En 1973, Frédéric Flamand(ci-contre) lance sa première compagnie de danse, Plan K. Dans les années 1990, il rebaptise, en tant que directeur artistique, le Ballet royal de Wallonie  » Charleroi/Danses « . En 2003, il devient le directeur artistique du premier Festival de danse contemporaine de la Biennale de Venise et l’année suivante, il est nommé directeur général du Ballet national de Marseille et de l’école annexe. Il nous commente Métamorphoses, son dernier opus.

Weekend Le Vif/L’Express : Pourquoi estimez-vous que c’est le bon moment d’interpréter les histoires séculaires d’Ovide ?

Frédéric Flamand : C’est précisément suite aux changements constants auxquels nous sommes confrontés à l’heure actuelle : les gens, les animaux, les plantes et les objets. Tout ce concept de durabilité est en plein essor, cette idée de recyclage, de donner une nouvelle vie aux déchets. Au Ballet national de Marseille, nous sommes également préoccupés par ce sujet : nous nous situons entre la danse (néo)classique et moderne. Le plus important, ce sont les associations que ces mythes évoquent : ces histoires répondent aux fantaisies, situations, questions et problèmes actuels.

Quelques exemples de cette interprétation contemporaine ?

La légende d’Icare, qui voulait voler, est un exemple de cette recherche et cette découverte de nouvelles technologies, qui sont, d’une part, attirantes et d’autre part, fragiles et dangereuses. Dans le mythe de Pallas et Arachné, la toile de cette dernière est rejetée parce qu’elle ne respecte pas les dieux. Son châtiment est d’être condamnée à tisser sans cesse. En fait, on pourrait voir sa toile comme celle que nous sommes tous destinés à tisser : le Web. Mais chacun y trouve bien sûr d’autres associations. C’est intéressant de voir qu’une histoire vieille de mille ans puisse éveiller des associations contemporaines.

Vous avez déjà travaillé avec des architectes et des créateurs comme Zaha Hadid, Jean Nouvel, Dominique Perrault, Diller+Scofidio et Thom Mayne. Qu’est-ce qui rend la collaboration avec les frères Campana si particulière ?

Il s’agit ici véritablement de la chorégraphie d’un objet. C’est inouï. Même pour moi ( rires). Mais, en même temps, c’est aussi très simple. Il restait beaucoup d’espace pour la danse. Ils ont utilisé des tuyaux en plastique et du Velcro. Des choses très simples même si cela ne se voit pas au premier coup d’£il. Les costumes sont très élégants et très chics. Pendant la représentation, les danseurs décrochent les bandes de Velcro. Le bruit en soi est déjà impressionnant. Une transformation de plus.

Vous avez rencontré Humberto et Fernando Campana il y a plusieurs années déjà…

Oui, j’ai fait leur connaissance il y a plus de vingt ans, sur la plage de Rio de Janeiro. Ils m’ont parlé de leur travail, et quelques années plus tard, j’ai vu leurs chaises exposées au MoMa, à New York ! Ensuite, je suis allé visiter leur atelier et lorsque j’ai commencé ce projet, je savais immédiatement que c’étaient eux dont j’avais besoin.

Métamorphoses/Flamand-Campana, Ballet national de Marseille, ces 18 et 19 septembre au palais des Beaux-Arts de Charleroi ; les 16 et 17 décembre prochain au Théâtre Royal, à Namur ; les 19, 20 et 21 décembre prochain au Wolubilis, à 1200 Bruxelles.

Internet : www.ballet-de-marseille.com

Propos recueillis par Leen Creve

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