Le cour de la capitale britannique swingue à nouveau. Carnaby Street est redevenue un laboratoire de tendances. Visite guidée de ses adresses les plus pointues… en observant les 10 commandements d’un revival à haute valeur créative ajoutée.

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Coincée entre Soho et l’élégante Regent Street, cachée derrière le chicissime et très british magasin Liberty, Carnaby Street a fait, pendant longtemps, figure d’exception et d’exaltante parenthèse dans le paysage du shopping londonien. Tant elle semblait résumer, à elle seule, tout le paradoxe du style anglais. Dans les années 1960, ceux qu’on avait baptisés les Mods pour leur style vestimentaire, y frimaient sur leur Vespa tandis que le mannequin Twiggy y trimballait sa frimousse angélique, sa coupe courte et ses minijupes. Au même moment, quatre garçons dans le vent débarquaient de Liverpool… Au début des années 1980, ce fut au tour des punks d’y parader, d’exhiber leurs crêtes, suivis de près par les adeptes du courant gothique, qui ne sortaient qu’en noir de la tête aux pieds. A ce mélange des genres s’est rapidement ajoutée une vague de touristes venus photographier tout ce beau monde et tenter d’immortaliser cette drôle de rue. Un temps, on a pu croire pourtant que l’esprit qui soufflait sur Carnaby Street s’était éteint, que la mythique rue était out après tant de passages. C’était méconnaître la force de réaction de ce quartier qui a toujours incarné pour les fashion-addicts la rébellion et l’avant-garde. Depuis son rachat par le promoteur immobilier Shaftesbury, en 1997, un vent de branchitude balaie à nouveau Carnaby. L’endroit est redevenu un laboratoire de tendances et abrite à nouveau les créateurs les plus pointus. Dernier-né de cette résurrection : Kingly Court, un petit shopping-centre à ciel ouvert installé dans un patio où, sur trois étages, une trentaine de boutiques ont élu domicile. Des jeunes créateurs de la London School of Fashion à ceux de Spitafield Market (un marché branché de l’Est londonien), en passant par les boutiques vintage, les écrins boudoirs de lingerie et les adresses gothiques, c’est tout l’esprit londonien qui revit. Du coup, les icônes du Carnaby de la grande époque reviennent sur le devant de la scène. Twiggy s’affiche sur les sacs à main, on court chez Merc se tailler un look  » british rock « , on achète, comme Johnny Depp, ses bagues gothiques chez The Great Frog ou, telle Kate Moss, on peaufine son look bohème chic à la boutique Joie. Le c£ur de la capitale britannique exulte à nouveau. Visite guidée du Carnaby 2005 branché en observant les 10 commandements du new swinging London.

1. Se mettre au parfum… des stars

On commencera l’exploration par Scent Systems, une ravissante boutique de Newburgh Street, à la façade vert pomme. Hiram, le jeune propriétaire, fait découvrir avec passion son petit écrin subtilement parfumé. Sur la plus haute étagère, Pink Lotus, le parfum de Madonna, trône en maître. C’est une exclusivité pour l’Europe. Un mélange assez épicé qui coûte la bagatelle de 107 livres sterling (quelque 156 euros) les 8 ml. Mais Hiram propose aussi de nouvelles fragrances à la figue, des parfums au thé vert des plus délicats et, tel un magicien des senteurs, sélectionne pour vous le parfum qui sied le mieux à votre humeur. Une adresse incontournable et superhype car ultrachère et ultraexclusive.

Alternative : si on veut faire comme Britney Spears, on se réserve alors pour B. Parfumery dans Carnaby Street, un boudoir rococo et glamour aux parfums artisanaux et aux maquillages exotiques.

2. Suivre les icônes de mode à la trace

Un peu plus haut dans Newburgh Street, on jette un £il aux vêtements branchés de la boutique de la créatrice Joie. Un ravissement pour les adeptes du look bohémienne victorienne chic qui fait fureur cet été. Et qui a déjà séduit Kate Moss ou encore Mel des All Saints. On y trouve des imprimés Liberty, écossais, du tweed et du prince-de-galles, de grands jupons. Du pur style british comme on l’aime. Juste à côté, on en profite pour passer la tête dans le salon de coiffure Sapong, où l’acteur britannique Jude Law aurait ses habitudes.

3. S’habiller créateur

Si on vient à Carnaby, c’est justement dans le but de fuir les grandes chaînes de marques  » high street « . Alors, on s’habille créateur. Japonais de préférence. C’est trendissime. On va s’approvisionner chez Aku, une boutique indépendante qui importe les marques les plus tendance du Japon (Histeric Glamour, Osmassis, GDC Tokyo). Autre point fort du lieu : ses modèles de baskets Converse en exclusivité. A deux pas de là, on ne manque pas l’enseigne Concrete. Elle vend des pièces uniques de créateurs triés sur le volet, dont des vêtements du Belge Bruno Pieters. Dans Fouberts Place, on pousse la porte de Doors, la boutique du créateur anglais d’origine africaine Jas M.B., qui propose des modèles de sacs et bagages en cuir souple et craquelé, autant d’accessoires mode à l’aspect vintage. A partir de cette saison, la boutique accueille aussi une sélection de vêtements du Belge Martin Margiela. Impossible de fouler le pavé de Carnaby Street sans avoir, au préalable, révisé ses classiques. Par  » classiques « , on entend les créateurs qui défilent à la London Fashion Week. Chez Behave, on déniche les pièces de Sass and Bide qui revisitent le répertoire punky en réhabilitant les crêtes en plumes, en accessoirisant ses collections de gros poignets en cuir et de bottes cuissardes. On s’enthousiasme aussi pour les dernières extravagances de la Japonaise Michiko Koshino qui mêle inspiration ethnique et allusions victoriennes dans la boutique de la créatrice.

