Barbara Witkowska Journaliste

Pour répondre aux nouvelles attentes de ses adeptes, la thalassothérapie révise ses classiques et surfe de plus en plus sur la zen attitude. Embarquement immédiat pour une bouffée de sérénité en Egypte, au Maroc ou dans le sud de la France.

Carnet d’adresses en page 84.

L e désert est là, immense et infini. Nous sommes au nord-est de l’Egypte, à 45 km au sud d’Hurghada, célèbre centre de plongée sous-marine, au bord de la mer Rouge. C’est ici, dans un lieu magique perdu au milieu de nulle part, qu’un homme d’affaires égyptien a acheté… un million de m2 de désert ! L’endroit est tellement envoûtant qu’il plonge illico le corps et l’esprit dans un état de béatitude totale. L’objectif du promoteur ? Créer une nouvelle zone de loisirs, ciblant la thalasso, le golf et la marina. Un pari fou et, déjà, une formidable réussite.

La résidence des Cascades, l’hôtel teinté de couleurs dorées qui accrochent admirablement le soleil, ressemble à un palais oriental. A l’intérieur, en version XXL, les Thermes Marins des Cascades se déploient sur 6 700 m2. La déco est superbe. On marche sur du marbre blond ou sur des mosaïques chatoyantes. Des camaïeux de bleus flirtent avec des nuances raffinées de beige, de sable et de brun. L’architecture est moderne et généreuse, mâtinée de discrètes touches orientales. Le protocole des soins s’inspire à 100 % de celui des Thermes Marins de Saint-Malo, en France. Ouvert depuis un an, le centre a opté, pour commencer, pour deux cures : bien-être et minceur. Des cures beauté, postnatale et antistress (avec des séances de sophrologie et de yoga) suivront.

La visite médicale est obligatoire. Les hydrothérapeutes, les kinés et les masseurs, triés sur le volet, viennent d’Afrique du Sud, de Roumanie, de France, d’Egypte et de Thaïlande. Le plus réjouissant ? Le parcours Aquatonic, sans doute l’un des plus beaux au monde. L’immense piscine de 750 m2 est divisée en différentes zones de jets. On avance à son rythme, pour masser tout le corps dans les règles de l’art : les pieds, d’abord, puis les chevilles, les cuisses, le bas du dos, les hanches. Des cols de cygne dénouent les épaules et les trapèzes. Pour le plaisir, on s’allonge un moment dans des chaises longues bouillonnantes, avant d’attaquer les deux rivières à contre-courant (90 cm et 110 cm de profondeur). L’exercice est un peu plus dur, mais il faut s’accrocher. Au bout d’une semaine, on retrouve des cuisses fuselées de top model ! La douche au jet, le bain bouillonnant, l’affusion dynamique ou le massage sous eau sont dispensés par un personnel très attentionné. Le bonus ? Les soins sont plus longs qu’ailleurs et le massage relaxant Soma Bay, un pur délice, dure quarante minutes. Si les émotions plus fortes ne vous font pas peur, faites appel à un masseur thaïlandais. Le toucher est précis et vigoureux. Ses mains (mais aussi ses pieds !) traquent les n£uds et ne les lâchent que lorsqu’ils coulent. A l’issue du rendez-vous, on se sent un peu cassé, mais le lendemain on déborde d’énergie.

Si vous optez pour une cure minceur, vous aurez le droit à un programme très complet : bilan nutritionnel, douches à jets et autres massages en baignoire, trois séances de Cellu M6 et régime personnalisé. Pas de buffet, pourtant délicieux. A ce rythme, on obtient de bons résultats. La grande forme en prime ! Pour ne pas la perdre, il faudra aussi bouger. La course à pied, tôt le matin, sur une plage déserte, est à recommander. Le centre de plongée  » Emperors Divers  » (à 4 minutes en bus) est réputé pour son sérieux. Il y a des cours d’initiation, en piscine, pour les débutants. Les plongeurs confirmés peuvent s’aventurer un peu plus loin. Le choix d’excursions et de croisières est très vaste. Le must ? Le parcours de golf de 18 trous. Il est très technique, car balayé en permanence par un vent assez violent, mais les professionnels apprécient. Avec ses perspectives infinies, ses contrastes de couleurs entre le bleu de la mer, le blanc du désert et le vert des greens, il est d’une beauté à couper le souffle.

