisible colline. L’aspect inoffensif du paysage est trompeur. La tectonique de la région est telle qu’en un siècle la ville voisine du Yasur, Port Resolution, s’est élevée du sol de 20 mètres… Apprécié par les Australiens et Néo-Zélandais plus que par les Européens – distance oblige – ce mini-Stromboli d’Océanie constitue un classique avec Ambrym, l’autre volcan phare mais plus excentré de Vanuatu.

Tout sur la région : http://vanuatu.travel/

Pacaya, LE VOLCAN CANAPÉ

Ce site mondialement réputé en lisière de la ville d’Antigua au Guatemala n’est pas vraiment la petite adresse que l’on se refile sous le manteau. Le cône McKenney du Pacaya, en activité ininterrompue depuis 1965, est inscrit au programme de nombreux tour-opérateurs. Le  » Stromboli de l’Amérique centrale  » comme on le surnomme n’est pas une étape de second ordre pour autant. Ses innombrables coulées de lave scoriacées, qui peuvent atteindre plusieurs kilomètres de longueur, en font un rendez-vous incontournable.

Les autorités locales ont autorisé la construction de lodges tout autour du volcan. Avec vue imprenable sur les coulées que l’on peut admirer sans même quitter sa chambre… C’est ce que les amateurs appellent un site canapé. Il est normalement interdit de gravir les flancs du monstre qui peut s’avérer très dangereux en phase active. L’an dernier, malgré la fermeture du parc pour cause d’éruption, 2 000 badauds ont pourtant réussi, en un week-end, à approcher le Pacaya via le petit village voisin de Los Pocitos. Les habitants se rémunérant 1,25 dollar à chaque passage…

Ambassade du Guatemala : 185, avenue Winston Churchill, à 1180 Bruxelles. Tél. : 02 345 90 58.

Le Kilauea LE BIG ONE

Quand on parle d’Hawaii, on pense forcément surf. Non loin des rouleaux, au sud-est de l’île, le Kilauea est l’un des volcans les plus gigantesques et les plus actifs au monde. Apparu relativement récemment sur l’échelle du temps géologique, il se présente sous la forme d’une caldeira (dépression circulaire) de 4,5 km sur 3 km d’apparence lunaire au centre de laquelle on dénombre plusieurs cratères à fond plat dont certains sont en activité quasi permanente.

C’est le cas du Puu Oo, une  » bouche  » de 400 mètres de longueur sur 250 mètres de largeur où mijote un lac de lave. Non loin de là, toujours dans le Kilauea, on peut mentionner le Halema’uma’u, une autre  » marmite  » bouillonnante. Le degré d’incandescence est tel que les planchers des cratères s’écroulent régulièrement…

Les éruptions du Kilauea peuvent être suivies d’écoulements de lave très fluide le long des flancs, qui termine sa course dans la mer. Un must. On peut également visiter aux abords du Kilauea les incroyables tunnels de lave refroidie et vidangée (les plus longs au monde), des galeries souterraines qui rappellent à froid la puissance de feu archaïque des volcans. n

Le Kilauea en live : www.nps.gov/havo/photosmultimedia/webcams.htm

Infos sur Hawaï : www.hawai-hawai.com

PAR ANTOINE MORENO

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