Novatrice et unique, la vodka Cosmik raconte une belle histoire. Celle de son créateur, Thierry Van Renterghem, un homme plein de ressources.

On n’a pas l’habitude de demander grand-chose à la vodka. En dehors d’un degré d’alcool suffisamment élevé pour mener rapidement à l’euphorie, la requête gustative résonne souvent comme un écho à sa transparence : qu’elle s’efface derrière le jus d’orange ou toute autre boisson énergisante, et tout ira bien. De nombreuses marques l’ont bien compris, en façonnant des versions bas de gamme – à base de pommes de terre, de betterave, de riz et même parfois de bois – de cet alcool fort le plus consommé au monde. Heureusement, sur les 4 000 labels qui existent à travers la planète, certains ne voient pas les choses de cette façon. Ainsi du Belge Thierry Van Renterghem, qui a décidé de redorer le blason de cette eau-de-vie rectifiée. Cet entrepreneur basé à Gembloux s’est lancé officiellement en 2010 mais son projet procède d’une histoire plus longue qu’il convient de retracer.

PLUSIEURS VIES

Jusqu’au 15 août 1992, la vie de Thierry Van Renterghem est dorée sur tranche. Brillant, le jeune homme accomplit sa deuxième année de médecine dentaire. Parallèlement, il est un sportif émérite évoluant dans le noyau B de l’équipe de football de Mouscron. Un contrat pour passer dans l’équipe première l’attend. Il ne sera jamais signé. Le tacle brutal d’un autre joueur, doublé d’une erreur médicale, en décident autrement. D’horribles mois s’écoulent durant lesquels Van Renterghem se demande s’il pourra remarcher un jour. Vingt ans plus tard, sa démarche porte toujours le souvenir de la douleur. Heureusement, la mort à une certaine vie est parfois suivie de la renaissance à une autre. C’est le cas pour ce miraculé, dont le destin est une belle illustration de la notion de résilience -cette faculté de passer au-dessus d’un événement traumatique pour se reconstruire.  » J’étais étudiant en médecine et footballeur… J’ai décidé de me réorienter vers l’histoire de l’art. Quasi du jour au lendemain, j’ai su peindre alors que je ne savais, et ne sais toujours pas, dessiner. Je suis devenu copiste, j’ai même fait l’Ecole du Louvre « , explique l’ancien roi du ballon. D’un naturel curieux, Thierry Van Renterghem profite de sa convalescence pour lire tout ce qui lui passe entre les mains.  » Adolescent, je me souviens avoir trouvé dommage que la vodka ne soit pas considérée comme un alcool noble alors que tant de gens en boivent. Cela m’était resté quelque part, j’ai donc profité de mon lit d’hôpital pour dévorer et m’imprégner d’un théorème de la vodka parfaite que l’on doit à Dmitri Mendeleïev, le chimiste russe qui a réalisé la classification périodique des éléments. J’étais fasciné.  » Cinq ans plus tard, alors qu’il a retrouvé une activité professionnelle et qu’il est gérant d’une boîte de nuit à Bruxelles, Van Renterghem est rattrapé par la vodka.  » La demande pour cette boisson était telle que j’ai décidé d’en fabriquer une moi-même. Ma première production fut de 60 bouteilles alors que la consommation a atteint les 135 flacons… sur une seule nuit. J’ai réalisé que c’était un véritable créneau.  »

UNE VODKA STELLAIRE

Après cette révélation, il se met à plancher ferme sur le sujet.  » Bien sûr, j’avais derrière moi les leçons de Mendeleïev, mais sur un marché aussi saturé, je savais qu’il fallait que je débarque avec un produit neuf qui tranche avec le reste « , commente le trentenaire. Pour ce faire, il se lance dans un concept de vodka à base de vrais fruits.  » Ce type de vodka est très prisé par les femmes mais également par les hommes. Seul souci : toutes celles qui existent sont à base de colorants, arômes synthétiques, conservateurs… et c’est très difficile de s’en passer. Au hasard de mes lectures et de mes réflexions, j’ai trouvé la formule magique pour les intégrer, qui s’appuie sur une déshydratation-réhydratation.  » Bingo pour ce petit Belge qui a réussi à relever un défi que de nombreux grands groupes rêvaient de solutionner.  » J’ai mis deux recettes au point, une à base d’orange sanguine, l’autre à base de citron. Cela dit, j’avais le procédé mais pas encore la vodka. J’ai fait un appel d’offre européen, sans toutefois trouver mon bonheur. Par chance, un ami du côté de Cognac m’a proposé d’en faire une selon mon cahier des charges. Le résultat était époustouflant : une vodka d’une grande pureté, distillée six fois et filtrée cinq fois, obtenue à partir de blé de Beauce et d’une eau qui provient du coeur de la Loire. J’étais aux anges.  » La suite ? Thierry Van Renterghem baptise sa création Cosmik, signifiant  » vers les étoiles « , et crée un flacon original sur lequel figure une imparable matriochka avec un casque de cosmonaute – sans oublier une autre matriochka, accrochée au goulot celle-là, faisant valoir les couleurs du drapeau belge. Produits remarquables et look alléchant : l’affaire est-elle pour autant dans la poche ?  » Cela reste un défi de tous les jours, même si la Pure Diamond (la vodka sans fruits, également commercialisée) a été classée 3e au concours mondial des spiritueux de Chicago, que les deux vodkas aux fruits enthousiasment tous ceux qui les goûtent et qu’elles sont en passe de pousser les portes de la grande distribution, on y est presque.  » C’est sûr, il n’en faut plus beaucoup pour propulser la première vodka wallonne dans les étoiles…

www.cosmik-vodka.com

PAR MICHEL VERLINDEN / PHOTOS : FRÉDÉRIC RAEVENS

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