Essaouira, le top des massages

En plein sud-ouest marocain, et à quelques encablures des portes du désert, se dresse cette petite ville toute de blanc et bleu vêtue. Bâti face à la mer, autour d’une immense piscine d’un ovale parfait, le Sofitel Thalassa Mogador possède ce luxe rare d’une parfaite adéquation entre un paysage magnifique et une architecture moderne, sobrement inspirée d’un riad. Ses chambres et suites aux matériaux nobles, utilisent la pierre, la terre et le thuya local, les salles de bains sont ornées de zelliges, la cuisine est soignée et légère. Le centre de thalasso s’ouvre largement sur cette piscine ovoïde de rêve et on profite à volonté de ce beau spectacle depuis le parcours aquatonique hyperétudié avec aérobains, cascades et jets pulsés, mixés à des exercices d’aquagym que l’on effectue sous l’£il vigilant d’un moniteur, constamment présent. Après cette remise en forme express et ultrarevitalisante, direction les soins plus traditionnels : algothérapie, douche à jet, affusion, douche sous-marine circulatoire. La cure se révèle particulièrement efficace contre les douleurs articulaires et les dos stressés par l’ordinateur. Ici, les massages sont à l’honneur. Le  » quatre-mains « , réénergisant, transporte le curiste vers des sommets de légèreté. A essayer, aussi, le massage ayurvédique : un pétrissage du corps très lent à l’huile chaude d’argan ou de sésame, parfumées aux huiles essentielles de fleur d’oranger ou de jasmin. Savez-vous que ce type de massage augmente la longévité, rend le sommeil plus profond et la peau plus belle ?

Le Maroc, c’est aussi le hammam, le vrai. Celui-ci est situé au sous-sol. Sous une belle architecture intime et voûtée, l’ambiance est, comme il se doit, bien sombre. Pour s’échauffer, on fait des haltes dans trois salles, chauffées respectivement à 35°, 40° et 55°C. Puis Fatiha enduit le corps de savon noir (à base de pulpe d’olives noires) et masse vigoureusement au gant de crin. Vient l’étape de l’enveloppement à la rassouline (de l’argile avec de la poudre de thym et de jasmin). Même les cheveux n’échappent pas à cette cure de beauté. Quand tout est bien rincé, on passe à la salle de massage. Généreuse, Fatiha verse de l’huile d’argan à la louche, puis repère les besoins exprimés par le corps qu’elle soulage selon les cas par des pressions toniques ou relaxantes. Idéalement, on s’offre cette séance au hammam le soir. Très riche en acides gras essentiels, l’huile d’argan a des vertus hydratantes, nutritives et protectrices extraordinaires. Le lendemain, on se réveille avec une peau de bébé et des cheveux superbement requinqués.

Pour que le séjour ait un petit goût de vacances, on ne manquera pas de faire quelques échappées en ville, à 10 minutes à pied. Essaouira,  » la bien dessinée  » des Marocains, l’ancienne Mogador des Portugais, a bien du charme et commence à faire de l’ombre à Marrakech. Cette perle historique n’a encore rien perdu de son charme authentique. Les remparts jaunes contrastent avec les murs blancs ornés de volets bleus. Il y a le vol des mouettes, la poésie du port, les barques à fond bleu, les demeures anciennes soigneusement rénovées, les venelles rectilignes et les placettes devenues marchés qui ravissent le regard. Ici, les femmes portent encore le haïk de laine blanche et le voile noir, comme dans les tableaux de Delacroix et les hommes jouent aux cartes, en sirotant un thé à la menthe en djellaba. La vie culturelle est en hausse. André Azoulay,  » enfant  » d’Essaouira qui est aussi le conseiller du roi Mohammed VI, y a créé le Festival des Alizés, dédié à la paix où se rencontrent toutes les musiques du monde, dans les différents édifices de la ville. Fin juin, ce sont les rythmes des gnaouas, inspirés par le bruit des chaînes des esclaves soudanais qui mettent la ville en transe. Faites aussi un saut au Domaine du Val Argan, chez Charles Melia, à une trentaine de kilomètres de la ville. C’est le seul vignoble marocain qui utilise les cépages de la vallée du Rhône. Les vins sont excellents. On peut aussi y déjeuner ou dîner, en dégustant des plats traditionnels  » du bled  » avec des légumes bio, cultivés dans le potager voisin.

