Des bijoux couture, vintage, scandinaves, contemporains, des flacons

à parfum, des poupées Barbie, un maelström de passions. Betty De Stefano, experte du beau, expose ses trésors. Attention les yeux.

Du dehors, on ne voit que les deux broches Nina Ricci, hommage à Jean Cocteau, le collier émaillé d’Yves Saint Laurent, les bagues sparadrap d’Isabelle Lenfant. Au dedans, en collant le front à la vitrine du 17, rue Lebeau, à Bruxelles, on voit l’entièreté de la Collector’s Gallery, sa sobre mise en scène, noir et blanc graphique,  » quelque chose qui ne détraque pas « , pour servir d’écrin à des bijoux vintage et quelques flacons à parfum rarissimes. Derrière le comptoir, la maîtresse des lieux. Zoom avant, gros plan, se pencher au bord de ses yeux qui hésitent entre vert et marron, un pétillement contagieux vous file illico des fourmis dans les jambes et l’envie de rire. Ici, on aime la mode, l’art et s’amuser. Vous voilà prévenus. Betty De Stefano, experte en bijoux scandinaves (1960 – 1970), bijoux couture vintage (1930 – 1980), flacons à parfum (période 1890 – 1930, ce qui lui vaudra d’être vice-présidente de l’International Perfum Bottle Association de 2001 à 2005), et Barbie (1959 – fin 1960), fait les beaux jours de sa Collector’s Gallery et des collectionneurs. Et ça ne date pas d’hier.

Ça remonte même à 1988. Après avoir étudié la psychopédagogie à l’ULB, beaucoup bourlingué, travaillé et s’être un peu épuisée dans l’associatif, Betty De Stefano ouvre un magasin d’objets de collection, rue des Eperonniers, à Bruxelles. Elle y vend des jouets anciens surtout, des gadgets publicitaires patinés, des poupées Barbie des débuts,  » jusque à la fin des années 60, zéro pink, zéro paillettes, tout est encore dans la sobriété des tailleurs new- look « . Trois ans plus tard, elle a déménagé, s’est installée au Sablon, où elle trône toujours et est tombée en amour pour les bijoux. Pas n’importe lesquels, Betty n’est pas n’importe qui. Sa passion est scandinave, placée sous le signe du modernisme, ce mouvement spontané qui vit des artistes de tous bords, peintres ou sculpteurs, s’emparer de l’argent et le travailler  » avec une grande créativité, une grande liberté  » pour en faire des bijoux que l’on n’avait jamais imaginés auparavant. Betty De Stefano en aime les précurseurs – Georg Jensen, Viviana Torun surtout. Ce n’est pas un pur hasard de la vie : leurs chefs-d’£uvre collent aux créations des Japonais Yohji Yamamoto, Junya Watanabe ou Rey Kawakubo qu’elle porte comme une seconde peau. Mais le beau chez elle, c’est naturel. Sûr que cela lui vient de ses vacances d’enfance,  » au pays du bonheur « , dans le golfe de Salerne, au sud de l’Italie et dans le Piémont où ses  » tantines  » habitent un ancien monastère du XVIe siècle  » avec des fresques extraordinaires  » et dans sa chambrette, une voûte avec une peinture  » immense comme dans une chapelle « . Elle n’a pas tort de dire que  » cela forme le goût, l’£il « . Et elle a raison de s’entourer dans sa galerie, dans sa vie d’un bracelet Chanel vintage, du collier fétiche de Loulou de la Falaise,  » une merveille haute couture YSL « , d’une manchette émaillée de Paco Rabanne années 80, d’un badge Isabelle Lenfant qui dit  » Fais-moi rire « . Parfois, ces bijoux, elle les porte, histoire de s’y réchauffer l’âme, et puis bye-bye, elle s’en détache, elle n’est pas collectionneuse dans l’âme, juste dénicheuse. D’ailleurs, quand on lui demande quel est le plus beau bijou, le plus beau flacon à parfum qu’elle ait jamais tenu entre ses mains, elle dit :  » Celui que je n’ai pas encore trouvé.  » Re-zoom avant sur son sourire, il est question de papillons dans le ventre quand elle tomba sur le treizième et le quatorzième nom d’une liste de flacons à parfum qu’elle sélectionnait pour la vente annuelle à l’Hôtel Drouot à Paris, un coffret en trompe-l’£il baptisé le bracelet miraculeux,  » sublimissime et rare  » et une pièce fêlée de Marcel Guerlain,  » unique, si belle « .  » Bienheureux les fêlés, répète Betty De Stefano en écho à Michel Audiard, parce qu’ils laissent entrer la lumière.  » Avec Jean Paul Knott, son voisin de la rue Lebeau (lire aussi pages 22 à 26), elle rêve de créer une boutique hors marges, une maison de fous.

Carnet d’adresses en page 101.

Anne-Françoise Moyson

Ici, on aime la mode,

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