Surréaliste Elsa

1 © courtesy of schiaparelli
Catherine Pleeck

Elle n’était pas facilement satisfaite de ses modèles, Elsa Schiaparelli. La créatrice estimait qu’à la différence d’un tableau destiné à être accroché à un mur, la mode entamait une autre vie lorsqu’elle était portée. Il n’est donc pas seulement question de concevoir un vêtement, mais de penser bien au-delà. Il faut dire que cette Italienne, installée à Paris en 1922, n’envisageait pas la haute couture comme une profession, mais bien comme un art. Tout au long de sa carrière, elle s’est d’ailleurs efforcée d’amener les peintres, sculpteurs, décorateurs d’intérieur, artisans, poètes, écrivains, photographes et artistes graphiques à interpréter et soutenir cette vision, afin de mettre en avant son travail de création et refléter l’air du temps.

Elle avait le chic pour cultiver ses amitiés avec les plus doués de l’époque. En vrac et sans exhaustivité, la meilleure ennemie de Coco Chanel a ainsi travaillé avec le photographe américain Man Ray, avec le flamboyant Dalí, à qui l’on doit la réalisation de plusieurs projets emblématiques, comme le chapeau-chaussure, la célèbre robe homard ou le tailleur à poches tiroirs qui défila avec ses gants trompe-l’oeil en cuir (3.), une idée également travaillée par Pablo Picasso. Il y a aussi Jean Cocteau, dont les dessins caractéristiques sont transformés en broderies sinueuses pour la collection de l’automne 1937, Andy Warhol qui, lors d’une visite dans la Ville lumière, exécute rapidement un croquis des Vespa garées devant la porte de la boutique, située sur la place Vendôme (2. en photo : la vitrine de cette enseigne). Sans oublier Alberto Giacometti qui lui fait des boutons ou Marcel Vertès qui conçoit de charmantes affiches publicitaires pour ses parfums (1.).

Autant de collaborations présentées dans l’ouvrage richement illustré Schiaparelli & les artistes, à paraître le 4 octobre prochain aux éditions Rizzoli NY. Intéressant, chacun d’eux est présenté à la façon d’un portrait, par des personnalités d’aujourd’hui qui leur font écho d’une manière ou d’une autre. Il y a Pierre Bergé, tout récemment décédé, Christian Lacroix, les journalistes et expertes en mode Suzy Menkes ou Sophie Fontanel… Soit des textes écrits d’une façon personnelle que n’aurait pas reniés la Schiap’.

Catherine Pleeck

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content