La douceur de vivre à Antibes

Pour nous, gens du nord, la Côte d’Azur, c’est un peu la Californie. Sous ce climat superbement ensoleillé, l’hôtel Thalazur Antibes (***), le premier centre de la Côte d’Azur ouvert en 1988, s’est refait une jeunesse. Les chambres, très spacieuses, conjuguent le calme, le confort et le charme d’une décoration traditionnelle. La mer n’est pas à vos pieds (il faut prendre une navette pour aller à la plage), mais les piscines extérieures sont dignes de Hollywood et offrent, entre les soins, un farniente haut de gamme. Au centre de thalasso, tout curiste passe une visite médicale qui permet de cerner nos faiblesses et d’envisager une cure appropriée et personnalisée. Pour renforcer les effets de l’eau de mer, on y associe des huiles essentielles. Au choix, relaxantes, tonifiantes, remodelantes ou anti-rhumatismales, elles enrichiront vos massages, vos bains, enveloppements d’algues ou applications de boues marines. Puis l’équipe vous dirige vers des soins à la carte. Ici, c’est le  » sur mesure « . Le personnel est très prévenant et vient vous chercher quand une cabine de massage est libre, quand un bain bouillonnant est à bonne température…

Les soins d’hydrothérapie sont classiques. L’intérêt du centre réside principalement dans son orientation vers le bien-être. Ainsi, quand les curistes souffrent d’insuffisance veineuse, on ne placera pas, lors de l’enveloppement d’algues, la couverture chauffante sur les mollets ; la chaleur n’étant pas très indiquée dans ce cas-là. Un autre exemple ? La douche à jet. Debout, dans une salle longue de 4 mètres environ, l’hydrothérapeute envoie sur le corps un jet de forte puissance. Si le soin est excellent pour activer la microcirculation et désengorger les zones cellulitiques, il est souvent un peu fort,  » façon Karcher « . D’où l’idée du médecin du centre d’équiper l’extrémité du tuyau avec un pommeau. Le résultat est aussi efficace, tout en étant plus soft et plus agréable pour le curiste.

Au-delà des grands classiques de la thalassothérapie, le centre offre aussi une cure minceur avec une consultation diététique personnalisée et un régime  » sur mesure « , une cure du dos (séances d’ostéopathie et gym appropriée) et une cure jeune maman. Pour se refaire une beauté, on confiera son visage (ou son corps) aux mains expertes de Corinne qui travaille avec les produits Maria Galland. Depuis cet été, il y a aussi des massages en plein air, sous tente, à côté de la piscine. Les massages relaxants asiatiques, tels le shiatsu ou le tuina, durent environ une heure et procurent un bien-être extrême. On appréciera aussi le vaste panel de cours de gymnastique. Les cours collectifs (mais en petit comité) se suivent le matin et l’après-midi. On peut enchaîner un cours d’aquagym, une demi- heure de gym douce et une demi-heure de stretching. Un vrai bonheur.

Une thalasso à Antibes, ce sont aussi des bonus culturels. Le chef-d’oeuvre ? Le musée Picasso, installé au château Grimaldi. La superbe bâtisse moyenâgeuse fut habitée, jusqu’en 1608, par la famille Grimaldi. Rachetée par la ville, elle devint musée d’histoire et d’archéologie. Après la Seconde Guerre mondiale, Pablo Picasso l’investit pendant plusieurs mois, sur l’invitation de son conservateur et en fait un atelier vivant au c£ur de la ville. Le peintre y trouva une luminosité inconnue ailleurs qui pénétrait par les fenêtres ajourées de la forteresse. En 1949, l’institution prend le nom de musée Picasso. Un grand nombre de ses £uvres demeurent au château, tout comme plusieurs toiles de Nicolas de Staël ou Hans Hartung, autres artistes inconditionnels de la lumière d’Antibes. L’autre chef-d’£uvre ? Le Fort Carré. Cette impressionnante forteresse du xvie siècle, peaufinée plus tard par Vauban, domine la Méditerranée et offre des points de vue inoubliables. N’hésitez pas non plus à vous perdre au c£ur d’Antibes, l’ancienne Antipolis des Grecs, entre ses remparts, ses venelles tortueuses de la  » commune libre  » du Safranier, le Montmartre local, les tavernes anglaises de la rue de l’Aguillon. Flânez tôt au marché provençal et enveloppez-vous de cette douceur de vivre que Scott Fitzgerald vantait si bien dans  » Tendre est la nuit « . Antibes ? Une destination parfaite pour les amateurs de grand large et de soleil qui veulent garder un pied dans la vie citadine.

Barbara Witkowska

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