Céder aux saveurs sucrées  » made in Japan  » est la dernière mode gustative des Occidentaux branchés. Le pâtissier Kitchoan, qui vient de prendre ses quartiers place de la Madeleine à Paris, s’est spécialisé dans les fameux  » wagashi « , ces petits gâteaux ultrasains à base de farine et DE céréales. Dépaysement garanti.

Pour les nommer, les Européens se contentent de les désigner par l’index. Les  » wagashi « , ces fameuses pâtisseries japonaises qui débarquent à New York, Londres ou Paris, ont des noms aussi sublimes qu’imprononçables. Un exemple entre mille : en langue  » wagashi  » ce macaron vert parfumé au thé vert se nomme  » macchamanjyu « . Rond, compact, nourrissant : texture et goût s’affirment ici à contre-courant de nos références occidentales. Ni cacao ni crème, mais une préparation à base de haricot (rouge, blanc), de soja, de riz ou de pulpe de pomme de terre douce enrobée de farine de blé ou de confiture de châtaigne. Sucré et salé, fort et subtil, nos sens en sont tout retournés !

Pour Minamoto Kitchoan, un pâtissier japonais renommé, spécialisé dans les  » wagashi « , le pari de l’exportation est de taille. Après avoir ouvert avec succès plusieurs enseignes haut de gamme en Asie, à Tokyo, Osaka mais aussi à Singapour ou à Taipei, cet homme d’affaires s’est mis en tête de séduire une autre partie du globe. Kitchoan inaugure ainsi coup sur coup des boutiques ultraluxueuses dans les quartiers les plus huppés des mégalopoles. L’une sur la 5e Avenue à New York, une autre près de Piccadilly Circus à Londres et depuis quelques semaines, à Paris, sur l’enviable place de La Madeleine. A quelques mètres seulement de Fauchon et d’Hédiard, légendaires épiceries franco-françaises. Au-delà des appellations décidément énigmatiques pour le néophyte (on relève sur l’emballage  » Fukuwatashisenbei « ,  » Tsukuyomi  » ou  » Suikanshuku « ), les  » wagashi  » surprennent par leur qualité esthétique. Chacun de ces  » sushis sucrés  » bénéficie d’un packaging de première classe. Couleurs, matière, pliage (parfois digne des plus beaux origami) témoignent d’un véritable art de la présentation miniature.

Nouveaux et décalés pour nos papilles, les  » wagashi  » sont cependant bien connus au Japon. Ancrés dans la culture nipponne au même titre que nos pralines, offertes ou consommées pour une occasion particulière, ils trouvent leur origine au Moyen Age. Riches en protéines, pauvres en graisse, les  » wagashi  » ont la réputation û Japon oblige û d’être l’une des nourritures les plus saines de l’île. Les haricots Azuki, qui rentrent dans nombre de préparations, sont ainsi un condensé de vitamines B, de potassium et d’acides aminés. Mais on peut parier que c’est une autre raison qui poussera les Parisiens à franchir le seuil de la boutique. Voilà quelques mois, en effet, que la pâtisserie japonaise s’affirme comme la dernière tendance à suivre. De la pâtisserie Aoki, boulevard du Port-Royal, qui ne désemplit pas au salon Torraya, où l’on peut déguster les confiseries aux haricots rouges de  » Yomogi Manju « , Paris cède à la vogue  » made in Japan « . Même Pierre Hermé, le célèbre pâtissier français, semble ne pas avoir résisté à l' » asian tendance  » en intitulant sa dernière création, en chocolat blanc,  » Kawaii  » ; mignon en français. En proposant un produit 100 % japonais, Kitchoan, dont l’importateur pour la France est basé… à Tournai, bien que la gamme reste introuvable en Belgique, met la barre de la branchitude un peu plus haut. Le traqueur de tendances, affamé de nouveautés toujours plus pointues, sera à coup sûr rassasié.

Carnet d’adresses en page 112.

Antoine Moreno – Photos : Renaud Callebaut

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