4. Soutenir les jeunes stylistes

Un laboratoire de tendances se doit d’avoir ses jeunes créateurs de talent. Aussi, des showrooms d’étudiants en stylisme fraîchement diplômés essaiment dans Carnaby. Dans Kingly Court, le London Fashion Forum abrite, dans un vaste espace situé à l’étage, les collections d’une vingtaine de jeunes créateurs de différents horizons qui ont tous pour point commun d’avoir étudié la mode à Londres et de se lancer. Les collections sont variées, chacun puisant son inspiration dans son pays d’origine. A ne pas rater, par exemple : la collection tout en raffinement de Julie Bérubé ou les bijoux vintage signés Ruthi Orlin. Au London Fashion Forum, on a aussi la chance de rencontrer les créateurs qui assurent, en alternance, une permanence dans la boutique. Le prix à payer pour être exposé… Toujours dans Kingly Court, Our shop présente les créations de trois stylistes londoniens û Lazy Oaf, Nicola Jane et Steven Macvay û issus du Spitafield Market, le marché de l’est de la capitale qui est devenu un nouveau point de rencontre de la jeunesse créative et branchée. Dans le même esprit, Beyond the Valley est une galerie temporaire ouverte (jusqu’à juin) dans Ganton Street par trois anciens étudiants du très réputé Central Saint Martins College of Art and Design de Londres. Jo Jackson, Kate Harwood et Kristjana Williams exposent des créations des plus ludiques, comme cette housse de couette  » tricot  » ou encore  » mots croisés « .

5. Opter pour le look vintage

La tendance est incontournable, a fortiori à Carnaby. Deux temples vintage se succèdent dans Kingly Court : Marshmallow Mountain, qui décline une sélection de vêtements et accessoires selon les tendances du moment, et Sam Greenberg, le spécialiste du vintage depuis de nombreuses années, connu comme étant le fournisseur de Urban Outfitters notamment. Sa boutique fait également la part belle aux customisations de pièces vintage réalisées par de jeunes créateurs.

6. Redevenir gothique

On n’y échappera pas, si on veut être dans l’esprit Carnaby, il faudra ressortir les bagues gothiques. La top model Kate Moss, l’acteur Johnny Depp et les chanteurs du groupe Oasis ont déjà amorcé la tendance. On fait de même et on fonce chez The Great Frog, une des boutiques les plus typées du quartier. Plus soft, Black Pearl propose les bijoux et accessoires de Def Design, un créateur originaire du marché de Portobello, des bracelets, pendentifs et boucles d’oreille porte-bonheur vus notamment sur Kylie Minogue ainsi que des bijoux pour chaussures. On découvre aussi les modèles de Shiers Sisters, une marque de vêtements gothiques customisés.

7. Travailler son style  » british rock  »

Chez les nouveaux groupes de rock qui cartonnent (The Libertines, The Strokes), le look des Beatles revient en force. Même dans les clubs de nuit branchés de la ville, on ne voit plus que coupe de cheveux des seventies, vestes à rayures passées sur un tee-shirt et un pantalon large. Un look que l’on retrouve chez Merc, au c£ur de Carnaby. Vu le revival, la marque emblématique des années  » Mods  » (ces garçons qui avaient décidé que la mode pour hommes devait être aussi séduisante que la mode pour femmes), lancée en 1966, a réédité ses tee-shirts cerclés, ses costumes rayés, ses pins affichant le drapeau britannique. A noter : Merc vient de lancer également une collection pour femmes, constituée de vestes à capuches, de tops au drapeau britannique, de marinières, de sacs bowling…

8. Afficher Twiggy sous toutes les coutures

Twiggy, la  » brindille  » de 16 ans, la  » cockney kid  » (l’enfant cockney, du nom de l’argot londonien) comme l’avait baptisée les médias britanniques, est le top model emblématique des années du swinging London. Sa coupe courte réalisée par Vidal Sassoon l’a rendue célèbre dans le monde entier. C’est cette jeune Anglaise qui a porté la première la minijupe en l’associant à une allure garçonne. Son visage angélique se retrouve désormais placardé sur des sacs à main des plus en vogue. On les déniche dans la nouvelle boutique Red Sparrow. Dans sa collection printemps-été 2005 présentée à la semaine de la mode de Londres, le créateur britannique Paul Smith réhabilite le look sixties avec des tailleurs aux couleurs acidulées portés avec des chaussettes à mi-mollet et des robes à l’esprit Flower Power.

9. Ne plus jurer que par le boudoir

Pas une boutique de lingerie qui ne se réclame de l’ambiance xviiie siècle. Dans Kingly Court, « La Bête Femme » se présente comme un boudoir romantique regorgeant de lingerie et d’accessoires raffinés importés des quatre coins du monde (Donna Karan, Antonia Ghazlan, Dishya). Un lieu ultraféminin où se mêlent sels de bains de Provence, dessous signés Diana Drill et rouges à lèvres glissés dans des tubes à cigares roses. Ambiance veloutée de canapé en velours pour Harriet’s Muse, le premier point de vente de jeunes créateurs britanniques qui proposent leurs modèles bohème chic, dont de magnifiques corsets.

10. Etre fashion jusqu’au bout des ongles

On ne pourrait pas finir ce marathon shopping sans faire une halte au Nail Lounge. Encore un concept dont les Anglo-Saxons ont le secret : ici, les Nail’s bars invitent les femmes à une séance de manucure autour d’un verre de vin ou d’une coupe de champagne. Le Nail Lounge organise même des girls nights pour se rencontrer entre filles tout en bénéficiant de soins haut de gamme. Le must avant de filer droit vers le Red (le lounge bar voisin) ou vers tous les lieux branchés de Soho.

Agnès Trémoulet

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