Dans un village de Suisse romande, une petite ferme d’autrefois a été reconvertie en maison contemporaine pour une famille comptant trois enfants. Un esprit un brin iconoclaste souffle sur la déco. Mais avec tendresse, humour et joie de vivre.

En collaboration avec l’architecte genevois Philippe Marmet, Agnès Comar a orchestré la métamorphose de cette ancienne petite ferme romande en maison de famille contemporaine. Pour la célèbre décoratrice d’intérieur parisienne :  » le luxe, c’est la richesse du temps.  » Elle a donc privilégié les circulations libres et créé des ouvertures, mais en sauvegardant des structures originelles, comme les poutres apparentes.  » J’aime, souligne-t-elle, raconter des histoires d’hier avec des mots d’aujourd’hui. « 

Les propriétaires, parents de trois bambins, sont des collectionneurs. Ils ont gardé une âme d’enfant et, dans la mise en scène de leur home sweet home, ont souhaité mêler, dans un mood un brin iconoclaste, leurs coups de c£ur pour l’image, le jeu, l’objet curieux. Leur déco, pleine de tendresse et d’humour, évoluant entre passé et présent, témoigne toutefois d’une indéniable maestria : l’hétéroclite ne bascule jamais dans le kitsch. En toile de fond, il y a aussi une grande rigueur dans l’utilisation de certains matériaux comme l’acier, le cuivre, les petits carreaux de céramique.

Dès l’arrivée, le ton convivial est donné. Sous sa couronne de glycine, la petite cour exhale un charme fou. Placé au-dessus de la fontaine, un panneau rétro en céramique rappelle les heures bucoliques d’autrefois. Le vélo entreposé dans le couloir incite aux balades buissonnières alors que les chaises longues alignées sur une photographie de Massimo Vitali, invitent, elles, au farniente.

Les quelque 500 mètres carrés de surface habitable sont organisés sur trois niveaux. Donnant à la fois sur l’entrée, la cuisine et le jardin, la salle à manger, avec sa table en bois massif et son meuble à outils chiné par les propriétaires, s’ouvre aussi sur un petit salon rustique où trône une imposante cheminée contemporaine habillée d’acier. Bousculant les styles et les époques, la cuisine associe des carreaux verts en faïence, de type métro parisien (début du xxe siècle), un sol contemporain en béton teinté en couleur chocolat, un tableau noir conçu comme un immense bloc-notes sur toute une paroi et d’anciennes lampes industrielles.

L’escalier divise judicieusement l’ensemble sans l’obstruer, grâce à ses fins filins métalliques. Le premier étage est celui des enfants : un royaume ludique composé d’une salle de jeux et de chambres pourvues de couchages sur estrade et de lits superposés, dotés d’un toboggan. L’étage sous charpente, lui, accueille la chambre des parents. Disposé au centre, sur une estrade également, le lit délimite deux surfaces latérales : le boudoir-salle de bains à l’ancienne de Madame et la salle de gym de Monsieur, équipée d’antiques engins et complétée par une douche. Côté féminin, une psyché du début du xxe siècle côtoie un fauteuil design de Cappellini tandis que la salle de bains se singularise par des plomberies de style anglais et un lavabo en cuivre s’harmonise aux portes.

Le parti pris de la décoratrice et des propriétaires était de fusionner le caractère industriel, l’esprit de recyclage et le style contemporain. Si les planchers à l’étage et les planches en bois de l’escalier ont été récupérés, dans la cuisine, les éléments en acier, tels que le plan de travail et les tabourets, ont été réalisés sur-mesure par des artisans. Et Agnès Comar a aussi dessiné, entre autres pièces de mobilier, les canapés du salon.

Tout en contraste, les matières, textures et couleurs cohabitent sans se heurter ni se soumettre l’une à l’autre pour générer une atmosphère intime, traversée de reflets et de luminosité en demi-teinte. Quant à la brillance du métal, elle s’oppose savamment à l’aspect très mat des murs peints à la chaux dans une couleur écorce.

Les invités disposent de leur propre chambre agrémentée d’une salle de bains. Le matin, il suffit qu’ils se frottent les yeux face au miroir découpé en lettres composant  » Just a perfect day  » pour être gagnés par la bonne humeur qui règne dans toute l’habitation. Chacun le ressent au premier regard : la décoratrice a éprouvé un profond plaisir à aménager cette maison de famille insolite.  » L’intime, comme les matières et les couleurs, conclut-elle, c’est mon bac à sable ! « 

Carnet d’adresses en page 98.

Par Luxproductions.com

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