Frank est maintenant adulte et interné dans une maison psychiatrique. Car Frank a tué. La mère de Philippe, cette dame de bonne famille qui traitait, lui et les siens, de  » cochons « . Aujourd’hui, Frank se souvient. Petit, dans les années 1960, il vivait dans une banlieue d’Irlande du Nord, avec une mère dépressive et un père alcoolique. Du fond de sa solitude et sa pauvreté, Frank se réfugie alors dans son imaginaire, teinté de comics américains et du cinéma de John Wayne. Il noue une amitié forte avec Joe. A deux, ils font les quatre cents coups et volent notamment les bandes dessinées du petit Philippe, dont la mère qualifie Frank de  » cochon « . Peu à peu, Frank se tourne vers des actes plus violents et entame une descente aux enfers dans laquelle Joe ne le suit pas. Un cercle vicieux marqué d’un passage en pensionnat et en hôpital psychiatrique. Jusqu’à l’acte final, inconcevable, irréparable du meurtre de la mère de Philippe. Tenant cette dame soignée, cultivée et riche pour responsable de tous les maux qu’il vit, Frank décide de la supprimer. Quitte à faire une croix sur sa propre vie.

 » Frank, le garçon boucher « , fable noire écrite par Patrick McCabe, considéré comme l’un des romanciers irlandais contemporains les plus importants, a attiré l’attention de Michaël Delaunoy. Mais le metteur en scène a fait de ce spectacle un véritable projet belgo-canadien puisque sa compagnie L’Envers du Théâtre y est intimement associée au Théâtre Blanc de Québec (où sera également monté le spectacle), dirigé depuis 2003 par le scénographe Jean Hazel. Distribution, mise en scène, costumes, lumières, décors et musique live : chaque élément de  » Frank, le garçon boucher  » relève d’un subtil cocktail entre les envies, les approches et les visions de ces deux troupes belge et canadienne. Avec comme point commun l’humour et l’autodérision.

Articulé autour d’une série de flash-back où le comédien belge Alain Eloy incarne Frank enfant, ce spectacle se forme d’une multitude de petits tableaux non réalistes, dictés par une langue simple et saccadée. Un traitement fantaisiste, tonique, léger presque, pour mettre des mots sur une misère sociale. De cette fable où la violence s’exprime métaphoriquement transparaissent quelques zones d’ombre. Comme des pièces manquantes du puzzle que le spectateur aura le loisir d’imaginer…

Marie Liégeois

Jusqu’au 29 avril, Manège, à 7000 Mons. Tél. : 065 39 59 39. Internet : www.lemanege.com

Du 3 au 19 mai prochain, L’Ancre, à 6000 Charleroi. Tél. : 071 31 40 79. Internet : www.ancre.be

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